Découvrez le texte fondateur de J.R.R. Tolkien, précurseur des théories sur le conte de fée, le merveilleux et la littérature de Fantasy.
Du conte de fées est l'essai de Tolkien qui correspond le mieux à l'ensemble de son oeuvre créatrice. Il est essentiel à la compréhension des écrits de Tolkien lui-même, et il pose bon nombre de ses principes créateurs, parmi lesquels la sous-création, le concept de Faërie et la valeur de la fantasy. L'objectif de la présente édition est d'ouvrir à l'oeuvre créative et théorique de Tolkien, afin de saisir son raisonnement autour de la littérature dite de Fantasy et le conte de fée.
Cette nouvelle édition française est accompagnée d'une préface de Nathalie Prince, universitaire spécialiste des littératures jeunesse et de Fantasy.
Dans cet essai, Tolkien se pose trois questions : qu'est-ce qu'un conte de fées ? Quelles en sont les origines ? Et surtout : quelle est leur utilité ? Les notions abordées y sont très importantes pour cerner l'importance qu'accorde Tolkien au conte de fées et mieux comprendre l'univers original qu'il a créé au fil de ses ouvrages.
Les écrivains sont des créateurs de mondes. Le Pays Imaginaire, la Terre du Milieu, Narnia, la forêt des Rêves Bleus, l'île de Robinson... cet atlas présente les cartes de ces lieux familiers des lecteurs.
Vingt-trois auteurs évoquent les territoires qu'ils ont fait naître dans leurs oeuvres à travers les plans qu'ils ont imaginés. Ils racontent également les lieux littéraires ou réels qui les ont fait rêver et ceux qui furent à la source de leur propre inspiration. Un magnifique voyage de carte en carte à travers la littérature : une inépuisable source de rêverie et d'aventure !
« Nos cartes étaient des oeuvres d'art. Les principaux volcans crachaient de telles flammes et étincelles qu'on eut pu craindre que ces continents de papiers ne s'embrasent ; les chaînes de montagnes étaient si bleues et blanches de glace et de neige qu'elles vous glaçaient le sang. Nos déserts bruns et arides étaient grumeleux de chameaux et pyramides, et nos jungles tropicales si luxuriantes et enchevêtrées que les jaguars voûtés, serpents agiles et gorilles moroses ne s'y mouvaient qu'avec difficulté [...]. Nos rivières étaient larges et plus bleues qu'un myosotis, constellées de canoés et de crocodiles. Nos océans étaient tous sauf vides... Ces cartes étaient vivantes, on pouvait les étudier, les inspecter, les compléter ; des cartes qui, en définitive, avaient un vrai sens. » Gerald Durel,Ma famille et autres animaux, 1956.
Depuis la fin des années 1970, l'idée de totalitarisme a agi comme un interdit d'imaginer un avenir collectif désirable. Mais aujourd'hui, le capitalisme mondialisé touche à sa fin, discrédité par les crises environnementale, sociale et sanitaire. Le moment semble venu de faire un retour vers le futur. C'est ce que propose cet ouvrage, à partir de l'utopie et de la science-fiction.
L'utopie est une forme littéraire, inventée par Thomas More en 1517, qui consiste à représenter une sorte d'enclave idéale, de monde séparé du monde. Mais il s'agit aussi, plus profondément, d'une aspiration au changement, d'un élan dont on retrouve la trace dans une multitude de textes ou de situations dépassant de loin le corpus des utopies positives.
Fredric Jameson n'entend pas proposer une utopie nouvelle, mais relancer l'imagination utopique en éprouvant ses possibilités et ses limites. Si l'utopie rompt absolument avec le présent, si elle pose ce qui succède à cette rupture comme étant radicalement différent de ce que nous connaissons, la différence radicale devient impensable. Toutefois elle peut aussi - comme le fait la science-fiction - transformer le présent, faire de lui un passé et se présenter comme un message venu du futur. Elle nous arrache alors au désespoir d'une situation apparemment immuable et nous fait respirer un « air venu d'autres planètes », dont nous avons le plus grand besoin.
Dostoïevski : un écrivain dans son temps est un modèle de biographie littéraire. Selon les spécialistes, il s'agit de la plus grande biographie littéraire écrite et publiée ces cinquante dernières années. Parue initialement en cinq volumes, dans les années 1970, elle a été condensée par l'auteur en 2010, avec une préface inédite.
Les précédentes publications sur Fiodor Dostoïevski, aussi solides soient-elles, souffrent de la dichotomie homme-oeuvre. Joseph Frank aborde la biographie de l'écrivain russe dans une ample vision englobant litté- rature et temps historique : il entreprend une « reconstruction massive de la vie socioculturelle » de la période historique, y insère l'oeuvre de Dostoïevski pour mieux l'éclairer. Il s'agit plus précisément d'une « expérience qui fond biographie, critique littéraire et histoire socioculturelle » en un tout.
Trois qualités essentielles se dégagent de cette oeuvre. La première est son art de brosser des grands tableaux de la Russie de Dostoïevski en dégageant les grandes idées directrices. La seconde qualité tient dans les sources :
à chaque moment de la vie de l'écrivain, à chaque description, à chaque analyse de l'oeuvre, Joseph Frank refait une lecture complète des sources, si bien que sa biographie devient critique et analytique. La troisième qualité du biographe est de pénétrer la psychologie profonde, l'esprit de Dostoïevski. Chez Joseph Frank le critique littéraire et le philosophe de l'esthétique cheminent au côté de l'érudit, de l'historien et du biographe.
Plusieurs éléments originaux en ressortent : l'affirmation que Dostoïevski est le seul des grands écrivains russes de la première moitié du XIX e siècle qui ne soit pas issu de la noblesse terrienne et que, de ce fait, il a été le plus apte à percevoir le conflit entre l'ancien et le nouveau dans la vie russe.
Mais le noeud central de cet ouvrage et son originalité résident dans l'analyse extrêmement convaincante et solidement argumentée de la « conversion » de Dostoïevski au bagne. Il ne s'agit pas d'une soudaine illumination divine mais d'une évolution grâce à la médiation du peuple et débouche ainsi sur la religion du peuple, l'orthodoxie.
L'écriture est alerte, ferme, concise, où l'érudition sans cesse renouvelée n'entrave jamais la saisie profonde du mouvement de la création. Les ouvrages de Joseph Frank ont été reçus avec un enthousiasme unanime et par la presse américaine qui lui a décerné ses plus hauts prix.
Ludwig Wittgenstein a rejeté l'esthétique hors du domaine légitime de la philosophie. Pourtant, il est l'un des philosophes qui ont le plus marqué les écrivains et les artistes de notre temps. Souvent regardé comme une figure romanesque, il est surtout le créateur d'une logique d'écriture inédite. Marjorie Perloff s'intéresse ici à la façon dont il a inventé une manière de représenter l'étrangeté du langage ordinaire. S'imposant d'écrire sa philosophie comme de la poésie, il a composé des dispositifs verbaux capables de nous faire éprouver ce qu'est le langage à même le langage. Ses théories ne visent plus seulement à décrire la grammaire, à énoncer des règles de nos usages, mais à nous les montrer, pour ainsi dire en direct, dans l'écriture.
L'Échelle de Wittgenstein examine des oeuvres plus ou moins sciemment influencées par l'auteur du Tractatus. Perloff met au jour les lignes et les tendances de ce qu'on pourrait nommer un tropisme wittgensteinien de l'écriture moderne - une poétique wittgensteinienne. Outre Gertrude Stein et Samuel Beckett, elle relit ainsi des textes d'Ingeborg Bachmann et Thomas Bernhard, les poètes et poétesses Robert Creeley, Ron Silliman, Rosmarie Waldrop, Lyn Hejinian ou encore l'artiste conceptuel Joseph Kosuth. Leurs expérimentations constituent à ses yeux autant de tests des limites de notre langage mais aussi de nos pratiques culturelles et sociales et, en dernier lieu, de ce que nous appréhendons comme notre « monde ». Cette poétique, sensible à la variété des formes de la routine et de la répétition, aux micro-déplacements et aux glissements contextuels de nos usages, à ce que nous reconnaissons comme événement, se comprend alors comme une poétique de la vie ordinaire.
« Tout, chez Rimbaud - sa jeunesse, sa classe sociale, ses origines provinciales, son extrême ambivalence face à l'idée de trouver une vocation ou de fonder un foyer, sa haine de l'«être poète» -, suggère que l'on ne saurait le comprendre seulement en lisant son oeuvre. Il faut essayer de comprendre les personnes et les choses qui l'entouraient, et de l'envisager, lui, non comme un corps individuel mais comme une personnalité à moitié fondue dans la masse. Comme quelqu'un qui arpentait plusieurs mondes à la fois, quelqu'un à qui « plusieurs autres vies semblaient dues », quelqu'un qui, dans cette conjoncture historique particulièrement instable, où les travailleurs parisiens avaient pris en main leur orientation politique, fit le choix, du moins pendant quelques années, d'écrire de la poésie. À la différence de Flaubert et de Mallarmé, la vie de Rimbaud ne fut pas une vie d'artiste. »
Écrire un livre est souvent l'aventure d'une vie. Les candidats sont nombreux, les élus sont rares, et il faut une bonne dose de détermination et de travail pour se faire publier. À l'opposé du manuel d'écriture scolaire et inhibant, Écrire, mode d'emploi, texte espiègle et généreux, est une promenade au pays de la littérature en même temps qu'une mine de conseils en or. Un petit bijou à mettre entre les mains de tous ceux qui aiment lire et écrire.
Ce volume regroupe un choix de textes précédemment publiés dans Questions de poétique, études que Roman Jakobson a consacrées, de 1920 à 1970, à la théorie de la littérature. La fonction poétique, la métaphore et la métonymie, la dominante, la poésie de la grammaire, l'espace du texte : autant de notions, et de problèmes qui sont devenus le point de départ de discussions les plus fécondes.
Roman Jakobson ouvre les yeux des linguistes aux faits poétiques, considérés longtemps comme marginaux, et prouve aux « littéraires » que la poésie est bien, avant tout, oeuvre de langage.
Le recueil Théorie de la littérature, paru originellement en 1965, a révélé aux lecteurs français l'existence d'une remarquable école d'analyse littéraire, qui avait prospéré à Saint-Pétersbourg (ensuite Leningrad) et Moscou, entre 1915 et 1930. Depuis, ceux que leurs adversaires nommaient les formalistes sont devenus célèbres dans le monde entier. Le recueil a été traduit en italien, espagnol, portugais, japonais, coréen, turc et grec ; d'autres écrits des formalistes ont été publiés et traduits dans de nombreuses langues, et des ouvrages leur ont été consacrés.
La présente édition a été révisée et mise à jour, pour permettre de lire ou de relire cette réflexion toujours stimulante sur l'art littéraire, issue d'un groupe de brillants jeunes critiques et linguistes russes : Viktor Chklovski, Roman Jakobson, Iouri Tynianov, Boris Eichenbaum et quelques autres.
Spécialiste des Lumières, Robert Darnton a développé une approche anthropologique par le biais de l'histoire du livre et de la lecture. Pour ce faire, il a puisé dans un fonds inédit, les archives de la Société typographique de Neufchâtel, fondée en 1769 - une correspondance de 50 000 lettres, les états des stocks, les pièces comptables, les livres de commandes qui recréent l'univers du livre, des imprimeurs, colporteurs, libraires et lecteurs pendant les vingt dernières années de l'Ancien Régime. Or, il s'y trouve le carnet tenu au jour le jour par un commis voyageur, Jean-François Favarger, qui entreprend, pour la STN en 1778 et pendant plusieurs mois, un tour de France littéraire en rendant visite aux libraires (un quadrilatère de Pontarlier et Besançon jusqu'à Poitiers et La Rochelle puis Bordeaux, Toulouse, Montpellier et Marseille, retour par Lyon et Bourg-en-Bresse). Il prend des commandes, classe les libraires en partenaires fiables ou aventuriers mauvais payeurs, affiche des valeurs calvinistes rigoureuses (se défier d'un libraire catholique, bon bougre mais qui a trop d'enfants et conséquemment ne se concentre pas assez sur son commerce). Il négocie des traites ou des échanges d'ouvrages publiés par la STN contre d'autres succès imprimés par les libraires-éditeurs et livrés dans des balles de feuilles non reliées et mélangées avec des ouvrages édifiants et autorisés car le commerce porte sur des textes soit censurés, soit interdits puisque piratés en violation du privilège des éditeurs parisiens; enfin, il évalue les risques des voies empruntées par les colporteurs-passeurs à la barbe des douaniers ou avec leur complicité, tant la corruption règne. Cette chaîne du livre, depuis les entrepôts de la STN jusqu'aux mains des lecteurs, permet enfin d'évaluer ce que furent à la STN les meilleures ventes des Lumières en dehors des élites politiques et sociales:Anecdotes sur Mme la comtesse du Barry de Pisandat de Mairobert; l'An 2440 de Mercier; le Mémoire de Necker; La révolution opérée par M. de Maupeou de Mouffle d'Angerville; l'Histoire philosophique de l'abbé Raynal, loin devant La Pucelle d'Orléans de Voltaire. Il s'agit donc ici d'un livre essentiel à la compréhension des Lumières et des origines culturelles et intellectuelles de la Révolution.
Pour Kenneth Goldsmith, l'environnement digital et les pratiques contemporaines d'écriture et de lecture ont bouleversé la littérature et notre rapport au texte. Nous sommes confrontés à une quantité inédite de textes et de langages considérés comme non-littéraire : le traitement de texte, les e-mails, les messages courts et la pratique des réseaux sociaux nous offrent la possibilité d'aller au-delà de la création de nouveaux textes. En plus d'expliquer le concept d'écriture non créative, qui est aussi le nom de son cours populaire à l'Université de Pennsylvanie, Goldsmith lit le travail des écrivains qui ont relevé ce défi. Brillante traduction de François Bon.
Les Leçons de Fortini font partie de cette catégorie de textes qui témoignent de la "réflexion sur la traduction" menée depuis des siècles par les traducteurs, les philosophes ou les écrivains, sans s'astreindre aux procédures modernes de la "théorie" proprement dite. Leur publication a été saluée en Italie comme étant d'un intérêt majeur, à la fois pour le sujet traité et pour la connaissance de Fortini.
On peut ajouter qu'elles sont également extraordinairement captivantes à la lecture, le style de Fortini étant d'une fluidité et d'une subtilité plus que remarquables. Avec la sagacité d'un traducteur expérimenté, avec la perspicacité solitaire de l'exilé politique qu'il a été pendant la guerre et de l'intellectuel indépendant qu'il a toujours voulu être, avec la curiosité d'un voyageur humaniste et l'immense culture d'un Européen polyglotte, Fortini livre ici une réflexion précieuse sur la traduction, répondant à des questions devenues centrales pour nous : comment et pour qui traduire, en fonction de quoi et pour combien de temps ? En outre, c'est ici la seconde fois seulement qu'un livre de Fortini paraît en France, alors qu'il s'agit d'un auteur italien majeur dont on s'explique mal qu'il ait été encore si peu traduit en français.
Le public français y trouvera non seulement un grand texte sur la traduction, mais aussi le témoignage d'une réflexion sur la littérature inscrite dans la double proximité de Roland Barthes et de Pasolini, Fortini étant en quelque sorte le chaînon manquant entre ces deux grands penseurs. Il y découvrira comment l'histoire italienne récente de la traduction (avec l'influence persistante exercée par les formulations parfois radicales de Benedetto Croce) vient s'inscrire en dialogue avec les grandes références allemandes et françaises dans la pensée d'un des plus grands intellectuels italiens de la deuxième moitié du vingtième siècle.
Roman historique ou d'amour ? Roman à clef ou d'espionnage ? Un dénommé Ramondès oscille entre les genres, à l'image de son protagoniste voyageant entre France et Italie, à la veille de l'entrée en guerre, au printemps 1940. Il arrive dans un Milan tout aussi stendhalien que fasciste. Qui est-il d'ailleurs ce Ramondès ? (Le sait-il lui-même ?) Lettré, amoureux de Proust - et des jolies Milanaises -, il endosse les habits (rutilants) d'un presque homonyme, célèbre critique. Cette imposture onomastique lui donne accès aux cercles culturels de la capitale lombarde où l'on se plaît à refaire le monde littéraire et politique, comme dans les salons de cette France que tous admirent et que notre héros incarne à leurs yeux. (Et à sa manière, pour ne point être démasqué, il lui faut livrer bataille face à des experts en bons mots et saillies à double sens). Récit brillant (entre Gadda et Proust sur le plan stylistique), hommage à la culture française aimée par son auteur, Un dénommé Ramondès propose une plongée, sans équivalent dans la littérature italienne, au coeur d'un moment de crise où, comme nous le rappelle la célèbre formule de Gramsci, deux mondes s'affrontent : celui qui ne veut pas mourir, constitué par des intellectuels érudits pour qui la littérature est un refuge apaisant, et celui qui ne peut encore naître, empêché par l'emballement de la folie des hommes. Réflexion sur l'identité, le roman de Vigevani illustre d'une façon implacable, et éminemment élégante, une période qui vit l'Italie basculer dans l'irrationnel. En ce sens, il se prête aussi à une lecture plus contemporaine. C'est là la marque des grandes oeuvres littéraires.
L'herméneutique littéraire veut rendre compte du caractère proprement esthétique des oeuvres. Au regard des études littéraires françaises, dont l'attention consacrée au texte, plus directe et plus stable, se laisse rarement tenter par les sauts de l'imagination érudite, Jauss montre une capacité inégalée à passer d'une période historique à l'autre et d'une tradition littéraire à celles qui l'ont précédée ou suivie. Car l'interprétation est historiquement mobile:tout en tenant compte de l'enracinement d'une oeuvre dans les conventions et codes culturels de son époque, elle n'en a pas moins le devoir d'interroger les conversations transhistoriques dont cette oeuvre hérite et qu'elle continue. Ainsi, le lecteur ébloui est, par exemple, conduit du catéchisme luthérien - suite de questions et de réponses obligatoires - vers la «Profession de foi du vicaire savoyard» dans laquelle Jean-Jacques Rousseau présente quatre articles de foi, puis aux divers catéchismes du citoyen et du genre humain publiés pendant la Révolution française, à la transformation du catéchisme en théorie de l'histoire par Théodore Simon Jouffroy en 1833, aux Contemplations de Victor Hugo et, enfin, aux presque trois cents questions-réponses du chapitre «Ithaque» dans Ulysse de James Joyce. Jauss, dans une alternance d'exposés théoriques, de retours réflexifs sur la démarche et surtout d'exemples de la méthode, balise le champ de la culture occidentale, depuis l'Ancien Testament ou Plaute jusqu'au travail poétique de Goethe ou de Valéry.
En 1979, Ursula K. Le Guin est au sommet de sa gloire : ses romans de science fiction et de fantasy se sont imposés comme des chefs d'oeuvres et elle est une des romancières américaines les plus primées. Toutefois, parallèlement à ces succès publics, elle a la réputation d'être une théoricienne hors pair, et une oratrice remarquable. Elle parcourt alors universités, congrès, bibliothèques et librairies pour parler des sujets qui la passionnent : le féminisme, l'anarchisme, le rôle humaniste de la littérature, et, surtout, la fonction des littératures de l'imaginaire. Le Langage de la nuit est le recueil d'essais littéraires qui résument sa pensée et composent un manifeste pour l'imaginaire, car si nous pensons et parlons le jour, la moitié de notre vie se passe la nuit, où se réfugient la poésie et l'imaginaire. Pourquoi les littératures de l'imaginaire ont cessé, au vingtième siècle, d'être le coeur de la littérature ? Que permet la science-fiction ? Quelle est la place de la littérature jeunesse dans la littérature ? Autant de questions qui occupent les lecteurs depuis cinquante ans et qui trouvent des réponses dans ce volume, préfacé par le romancier Martin Winckler, fin connaisseur de la science-fiction, et grand admirateur de l'humanisme merveilleux de Le Guin.
Ce volume est le premier volet d'une étude chronologique aboutie de l'histoire de la pensée théâtrale (en 3 tomes) visant à explorer l'évolution du genre tragique, en passant par le théâtre moderne et la tragédie classique, avant la période postmoderne.
Un travail de recherche éclairant et novateur, dont ce premier tome pose les fondements.
Le livre du philosophe russe Simon Frank (1877, Moscou - 1950, Londres) intitulé Cinq essais sur Pouchkine s´ouvre par un paradoxe : l´univers intellectuel du grand poète, dont l´oeuvre et la vie ont pourtant été étudiées par les spécialistes dans leurs moindres détails, demeure méconnu. Ces études s´adressent à un large public. Elles nous font découvrir un Pouchkine aussi profondément européen qu´intrinsèquement russe. Animé d´une religion de dimension universelle, cet immense poète concilie paradoxalement les principes libéraux avec le conservatisme dans une vision synthétique où les destins de la Russie et de l´Europe apparaissent étroitement liés. Ses pensées sur l´amour, l´amitié, la sociabilité et la solitude constitue un trésor de sagesse inépuisable. « Quel trop-plein de diversité et de vie dans cet étonnant univers spirituel qui a nom Pouchkine ! » Simon Frank
Jünger complète ses recherches sur l'homme et le temps : il tente de saisir intuitivement la mutation soudaine de l'humanité, mutation qu'il imagine imminente et qui verrait s'interrompre la lutte entre les États de l'Ouest et ceux de l'Est : l'étoile rouge et l'étoile blanche se fondraient en un astre unique, l'Éat universel. Notre temps, dit Jünger, est en train d'élaborer une grande image de la Mère. Il s'agit donc de dégager un nouvel ordre cosmique pour l'homme : comme Novalis, Jünger estime que l'âge d'or est devant nous et non pas à l'origine. L'État universel est l'esquisse de cette humanité à venir.
Tout en faisant le point des connaissances sur l'oeuvre et la personne de Montaigne, Hugo Friedrich entend subordonner cette information à l'analyse de ce que Montaigne appelait « science morale » ; non pas une morale normative, mais une discipline descriptive qui s'intéresse à la variété comme à la motivation des moeurs et qui, à travers les « moralistes » français, aboutira à notre anthropologie moderne.
D'où un nouvel examen des problèmes classiques : la singularité de Montaigne dans la littérature de son temps et les sources de sa culture ; son scepticisme, la valeur exacte de son christianisme et de son conservatisme - tandis que de beaux chapitres finals, « Le Moi », « Montaigne et la mort », « La Sagesse de Montaigne », « La Conscience littéraire de Montaigne et la forme des Essais », élargissent l'analyse bien au-delà du cadre de la monographie.
Shakespeare et son critique Brandès, publié en 1898, est le premier livre de Léon Chestov, le seul de lui qui n'avait encore jamais été traduit en français. Quarantes années après sa parution, peu avant sa mort, Chestov a raconté lui-même la genèse de ce texte, né de la colère que lui inspirèrent les écrits du critique rationaliste danois Georg Brandès consacrés à Shakespeare, alors que lui-même était encore bouleversé par la lecture des oeuvres du dramaturge anglais. Indigné par ce critique « qui glissait à la surface des choses » et que Macbeth, Lear ou Hamlet « n'empêchaient pas de dormir », réfutant les interprétations de ce positiviste esthète, Chestov donne sa propre lecture de quelques pièces de Shakespeare : Hamlet, qu'il voit comme l'apprentissage de la réalité de la vie face aux abstractions de la pensée, Jules César, où Brutus apparaît comme un anti-Hamlet : un philosophe qui n'a pas rompu avec la vie et aucune construction intellectuelle ne peut l'entraîner dans ces sphères abstraites où l'homme se transforme en concept, Coriolan, où il réfute une interprétation nietzschénne mal assimilée de Shakespeare, mais aussi Le Roi Lear et Macbeth. Il esquisse déjà, ce faisant, les grandes lignes de ce que sera son combat philosophique : aller au rebours de toute la tradition née du stoïcisme grec. La nécessité, la raison ne sont pas en mesure de répondre aux questions des hommes dès lors que, comme Job, ils sont confrontés à la tragédie. Il s'agit pour lui, dans ce livre, de montrer que les héros shakespeariens, contrairement à ce qu'affirment Taine et ses disciples, ne peuvent pas « entrer dans la chaîne des phénomènes », n'obéissent pas aux lois immuables de la science. Ces pages du jeune Chestov, emplies d'une salubre indignation, nous paraissent aussi vibrantes, aussi persuasives et nécessaires qu'au jour où elles ont été écrites il y a plus d'un siècle.
Proche de Fluxus, l'artiste germano-suisse Dieter Roth (1930-1998) est une des figures majeures parmi les artistes des avant-gardes de la seconde moitié du XXe siècle. Ses oeuvres abondantes et protéiformes ont fait, et font aujourd'hui encore, l'objet de nombreuses expositions à travers le monde. Très actif dans le domaine du livre d'artiste, Dieter Roth est également l'auteur de plusieurs textes qui témoignent de son intérêt pour la littérature comme forme d'expression à explorer au même titre que le dessin ou la sculpture. Le texte que nous publions aujourd'hui en fait partie. Pratiquement introuvable dans sa version originale, il n'avait jamais encore été traduit en français.
Une histoire exaltante de la littérature racontée à travers une quinzaine d'oeuvres majeures, de l'Iliade à Harry Potter, qui ont contribué à écrire l'histoire du monde.
Et si la littérature avait le pouvoir de changer le cours de l'histoire ?
Dans Écrire le monde, l'un des plus grands spécialistes mondiaux de la littérature a entrepris d'emmener les férus d'histoires et d'Histoire faire un voyage à travers le temps et l'espace pour mettre en lumière le rôle des grands récits dans la naissance et la chute des empires et des nations, le rayonnement des idées philosophiques et politiques, ou encore l'émergence de nouvelles croyances religieuses.
Martin Puchner propose ainsi de revisiter la genèse de quelques textes fondateurs : l'Épopée de Gilgamesh, le Popol Vuh - la « bible » maya - et L'Iliade ; les enseignements du Bouddha, de Confucius, Socrate et Jésus ; le Dit du Genji, premier roman jamais écrit, et que l'on doit à une femme, la Japonaise Murasaki ; Les Mille et Une Nuits, Don Quichotte ou encore le Manifeste du parti communiste. Cette odyssée intellectuelle exaltante est aussi l'occasion d'évoquer des oeuvres moins connues comme Soundiata, grande épopée orale d'Afrique de l'Ouest, ou d'étudier, à travers la lunette de l'historien, des oeuvres plus récentes - Le Livre noir d'Orhan Pamuk ou la saga Harry Potter.
Avec un talent de conteur qui s'appuie sur une prodigieuse érudition et un travail d'enquête qui l'a conduit de Beyrouth à Pékin, de Jaipur au cercle arctique, Martin Puchner nous fait découvrir le rôle fondamental des grands récits dans l'histoire du monde, tout en revenant sur les récits singuliers qui font la grande histoire de la littérature.
Quelles conséquences la (première) union sexuelle a-t-elle sur la relation amoureuse sur le plan émotionnel ? Selon une thèse répandue, les troubadours auraient aspiré à l'union sexuelle, mais choisi d'y renoncer. Cette étude apporte un regard nouveau sur le phénomène littéraire de l'amour courtois.
"Mehmed Uzun s'est consacré à la création littéraire et s'est donné pour mission de créer le roman moderne kurde. Cet objectif s'explique notamment par la situation dans laquelle la langue s est trouvée, interdite en Turquie dès la création de la jeune république jusqu'aux débuts des années 1990. De ce fait, Uzun s'adonne à l'activité littéraire et celle-ci devient un moyen de combat pour la survie et la régénération de la langue et de la littérature écrite. Cet ouvrage est un travail précieux qui retrace l'histoire de la littérature d'un peuple, dans les différents pays où il se trouve. Écrit en 1992, ce travail demeure aujourd'hui une référence importante pour se familiariser avec une littérature, éparpillée sur quatre pays et divisée en quatre dialectes."