La guerre d'indépendance algérienne, parce qu'elle fut à la fois franco-française, algéro-algérienne et algéro-française, a surtout été pensée comme une tragédie à deux personnages, la France et l'Algérie, et comme un conflit historiquement borné (1954-1962).
Elle est ici réinscrite dans un champ historique et géographique plus large et articulée aux conflits qui la précédent ou lui font suite, à la fois sur ces territoires, de la guerre de conquête à l'Algérie des années noires, et ailleurs dans le monde : en Europe, en Afrique, en Asie, en Amérique latine et aux États-Unis. Par le croisement des types de corpus (romans, essais, presse, archives politiques et diplomatiques, radio, témoignages...), des langues de référence et des expertises, sont redéfinis les éléments d'un comparatisme et déjouée la tentation ethnocentrique. L'enjeu est essentiel pour les postcolonies, c'est-à-dire aussi bien pour les pays anciennement colonisés que pour les pays anciennement colonisateurs.
Comment s'est construit l'imaginaire historique de l'Amérique, nation que l'on dit toute entière tournée vers l'avenir et le progrès ? C'est cette dynamique complexe, entre un passé souvent mythifié et ses représentations, que se propose d'explorer Refaire l'Amérique à travers douze cas analysés par des spécialistes américains, italiens et français.
On y verra entre autres comment la tradition puritaine de la jérémiade donne sens au western du début du XXe siècle, comment le Parti Républicain inventa l'idée d'une « révolution conservatrice » dans les années 1980, ou encore comment l'intellectuel afro-américain W.E.B. Du Bois utilisa la fiction pour tenter d'imaginer une réponse politique et internationale au problème de la « ligne de couleur » dans son pays. Que ce soit à travers l'image, l'architecture, ou l'évolution des pratiques culturelles de ses immigrants, l'Amérique ne cesse de revisiter des pans entiers de son expérience nationale. Il lui arrive aussi, parfois, d'esquisser les formes inachevées d'une refondation : le plus souvent, celle-ci semble pourtant s'étioler sous le poids d'un certain conservatisme historique et culturel.
Dix ans après la signature du traité instituant l'Accord de libre-échange de l'Amérique du Nord (ALENA) et à l'heure où le projet de Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) semblait devoir se concrétiser pour 2005, il était temps de dresser, pour la première fois en France, un bilan des effets, tant sociaux et culturels qu'économiques, de cet accord et des débats qu'il a suscités au Canada, aux États-Unis et au Mexique.
L'ALENA est ici traité comme un exemple particulièrement démonstratif des nouveaux processus d'intégration régionale qui ont connu une intensification remarquable pendant la dernière décennie, tant en Amérique que dans le reste du monde. Les questions importantes soulevées au moment de sa signature et de sa ratification restent d'actualité : questions politiques au sens large, qui portent sur la souveraineté des États contractants, la protection des droits des travailleurs et de l'environnement, mais aussi conséquences économiques, territoriales et sociales d'une nouvelle configuration géopolitique, représentant un " bloc " de 400 millions d'habitants.
Ces questions sont abordées ici dans une perspective pluridisciplinaire, favorisée par la diversité des points de vue portés sur l'intégration nord-américaine par une vingtaine d'universitaires et de chercheurs mexicains, canadiens, américains et français.
Ce numéro 45 de la revue América. Cahiers du CRICCAL porte sur les imaginaires de l'érotisme en Amérique latine. Même si cela n'est pas explicitement mentionné ainsi, il réunit une sélection de travaux présentés lors d'un colloque international organisé par le Centre de Recherches Interuniversitaires sur les Champs Culturels en Amérique Latine (CRICCAL), qui a eu lieu à Paris au printemps 2012. Il s'agit, en réalité, de la première partie d'un ouvrage collectif qui est prévu en deux volets, dont celui-ci porte le sous-titre « Érotiques/Esthétiques ».
Comment comparer le Canada avec les États-Unis aujourd'hui ? C'est la question centrale de cet ouvrage qui met en dialogue 13 contributions écrites par des américanistes et des canadianistes, dans une perspective inter-disciplinaire. Les domaines d'investigation, regroupés en trois grands pôles de réflexion - politique, espace, et migration - se situent pour la plupart à la croisée de plusieurs champs : économie, politique, droit, anthropologie, sociologie, histoire des idées, histoire de l'immigration, de l'urbanisme, et littérature. Il s'agit de cerner à nouveau, dans le contexte actuel de la mondialisation, les lignes de fond qui sous-tendent les intérêts parfois disparates des comparatistes qui rapprochent deux pays dont la relation est inégale. Si la démarche comparative s'avère possible dans certains domaines, elle s'apparente parfois à une mise en parallèle afin de mieux épouser un terrain amplement subjectif. En somme, ce livre se propose de saisir à l'instant présent, dans sa variété et selon des modalités diverses, la relation constamment changeante, parfois fugace, qui lie et sépare les deux pays.
Après les bouleversements dramatiques qu'ont entraînés les guerres d'Italie, un nouvel équilibre politique sanctionné par le congrès de Bologne et le couronnement de Charles Quint en 1530 s'instaure dans la péninsule. S'ouvre alors une période de bilans, d'interrogation religieuse et d'intense activité littéraire et artistique, placée sous le signe d'une modernité polymorphe et inventive que porte le marché du livre en pleine expansion. Malgré les forces qui oeuvrent en faveur d'une uniformisation dans la conformité à des modèles, les nombreux auteurs des années trente affirment dans la diversité une forte originalité.
Les articles réunis dans ce livre constituent une invitation au voyage, tout d'abord dans l'Espagne du XVIIIe siècle, si mal connue des Français, une Espagne engagée dans un effort de régénération dont les ilustrados sont les principaux artisans.
L'action de ces hommes, leurs rêves aussi, ont été affectés par la Révolution qui les surprend, les inquiète et les indigne même, quand elle se fait plus violente, si l'on en croit la majorité des témoignages accessibles, les réactions favorables étant beaucoup plus difficiles à déceler. On entre ensuite dans l'Espagne du XIXe siècle, à la suite des nombreux voyageurs qui franchissent alors les Pyrénées pour découvrir une nation auréolée de tous les attraits de l'exotisme.
De leurs récits naîtra l'image de "l'Espagne romantique", un cliché soumis ici à un minutieux examen. Le voyage que l'on effectue en compagnie de Jean-René Aymes se fait sans courir la poste : il s'agit de voir des êtres et des choses, d'observer des phénomènes, d'analyser pour comprendre, en s'aidant, au besoin, de la comparaison ou de l'interaction des regards croisés. Un voyage instructif, assurément, mais jamais ennuyeux en raison de l'alacrité de la pensée et de la plume.
"Toutes les fins de siècle se ressemblent", voilà ce qu'écrivait Doris-Karl Huysmans, en 1891, dans Là-bas.
Cette affirmation lapidaire, qui semble faire l'objet d'un très vague consensus, mérite d'être vérifiée. Cette impression de crise, de mal être ou de mal de vivre, de société en mutation qui tangue entre un conservatisme frileux et l'aspiration fébrile à la modernité, prend-elle vraiment, au tournant des siècles, une acuité particulière ? Ce passage d'un siècle à l'autre met-il en jeu des tensions, des énergies, des forces plus intenses qu'à d'autres périodes intermédiaires ? Sans perdre de vue le panorama européen, il n'est peut-être pas inutile de voir comment l'Espagne s'inscrit dans cette problématique des "fins de siècles", tout au moins à l'ère moderne, du XVIIIe siècle à nos jours.
Est-il vrai, par exemple, que l'Espagne, à la différence de ses voisins, baignerait dans un même climat d'inquiétudes et d'aspirations confuses, mais présenterait une dualité bien spécifique : alors que l'univers institutionnel et politique se caractériserait par la continuité et même un certain immobilisme, c'est l'effervescence culturelle qui prendrait en charge la quête de rupture et de rénovation en profondeur de la société tout entière.
Si la nécessité d'améliorer l'instruction des femmes a trouvé très tôt de nombreux défenseurs, il semble qu'il n'ait pas été aussi facile, pour beaucoup et pendant longtemps, de les imaginer aptes à la création. Pour preuve cette affirmation péremptoire de Voltaire, dans ses Questions sur l'Encyclopédie : "On a vu des femmes très savantes comme il en fut de guerrières ; mais il n'y en eut jamais d'inventrices". En Espagne, aux carences éducatives (plus durables qu'ailleurs, peut-être) s'ajoute le poids des préjugés et des habitudes mentales qui se traduisent par des actes et des discours en réaction à la création féminine. En retour, les femmes qui s'engagent dans une expérience littéraire ou artistique tiennent un discours aux significations variées, voire contradictoires : désir de se justifier, de s'excuser, de s'affirmer ou de se cacher derrière un pseudonyme masculin ; discours sincère ou trompeur, comme le montrent parfois des discordances entre déclarations publiques et confessions privées. L'étude de ces interactions entre le contexte socio-politique espagnol et la création féminine, du 18e au 20e siècle, dans des domaines aussi variés que la littérature, la peinture, le théâtre et le cinéma, apporte des informations précises sur un aspect de l'histoire culturelle encore mal connu, et elle réserve aussi quelques surprises.
Dans ce dexième tome consacré aux « Figures et figurations du crime », on trouvera des contributions comparatistes ainsi que celles de spécialistes de l'Espagne contemporaine et d'américanistes. Sont entreprises des réflexions sur le crime et la littérature, le crime et l'Etat.