Cultivant l'esprit d'ouverture qui caractérisait Henri Beyle, la Revue Stendhal accueille et suscite travaux et débats stendhaliens. Elle se fait également l'écho de l'édition et de la recherche internationale. Tout ce qui concerne Stendhal intéresse les savants et les fervents qui font vivre cette revue.
Ce troisième numéro s'intéresse au rapport de Stendhal au livre, et cherche à mettre au jour son intérêt pour les livres comme objets, avec lesquels il entretient assurément une relation immédiate et désacralisée: compulsé, annoté, interfolié, le livre fait l'objet d'une appropriation qui oscille entre impératif pratique et geste fétichiste. Il est pour lui une réalité vivante, aussi bien matérielle qu'intellectuelle, et constitue souvent le point d'appui ou le cadre du geste créateur. Les manuscrits stendhaliens sont ainsi habités, parfois formatés, par leur devenir-livre, et la fabrique éditoriale du livre préoccupe largement un Stendhal beaucoup moins désinvolte qu'on ne l'a cru. Ses fictions et ses essais, enfin, sont remplis de livres qui circulent, qu'on échange, qu'on cache ou qu'on expose, qu'on dérobe parfois mais qu'on ne lit pas toujours. Ce numéro, tirant parti des avancées éditoriales récentes, met l'accent sur les usages et les pratiques concrètes du livre tant dans la vie d'Henri Beyle que dans les processus créateur et éditorial des oeuvres de « M. de Stendhal ».
La problématique du présent numéro, consacré à «Présentations - RePrésentations - Représentations », s'articule au premier chef autour de la (fausse?) distinction introduite par Thomas De Quincey en août 1848 dans la North British Review entre ce qu'il appelait 'the literature ofknowledge' ('thefunction ofthefirst is-to teach', écrivait-il) et 'the literature ofpower' ('thefunction of the second is-to move'). Il est clair que toute présentation, re-présentation ou représentation de la société britannique - quelle que soit par ailleurs la volonté didactique de son auteur - contient une dimension de médiation qui relève des deux à la fois.
Les films naissent inégaux entre eux.
Les plus réussis connaissent le lot des autres belles oeuvres qui sont " filles de leur forme qui naît avant elles ". encore ne faut-il pas tout confondre, et parler par exemple de film en abyme, de film-dans-le-film, de film au second degré, de " métacinéma " comme s'il s'agissait d'expressions équivalentes - ou étendre cette synonymie aux autres arts (qui n'en demandent pas tant) en plaçant sur le même plan " réflexif " les avatars d'une troupe théâtrale, les tourments d'un " mage romantique " ou la difficulté d'un tournage pour la seule et simple raison que ces histoires fort diverses ont pour commun dénominateur d'être des scénarios de cinéma.
Hollywood à l'écran propose une étude historique des grandes fictions américaines consacrées au cinéma - et seulement à lui - en les reliant à un socle théorique qui apporte quelque précision. la double ambition du livre est d'y voir plus clair et d'en savoir plus long.
D'où un va-et-vient entre la théorie et l'histoire qui détermine l'ouvrage tantôt comme une étude de cas (car les " métafilms hollywoodiens " forment un genre avec ses invariants et configurations propres), tantôt comme un récit qui, de show people de king vidor à the party de blake edwards - en passant par sunset boulevard, singin' in the rain ou the bad and the beautiful - ne peut manquer de croiser l'histoire du cinéma lui-même.
Aussi éloigné du tout-image contemporain que des dérives néoformalistes, hollywood à l'écran renoue à la fois avec l'esthétique classique (et contemporaine) du cinéma et l'étude des oeuvres pour présenter les linéaments (et un premier exemple) d'une poétique historique des films.