« Ce livre parle avant tout d'amour : le grec ancien a été l'histoire la plus longue et la plus belle de toute ma vie.
Peu importe que vous connaissiez le grec ou non.
Si c'est le cas, je vous dévoilerai des caractéristiques de cette langue dont personne ne vous a parlé au lycée, quand on vous demandait d'apprendre par coeur conjugaisons et déclinaisons.
Si ce n'est pas le cas, c'est encore mieux. Votre curiosité sera comme une page blanche à remplir.
Qui que vous soyez, cette langue recèle des manières de s'exprimer qui vous permettront de vous sentir chez vous, de formuler des mots et des idées qui ne trouvent pas d'expression exacte dans notre langue. » Le grec est une langue géniale : voici neuf bonnes raisons d'en tomber éperdument amoureux.
Pour découvrir ou redécouvrir les grandes oeuvres de l'Antiquité qui ont façonné notre culture, un guide « de poche » s'imposait.
La vie et l'oeuvre, accompagnées d'un extrait significatif, de plus de cent auteurs grecs et latins sont ainsi présentés pour permettre au lecteur des « Classiques en poche » de parcourir l'extraordinaire fonds de la littérature gréco-latine.
Après la bataille d'Aigos Potamos, en 405 avant J.-C., la situation d'Athènes est désastreuse : l'armée défaite, les Longs Murs rasés, le trésor épuisé, le bref mais meurtrier gouvernement des Trente, tous ces malheurs, en quelques années, ont fondu sur Athènes ; et la brillante cité qu'avait connue le poète au début de sa carrière est désormais exsangue. Le ton de son oeuvre s'en ressent : les circonstances sont si lamentables que le poète n'a plus guère le coeur d'en rire. La satire politique, qui n'est cependant pas absente de cette pièce, s'adoucit pour laisser la place à une comédie plus axée sur les moeurs et la société, mais tout aussi désopilante. Dans Ploutos, la Richesse en personne, guérie de la cécité à laquelle Zeus l'a condamnée, instaure lui aussi un ordre nouveau, où sont récompensés les justes, au grand dam des sycophantes et de quelques vieilles n'ayant plus de quoi entretenir les complaisances de leurs mignons. Pour Aristophane, la richesse est un dieu aveugle, mais en passe de devenir maître du monde.
En citoyen philosophe, Cicéron démonte ici, avec une logique implacable, les mécanismes de la crédulité et de la superstition. Conformément aux idéaux de la cité antique, il défend la liberté de pensée face aux dieux et à l'angoisse qui paralyse.
Cet ouvrage vif et ironique, qu'on lit d'une traite, est éminemment actuel en notre temps où se multiplient les intégristes et sectaires de tout bord. Il passionnera aussi par ses descriptions captivantes sur la voyance, l'astrologie, l'interprétation des rêves ou les oracles grecs et romains.
Pour la plupart de ces techniques divinatoires antiques, cet ouvrage constitue, dans un style vivant et avec un humour féroce, le seul témoignage qui soit parvenu au monde moderne.
Pour la première fois dans l'histoire de l'égyptologie, la pédagogie s'organise autour d'inscriptions de difficulté progressive, et non autour de catégories grammaticales. Afin de les reconnaître plus facilement sur les inscriptions, tous les signes sont présentés à travers plus de 700 fac-similés, dans leurs formes graphiques des plus détaillées - avec leurs couleurs originales - aux plus cursives. Les documents étudiés sont des photographies, pour que l'étudiant puisse le plus vite possible mettre en pratique ses connaissances sur les monuments.
L'iconographie, les symboles, dieux et personnages, dont la connaissance est utile à la compréhension des textes, sont expliqués et richement illustrés.
Tant pour l'amateur qui veut découvrir la beauté de l'écriture égyptienne et savoir de quoi parlent les inscriptions, que pour l'étudiant qui veut se lancer dans un apprentissage approfondi de l'épigraphie hiéroglyphique, ce livre est aujourd'hui l'une des meilleures portes d'entrée sur le sujet, à la fois accessible et savant.
Cette seconde édition est une oeuvre plus aboutie, qui contient suffisamment de nouveau contenu pour intéresser ceux qui ont déjà acheté la première : on y trouvera 4 nouvelles leçons (trois pour faciliter le travail des débutants, et une pour introduire au livre des morts à la fin), un vocabulaire désormais dessiné en fac-similé, plusieurs notices de signes supplémentaires, des explications grammaticales simplifiées et mises à jour des derniers développements de la recherche égyptologique.
À quoi ressemblait le théâtre d'Athènes au Ve siècle av. J.-C. ? Quelles possibilités de jeu offrait-il pour la mise en scène des tragédies grecques ? Comment le choeur et les personnages incarnaient-ils dans cet espace - par la voix, le geste, le chant, la danse - les drames représentés lors des Grandes Dionysies ? Est-il possible, et jusqu'à quel point, de reconstituer la mise en scène originelle des tragédies d'Eschyle, Sophocle et Euripide ?
Voilà quelques-unes des questions auxquelles répond, de façon claire, précise et solidement documentée, l'ouvrage de Vincenzo Di Benedetto et Enrico Medda, La tragedia sulla scena (1ere édition 1997), dont Christine Mauduit propose ici une traduction française. Destiné à tous ceux qui s'intéressent à la tragédie grecque - amateurs ou spécialistes, étudiants, enseignants, gens de théâtre - ce livre est une introduction fascinante à tous les aspects du spectacle tragique. Il éclaire, autant que la documentation le permet, les usages de la scène et les modèles formels propres à la tragédie, et restitue ainsi la réalité de l'expérience théâtrale antique, faite d'un rapport immédiat et vivant avec les oeuvres dramatiques, dans le cadre des grandes fêtes en l'honneur de Dionysos. Il offre aussi matière à réfléchir sur la place de la tragédie grecque dans la culture de la cité et ouvre des perspectives sur la catégorie du tragique en tant qu'expérience fondamentale de l'homme.
Cet ouvrage présente d'abord l'ensemble de la production textuelle chinoise entre le VIème et le IIème siècle avant notre ère, un paysage dont les découvertes archéologiques des cinquante dernières années ont renouvelé la compréhension. Il nous donne à goûter l'extraordinaire fécondité de l'entreprise de pensée dévoilée par cette production. Une fécondité qu'on éprouve mieux encore lorsque a question « comment lire ? » est posée de manière transversale, pour l'ensemble des classiques par rapport auxquels les cultures se sont définies. Il parcourt ensuite le massif textuel ainsi dégagé, montrant d'abord son unité organique, la démarche par laquelle la Chine ancienne a pensé aussi bien l'Unité que la diversité des phénomènes. Puis il détaille les différentes options qui furent articulées autour de questions qui restent les nôtres : le marquage de la différence des sexes, des générations et des classes ; la manière dont se construit et se conteste l'ordre rituel et symbolique ; le partage du langage et les enjeux liés au basculement du sens des mots.
Au début du timée, puis dans le critias, platon raconte la guerre qui opposa jadis athènes à l'ile atlantide.
Le narrateur, critias, décrit chacune des deux puissances, leur territoire, leur population, leur habitat et leurs ressources; à la vertu raisonnable des athéniens, il oppose la puissance brutale des atlantes. le récit s'interrompt au moment même oú les atlantes, devenus injustes et avides, s'apprêtent à lancer leur offensive.
Du critias inachevé, tout lecteur connaît l'une des suites que le " mythe de l'atlantide " lui a donnée depuis platon, au point d'oublier peut-être, que l'origine de ce mythe est d'un philosophe d'abord soucieux de la vie de la cité: le récit atlante est un traité politique.
Les Leçons de Fortini font partie de cette catégorie de textes qui témoignent de la "réflexion sur la traduction" menée depuis des siècles par les traducteurs, les philosophes ou les écrivains, sans s'astreindre aux procédures modernes de la "théorie" proprement dite. Leur publication a été saluée en Italie comme étant d'un intérêt majeur, à la fois pour le sujet traité et pour la connaissance de Fortini.
On peut ajouter qu'elles sont également extraordinairement captivantes à la lecture, le style de Fortini étant d'une fluidité et d'une subtilité plus que remarquables. Avec la sagacité d'un traducteur expérimenté, avec la perspicacité solitaire de l'exilé politique qu'il a été pendant la guerre et de l'intellectuel indépendant qu'il a toujours voulu être, avec la curiosité d'un voyageur humaniste et l'immense culture d'un Européen polyglotte, Fortini livre ici une réflexion précieuse sur la traduction, répondant à des questions devenues centrales pour nous : comment et pour qui traduire, en fonction de quoi et pour combien de temps ? En outre, c'est ici la seconde fois seulement qu'un livre de Fortini paraît en France, alors qu'il s'agit d'un auteur italien majeur dont on s'explique mal qu'il ait été encore si peu traduit en français.
Le public français y trouvera non seulement un grand texte sur la traduction, mais aussi le témoignage d'une réflexion sur la littérature inscrite dans la double proximité de Roland Barthes et de Pasolini, Fortini étant en quelque sorte le chaînon manquant entre ces deux grands penseurs. Il y découvrira comment l'histoire italienne récente de la traduction (avec l'influence persistante exercée par les formulations parfois radicales de Benedetto Croce) vient s'inscrire en dialogue avec les grandes références allemandes et françaises dans la pensée d'un des plus grands intellectuels italiens de la deuxième moitié du vingtième siècle.
Le rapprochement a été fait de longue date entre le personnage d'Ulysse et le dieu Hermès, très proche des humains : l'originalité du livre est de tenter d'aller plus loin que ce simple constat, en montrant comment les aèdes ont modelé Ulysse à l'image du dieu, selon les exigences de l'épopée. En le faisant « descendre » dans le monde des hommes, ils ont fait du dieu qui ne combattait pas (Hermès) un « guerrier » (Ulysse), bien piètre en réalité. Ils le dotèrent d'une « biographie » en l'établissant souverain d'un royaume improbable puisque localisé aux confins brumeux et presque infernaux de l'Occident hellénique archaïque ; polymorphe contradictoire, ils en firent un errant perpétuel et souffrant, à l'image d'Hermès : car le livre établit pour la première fois les souffrances du dieu dans les diverses manifestations de son culte (Hymne homérique, statues, rituels). Ces souffrances sont expliquées comme l'accompagnement nécessaire d'un cycle de disparitions suivies de retours à travers de perpétuelles métamorphoses. Il est alors proposé une clé de lecture de l'architecture souterraine de l'Odyssée, basée sur une allégorie lunaire très savante : le cycle de la lune sous-tend les aventures d'Ulysse, son voyage final de retour comme les douze étapes préalables dont il fait le récit chez Alkinoos.
Représentée en 467 av j.
-c. , la deuxième tragédie conservée d'eschyle évoque le siège de thèbes par l'ennemi venu d'argos et surtout le destin fratricide des fils d'å'dipe, étéocle et polynice, qui se disputent le trône. trois drames concentriques se jouent dans la pièce qui mêle inextricablement guerre étrangère, guerre des sexes et querelle familiale. la menace des inquiétants guerriers postés aux portes de la ville va peu à peu s'insinuer jusqu'au coeur du palais et étéocle lui-même, bien qu'avisé et sûr de lui, sera atteint par l'épouvante et la division: la malédiction paternelle va le conduire à affronter son propre frère dans un suicide mutuel.
Dans ce dénouement sans horizon, racine voyait le "sujet le plus tragique de l'antiquité".
Que doit faire l'homme politique lorsqu'il a besoin d'être aidé dans son activité de constituant et de législateur ? se tourner vers le philosophe, et les innovations qu'il propose, comme le souhaite platon ? ou prendre pour modèle les systèmes qui ont la faveur du plus grand nombre ? ni l'un ni l'autre.
Il doit seulement se déprendre d'une double illusion : celle de la nouveauté (tout n'est pas vraiment neuf, chez les théoriciens de la politique, et ce qui l'est est inapplicable) et celle des valeurs sûres (les régimes qui, de loin, semblent exemplaires cachent bien des défauts et des lacunes). désillusionner le politique, telle sera désormais la vraie tâche du philosophe, celle du moins que lui assigne aristote.
En 1976, lorsque George Devereux publie Dreams in Greek Tragedy (dont le présent ouvrage est la traduction française tant attendue), la psychanalyse n'a pas encore exploré tous les champs du savoir et son introduction dans le domaine des études antiques est relativement récente : les difficultés rencontrées avant la publication du livre en témoignent. C'est que l'ouvrage est novateur : il soumet les rêves des pièces tragiques conservées à une critique psychanalytique rigoureuse, il soulève un coin du voile que la tradition a bien souvent pudiquement jeté sur des personnages et des situations, dont elle refusait de reconnaître, et partant, d'analyser le caractère profondément troublant. Et voici que, de la mythologie, surgissent des individus dans toute leur « apparente et monolithique simplicité extérieure », comme aime à dire George Devereux à propos d'Eschyle, une simplicité qui recèle une fascinante complexité... Ménélas n'est plus le mari trompé, le benêt cocu de la tradition, mais un homme blessé. Oreste quitte le rôle paradoxal du fils qui se débarrasse froidement de sa mère sous prétexte de venger un père qu'il n'a pas ou peu connu : son geste revêt une dimension personnelle bien plus fondamentale, et n'en est que plus vrai.
Si l'Oedipe n'explique pas tout, si le lecteur moderne ne voit plus dans la psychanalyse la discipline susceptible de fournir une solution à toutes les énigmes de l'esprit humain, il ne peut que saluer cette tentative de gratter le vernis faussement « moral » de la mythologie, vernis qui dissimulait, avec leur humanité, les véritables motivations des personnages tragiques.
Bien des ouvrages sont consacrés à Empédocle d'Agrigente, poète et philosophe qui vécut dans la Sicile grecque du Ve siècle avant J.-C. Mais aucun jusqu'ici ne s'est concentré sur la question du rapport critique d'Empédocle aux dieux traditionnels de la Grèce antique, ni sur sa façon de rebâtir un panthéon qui lui est propre.
Sur le chemin des dieux réunit quinze articles, dont cinq inédits. Il y est notamment question des quatre dieux (Zeus, Héra, Aïdôneus ou Hadès, Nestis) auxquels, selon Empédocle, renvoient les quatre éléments du monde physique, et de l'intérêt que l'Agrigentin pouvait avoir à mettre en avant des dieux à la fois reçus en son temps et en décalage par rapport au Panthéon traditionnel : outre Zeus, Héra et Hadès, Empédocle repensait de grands dieux comme Apollon ou Perséphone pour les faire entrer dans le monde physique ; face à la déesse Amour (Aphrodite), il campait, sur un pied d'égalité, une divinité de la Haine ; en opposition à une divinité qui porte la Parole de Zeus, il instaurait, avec toute la force du paradoxe, Sagesse.
Le dernier article, inédit, de cet ouvrage tente de comprendre la réincarnation à laquelle pouvait croire l'Agrigentin. Selon Empédocle, des divinités (les daimones) font le lien entre diverses vies de mortels terrestres. On réduit souvent la croyance d'Empédocle à celle de Pythagore, qui croyait à la métempsychose. Les daimones d'Empédocle seraient des âmes individuelles qui transmigrent. Mais les vers d'Empédocle dont nous disposons ne se prêtent pas à cette réduction. Jean-Claude Picot, avec érudition et sagacité, nous aide à refaire le chemin qui a conduit Empédocle aux daimones.
« Phèdre à Hippolyte », trois mots pour évoquer l'aveu amoureux qui, à lui seul, concentre l'épisode joué par ces figures mythologiques. Toujours central au fil des variations, ses conséquences s'avèrent toujours fatales.
Au-delà des références que sont les tragédies d'Euripide et de Sénèque, des repères pourtant contradictoires, la démultiplication des trames s'enclenche dès que l'on ouvre sur les pièces perdues du même Euripide et de Sophocle, à travers les fragments ou un résumé récemment révélé par deux papyrus.
L'ajout d'un texte ancien peu connu, la Description d'une oeuvre d'art de Procope de Gaza, entraîne une nouvelle mise en perspective de l'aveu et une relecture de ces sources à travers la version inédite qu'il propose, mêlant références théâtrales et iconographiques. On le suivra au prisme chronologique de ses temps forts : l'amour / l'aveu / la mort, en élargissant encore à un choix éclectique de trois autres pièces - Phèdre de Tsvetaeva, Phèdre de Ritsos, Gibiers du temps de Gabily - qui servent de révélateur aux potentialités antiques de la trame mythique.
Une vaste enquête autour de la scène d'aveu et de ses possibles, théâtraux et figurés, voilà l'invitation des pages de Phèdre à Hippolyte, dans un pont entre l'antique et le contemporain qui fait le pari de leur enrichissement réciproque.
Nous avons tous appris à l'école que la tragédie - terreur, pitié et fatalité - s'oppose en tous points à la riante comédie où tout finit toujours bien.
Voilà pourquoi Marc-François Ventura, directeur imaginaire d'un Théâtre national de France, tout aussi imaginaire, s'est trouvé bien embarrassé. Fraîchement nommé à la tête de la vénérable institution, il doit suivre les dernières directives, urgentes, du ministère de la culture : ouvrir pour offrir aux masses l'indispensable divertissement auquel elles aspirent légitimement dans le sombre contexte que traverse le pays.
Hélas il est trop tard pour changer la programmation déjà prévue la saison précédente et qui ne compte que des tragédies.
En dernier recours il s'adresse à deux enseignantschercheurs, l'un spécialiste de comédie et l'autre de tragédie, qui naturellement se détestent, pour le tirer de ce mauvais pas.
Ils ont 24 heures, et un gros chèque, pour transformer OEdipe- Roi, Roméo et Juliette et Andromaque en comédies.
Une fois le décor planté, place à l'intrigue et aux dialogues : qu'est-ce qu'une tragédie ? Comment faire rire ?
Quels sont nos classiques et peuvent-ils être chamboulés ?
Tous ceux qui ont peiné un jour sur les grands classiques de la tragédie, verront avec plaisir de doctes enseignant.es se transformer en anti-héros pour leur faire découvrir que de graves monuments littéraires peuvent recéler plus d'humour qu'on ne croit.
Tous ceux qui aiment réfléchir en se divertissant découvriront un essai littéraire riche de propositions nouvelles à commencer par la forme, celle d'un récit fluide, tonique et désopilant. Tous ceux qui espèrent que l'on peut changer les choses en ce monde se réjouiront de voir qu'en littérature comme en politique il y a toujours une alternative.
Reprenant les textes du canon, d'Homère à Platon, en passant par Hésiode, les Hymnes homériques, la poésie lyrique, Eschyle, Sophocle, Euripide et Aristophane, Donatien Grau et Pietro Pucci invitent à un voyage au travers de cette littérature que l'on pense si bien connaître. Étudiant aussi bien des extraits célèbres que des textes moins connus, ils permettent de percevoir une sensibilité qui traverse toute cette poésie : dans ce monde où le poète est l'interface entre monde divin et monde humain, la parole est poétique et sacrée. Au travers de ce corpus, ils reprennent une histoire bien connue, celle de l'évolution de la poésie à la philosophie, et en offrent une lecture neuve, où l'on voit comment la parole poétique n'a cessé de miroiter : et que c'est dans ces miroitements qu'il est possible de déceler le propre de la poésie grecque, de chaque oeuvre, et de la poésie dans son ensemble.
Peu après l'Empire romain, l'Éthiopie adopte à son tour le christianisme. Réduite d'abord à l'entourage royal et au milieu dirigeant, la christianisation touche bientôt en profondeur tout le Nord éthiopien, grâce à l'oeuvre missionnaire conduite à partir du milieu du ve siècle par des moines venus de l'Empire.
Frumentius est l'artisan de la conversion royale ; les faits n'ont pas laissé de récit indigène et c'est Rufin d'Aquilée qui en fournit en latin la relation originale. La tradition écrite éthiopienne la recopia et l'enrichit, conférant à Frumentius sa qualité de premier saint et métropolite du pays des négus. Garim est un des principaux missionnaires du ve siècle et partage avec eux beaucoup de traits : fils d'un roi étranger, il obéit à l'appel de Dieu, renonce aux grandeurs terrestres, se retire et fonde un monastère.
Takla Hymnot est un des acteurs, au xive siècle, d'une deuxième christianisation, qui touche le Sud du pays. Au cours de ses voyages, le saint engendre de nombreux fils spirituels et crée le plus important ordre monastique éthiopien. Le monastère qu'il fonda, Dabra-Libnos, fournissait le chef suprême de tous les moines.
Wosttwos donna son nom à l'ordre éthiopien des Eustathéens, surtout présent dans le nord de l'Éthiopie et l'actuelle Érythrée. Il a défendu l'observance du « sabbat » du samedi à l'égal du dimanche.
Les Actes de ces fondateurs ont, pour la plupart, été publiés en geez il y a un siècle ou plus. Certains n'avaient jamais été traduits, d'autres l'avaient été partiellement notamment en latin lors de leur publication.
Autonome, inventif, persévérant, la tradition classique fait d'Ulysse un idéal d'humanité tourné tout entier vers l'accomplissement de sa mission et la perfection de soi. Dès lors, les épreuves traversées ne sont plus que les instruments d'un message philosophique édifiant. Mais cette lecture classique laisse dans l'ombre toute la « matière anthropologique » que l'Odyssée transforme en récit épique, à savoir l'attachement ambivalent de l'homme au plaisir.
Voilà un clin d'oeil au père d'Alice, Henry Liddell, l'un des auteurs du Liddell-Scott-Jones, A Greek-English Lexicon (1843?), car les premières inscriptions grecques partagent souvent avec l'étiquette de la bouteille leur mode d'énonciation : ce sont les inscriptions sur des objets qu'on a longuement désignés par l'expression « objets parlants », - uniquement à cause de leur emploi de la première personne « je ».
" Je ne suis pas assez stupide pour penser qu'une divergence dans tes explications puisse me porter atteinte ! " Sortez les saints de l'hagiographie et les voilà qui s'invectivent ! Durant près de deux décennies, saint Augustin et saint Jérôme se sont échangé des lettres qui n'ont rien de cette charité un peu sucrée que secrète si bien l'onctuosité ecclésiastique.
Et de fait, lorsqu'Augustin, métaphysique et conséquent jusqu'à l'excès, gourmande Jérôme sur un point d'exégèse, celui-ci explose. Hélas, Jérôme a tort. Tout à une susceptibilité d'intellectuel pris en faute, il va alors répliquer, mais le fera pour ce qu'il est, polémiqueur redouté, érudit hautain et styliste virtuose. Sous le choc de cette prose d'assaut, à la fois constrictive et dissolvante, confite en mauvaise foi, Augustin ne ploie pas.
Sensible et blessé, il écrira encore et encore, pour pacifier, mais aussi pour argumenter et enfin donner naissance à ce que les générations futures appelleront " le péché originel ".
Ce volume réunit les trois tragédies, intégralement conservées, composées après l'Ecerinis d'Albertino Mussato (1315). Antonio Loschi, Gregorio Correr et Leonardo Dati partagent la même conception du tragique héritée de Sénèque (1-65). Les crimes de la Guerre Civile de Lucain (39-65) et des Tragédies de Sénèque avaient déjà inspiré Albertino Mussato. Pour bâtir sa tragédie sur la mort d'Achille (Achilles, vers 1390), Antonio Loschi continue de s'inspirer des tragédies sénéquiennes, mais il renouvelle son inspiration en multipliant les emprunts à d'autres modèles, de l'Antiquité, du Moyen Âge et du premier humanisme italien. Gregorio Correr emprunte au livre VI des Métamorphoses d'Ovide (43 av. J.-C.-18 ap. J.-C.), mais aussi à Sénèque et à Boccace (1315-1375), un nouveau modèle d'horreur tragique pour composer sa Progne en 1426-1427. Enfin Leonardo Dati, entre 1440 et 1442, reprend à la Guerre de Jugurtha de Salluste (86-34) l'épisode de l'assassinat d'Hiempsal pour composer la tragédie qui porte le nom de ce héros (Hiensal). Dans ces trois tragédies, des femmes commettent un sacrilège pire que ceux commis par des princes sanguinaires. Hécube ourdit la mort d'Achille en attirant celui-ci dans un guet-apens (dans l'Achilles d'Antonio Loschi) Procné immole son fils et le sert en guise de dîner à son époux, le roi de Thrace Térée, père de l'enfant (dans Progne de Gregorio Correr) Inuidia, allégorie de l'Envie, attise la haine entre les héritiers du royaume de Numidie pour obtenir la mort d'Hiempsal (dans Hiensal de Leonardo Dati).Richement documenté, ce volume insiste sur les renouvellements, autant dans la forme que dans l'inspiration, de la tragédie latine entre 1390 et 1442 et sur la théâtralité de pièces qui, même si elles n'étaient pas destinées à la scène, multiplient les effets dramatiques spectaculaires.
Un professeur de l'École Pratique des Hautes Études, ayant accès aux rayons de la Bibliothèque de la Sorbonne, garde ce souvenir datant des années 1980 : « L'un des murs de l'étage des thèses était couvert d'un rayonnage rempli de livres reliés en bleu azur. C'étaient les thèses de l'Université de Lund. Cette surface d'un bleu azur parfait était troublée, toutefois, par un volume devenu noir et littéralement hirsute à force d'avoir été manipulé :
C'était un volume que je connaissais bien, La parole et le marbre. »