Ce livre ne cherche pas à célébrer le génie de Houellebecq ou à dénoncer son imposture. Il ne s'agit pas davantage d'une étude raisonnée de son oeuvre. Ce livre porte sur la lecture des romans de Houellebecq. Quelle forme prend l'interprétation au contact de récits qui divisent la critique et le public ? Tenter de répondre à cette question conduit à aborder les textes sous l'angle d'une critique polyphonique. Il s'agit de remonter à l'origine plurielle des énoncés fictionnels et, parfois, de suivre ce cordon ombilical qui rattache les romans à la vie de leurs auteurs et au monde. Cela consiste donc, occasionnellement, à engager la responsabilité de l'écrivain. Mais ce dernier ne parle jamais seul : il est parlé autant qu'il fait parler ses personnages. Il s'agit alors de procéder à la manière d'un archéologue, par analyse de couches sédimentées. Celles et ceux qui glorifient Houellebecq ou qui rejettent son oeuvre n'entendent simplement pas les mêmes voix dans ses romans, et rien ne nous oblige à trancher le débat. La littérature vit des désaccords qu'elle engendre.
Aujourd'hui, l'enseignement de la littérature ne peut plus se limiter à interroger le texte en se demandant : de quoi parle ce livre ? Comment est-il écrit ? Quelle est sa place dans l'histoire ? À l'heure où la dimension affective de la lecture retrouve sa pertinence, il faut pouvoir traiter de nouveaux problèmes : comment l'auteur est-il parvenu à intriguer son lecteur ? Comment fonctionne le suspense dans ce chapitre ? Ou encore : pourquoi ces questions importent-elles ? Cet ouvrage offre de nouveaux outils pour répondre à ces questions, pour analyser la dynamique de l'intrigue et pour justifier son intérêt dans l'enseignement. Des exemples tirés des oeuvres de Ramuz, de Gracq et de Robbe-Grillet facilitent le passage de la théorie à la pratique, tout en illustrant le raffinement des mécanismes de la tension narrative.
«Die Ideen ‹kommen› einfach. Oder sie sind eigentlich schon da - irgendwo. Und wie man mit dem Netz nach Schmetterlingen hascht, Fallen für die Tiere aufstellt, so fasst man Ideen in Gedanken, in Worte, gibt ihnen Leinwände, Papier oder andere Materialien, damit sie sich darauf niederlassen.» Meret Oppenheim
La correspondance Georges Poulet-Jean-Pierre Richard se déploie sur près de quarante ans. Bien plus que le seul témoignage d'une vive amitié intellectuelle, ces échanges racontent aussi une période clé de l'histoire littéraire en France, celle de la « nouvelle critique ». Ils constituent en outre un point de vue privilégié et nouveau vers la connaissance des oeuvres de Poulet et Richard.
Le Liban ne cesse de souffrir de crises de toutes sortes tout en s'affirmant comme lieu de création artistique. Les projets théâtraux, dont l'objectif est d'avoir un impact direct sur la société, foisonnent. Inscrits dans le militantisme politique de la société civile, ils oeuvrent à un changement collectif en profondeur. Dans son essai, l'auteur étudie le rôle du théâtre comme porteur de paix dans un Liban traumatisé par des tensions récurrentes. Cette forme d'art devient une bouée de sauvetage pour oublier la violence, pour échapper au quotidien, pour comprendre les crises, les décrypter et pour aider à la réconciliation dans la durée. L'exploration de la pratique théâtrale libanaise par le biais de son ancrage sociétal nous fait découvrir les principales étapes de son développement depuis sa naissance jusqu'à la fin de la guerre civile, puis trois oeuvres traitant de la recherche mémorielle d'après-guerre et finalement une série d'initiatives emblématiques du théâtre de transformation sociale contemporain. Trois champs théoriques servent de cadre à ce parcours : l'efficacité de la catharsis, processus fondateur de l'enracinement socio-politique du théâtre, le travail de mémoire et un nouveau domaine d'investigation interdisciplinaire se focalisant sur la résolution et la transformation des conflits par l'art intitulé « Art in Conflict ». Cet essai est né d'une recherche doctorale fruit de la double expérience professionnelle de l'auteur à la fois comme acteur de théâtre ayant vécu la guerre civile et comme attaché culturel d'ambassade. Le soutien de celle-ci à des projets culturels ayant comme but de contribuer à la réconciliation l'a amené à se poser la question de l'efficacité et des limites de la pratique théâtrale dans la promotion de la paix et des droits humains.=
A l'issue de la première guerre mondiale, le poète Rainer Maria Rilke s'établit en Suisse (où il mourra fin 1926). Son installation dans une austère tour valaisanne, à Muzot, est l'épisode le plus connu des «années helvétiques» de l'auteur des Élégies de Duino. Son bien plus bref séjour près des rives du Léman, au Prieuré d'Étoy, en 1921, a été tenu jusqu'ici pour une période assez morne - solitaire et stérile tout à la fois - dans la vie de Rilke. En réalité, le poète y fit des lectures décisives, de Proust et de Valéry en particulier. Et il reçut alors la visite de bien des femmes, parmi les plus aimées. On connaissait déjà sa liaison avec l'artiste franco-allemande Baladine Klossowska - mère du peintre Balthus - et aussi ses liens d'amitié avec la princesse de Thurn-et-Taxis, rescapée d'un monde englouti, sans oublier le soutien d'une généreuse et discrète bienfaitrice zurichoise. Mais on ignorait que Rilke fût resté en relation avec cette «star» de la vie parisienne qu'était la comtesse Anna de Noailles, alors au faîte de sa notoriété littéraire. Surtout, aucun de ses biographes n'avait soupçonné qu'il l'eût revue à Étoy, bien après une première rencontre qui - à Paris en 1909 - l'avait confirmé dans son admiration pour la poétesse des Éblouissements. Pourquoi tant de mystère autour de la venue en Pays de Vaud de cette « petite divinité impétueuse » ? Comment expliquer qu'il ait fallu, pour le savoir, attendre la découverte fortuite des lettres adressées à Rilke par la postière du village d'Étoy où résidait depuis peu l'écrivain Guy de Pourtalès ? Mais, au fait, qui était cette buraliste éprise de littérature, s'adonnant elle-même aux délices de la poésie, «femme de lettres» au sens complet du terme ?
Délaissant un instant le champ de sa spécialité - à savoir l'épigraphie et l'histoire des cités grecques, disciplines qu'il a eu l'honneur d'enseigner au Collège de France pendant dix ans (2004-2014) après avoir été professeur à l'Université de Neuchâtel -, DENIS KNOEPFLER n'abandonne pas pour autant les principes d'une rigoureuse méthode d'investigation, qui lui permet d'établir, sur la base de documents nouveaux ou méconnus, quelques petits faits vrais. Qu'il s'agisse, en l'occurrence, d'un épisode individuel (bien révélateur, néanmoins, des courants littéraires qui se font jour en ce début des «années folles» de l'entre-deux guerres) ne change rien à l'affaire : car seule compte cette passion de la découverte que l'auteur a manifestée si souvent dans ses travaux antérieurs, en particulier dans un récent essai sur La Patrie de Narcisse (Paris, Odile Jacob, 2010) et, maintenant, dans la mise au jour progressive, avec le concours de l'École suisse d'archéologie en Grèce, du sanctuaire de la grande Artémis d'Amarynthos, au coeur de l'île d'Eubée. Ici, l'enquête le conduit sur les traces d'autres figures féminines, appartenant à un passé certes moins lointain mais tout aussi révolu : une manière pour lui de rendre hommage à sa femme disparue, très proche parente de cette « poétesse du bureau de poste » avec laquelle Rilke ne dédaigna pas de s'entretenir, puis de correspondre pendant un temps depuis le manoir de Muzot.
En décalage avec une partie importante des représentations actuelles de la relation amoureuse et passionnelle, l'époque classique aborde de front et comme un enjeu majeur le rapport complexe et quelquefois violent que la passion entretient avec le pouvoir : elle installe la relation de pouvoir au sein même de la passion et instruit le procès de cette relation en termes de conflit, de contradiction ou de compromis. Cette problématique fait dans la recherche présentée dans ce volume l'objet d'abord d'une approche générale, théorique (Nicole, Bossuet) : qu'est-ce que le pouvoir ? Qu'est-ce qui se joue dans les effets de celui-ci lorsqu'ils traversent, structurent, déstructurent, violentent les lieux et les moments les plus intenses des relations passionnelles entre les êtres humains? On a pour cela distingué trois grandes « variations », selon le genre où elle apparaît en pleine lumière : la tragédie (Racine), la comédie (Molière), la lettre (Mme de Sévigné). Genres, c'est-à-dire variations en rapport avec la distance plus ou moins grande ou la nature différente des forces en relation dans la réalité et ses différentes représentations : cérémonie tragique, spectacle bouffon ou burlesque, échanges différés et à distance dans une logique d'une ascèse de l'écriture.
Bénédicte VAUTHIER.
Preliminares (a unas Teoría/S archipiélicas).
Sección monográfica Luis BELTRÁN ALMERÍA & Fernando ROMO FEITO La teoría de los géneros como filosofía de la historia del discurso Marco KUNZ Inhibición y destabuización en la productividad cultural de acontecimientos históricos.
Natalia FERNÁNDEZ.
El sentido de la comparación poesía-pintura en la teoría literaria de la España áurea.
Vicente Luis MORA.
Líneas de subjetividad renacentista y sus ecos en la oda «Noche serena» de fray Luis de León.
Gustavo GUERRERO.
Temporalidad, literatura y poesía en el último fin de siglo latinoamericano.
Ottmar ETTE.
Worldwide - weltweit: De la vida en mundos transarchipiélicos.
Adriana LÓPEZ-LABOURDETTE & Valeria WAGNER.
Del pensamiento a la práctica decolonial.
Pauline BERLAGE.
Mundialidad hispánica y literatura de la migración.
Julio PEÑATE RIVERO.
Para una historia del relato de viaje hispánico (siglos XIX-XXI): noticia de una investigación en marcha.
Sección de tema libre.
Juan Antonio GARRIDO ARDILA.
Carlos Fuentes o la crítica de la historia.
Adriana ABALO GÓMEZ.
Análisis del dossier genético de «La muerte bailando», un relato recuperado de Ramón del Valle-Inclán.
Matteo M. PEDRONI.
Autunno 1916. Note introduttive.
Giovanni CAPECCHI.
Le scritture della Grande Guerra: forme, tempi e luoghi.
Sveva FRIGERIO.
Sul Giornale di guerra e di prigionia di Carlo Emilio Gadda.
Giuseppe SANDRINI.
In trincea con gli antichi. Ricordi dei classici nei diari e nelle testimonianze della Grande Guerra.
Enza DEL TEDESCO.
«L'Italia verrà a Trieste». Ritorneranno: storia romantica dell'irredentismo triestino.
Fabio MAGRO.
«Alle inzòart! Tutto è fi nito». Su Storia di Tönle di Mario Rigoni Stern.
Simona TARDANI.
Ungaretti sulla «strada di guerra»: metamorfosi di un topos.
Gilberto LONARDI.
Lettura di «Valmorbia...».
Massimo NATALE.
Sul Piave con Zanzotto.
Marco MONDINI.
Sacrifi cio, riso ed eroismo. I canti della Grande Guerra come testo mitopoietico.
Denis LOTTI.
Incubo di guerra. Francesca Bertini tra metacinema, divismo e propaganda.
Suisse Étienne BARILIER : Le don des formes.
Michèle CROGIEZ LABARTHE : Lire L'Émigré de Sénac de Meilhan (1797) en 2015 : anachronisme ou actualité ?
Jérôme DAVID : Enrichir, dialoguer, déchiffrer, ou : de la justifi cation de l'enseignement de la littérature au XXIe siècle.
Sylviane DUPUIS : Pourquoi enseigner la littérature (et y croire encore) ?
Peter FRÖHLICHER : Des vertus de l'analyse de texte. Pour un tournant littéraire.
Thomas HUNKELER : Récemment, à la Cafétéria des Lettres.
Laurent JENNY : Méthodes sans questions, questions sans méthodes.
Patrick LABARTHE : Doce, esto memor.
Daniel MAGGETTI : Velan comme viatique.
Olivier POT : Osons être des littéraires.
France.
Bertrand MARCHAL : À quoi bon l'enseignement de la littérature ?
Sarga MOUSSA : L'apport de l'orientalisme à l'enseignement de la littérature française : le point de vue d'un chercheur au CNRS.
Claude PÉREZ : Réponse à une enquête.
Dominique RABATÉ : Une question de périmètre.
Thierry ROGER : Littérature appliquée : l'expérience contre l'expertise.
Autriche.
Peter KUON : Lire une partition.
Allemagne.
Wolfgang ASHOLT : De l'utilité et de l'inconvénient des études (des avant-gardes) historiques pour la Romanistik.
Roswitha BÖHM : Pourquoi la passion l'emporte toujours.
Vittoria BORSÒ : Enseigner le goût de la littérature française - « Recruter » les jeunes sous son égide. Réflexions sur la place de la littérature française dans l'enseignement.
États-Unis.
Hans Ulrich GUMBRECHT : Confusing Present. Teaching (French) Literature in Silicon Valley.
«Scrivere è anzitutto una predisposizione all'ascolto del senso profondo della vita, una necessità positiva di indagare e di capire, un modo di vita, direi.» Alice Ceresa (1991)
Les éditions et émissions des Pensées de J.J. Rousseau ont permis de propager les pensées du philosophe de Genève, de les rendre pécuniairement accessibles à un grand nombre de lecteurs de fortunes diverses qui ont pu ainsi aborder avec bonheur la quintessence des pensées formulées dans l'ensemble des oeuvres de Jean-Jacques Rousseau.
À propos des Pensées de J.J. Rousseau, Ralph Alexander Leigh regrettait que la bibliographie des différentes éditions et émissions de ce recueil d'extraits méthodiques des ouvrages de Jean-Jacques Rousseau n'ait pas encore été établie. En 1924, quelques pages substantielles de Théophile Dufour avaient certes déblayé utilement le terrain en dépit de quelques inexactitudes majeures, mais beaucoup d'imprécisions subsistaient.
Malgré la publication de quelques articles et courts chapitres dans des divers ouvrages, il semble qu'aucun chercheur ne se soit aventuré à analyser les différentes éditions et émissions de « versions portatives » des oeuvres de Jean-Jacques Rousseau. Cette analyse matérielle et textuelle des éditions des compilations des oeuvres du citoyen de Genève parues durant le dix-huitième siècle a donc l'ambition d'apporter quelques lumières aux chercheurs historiens du livre sur le chemin bibliographique fort complexe de ces compilations.
Toute bibliographie a probablement deux fonctions. La première est d'encourager et de stimuler les recherches en informant le lecteur de ce qui a déjà été publié auparavant sur le sujet qui le préoccupe, en lui permettant d'affiner son travail et d'aller plus loin que ses devanciers. La seconde est à l'opposé. Tout bibliographe éprouverait sans nul doute un grand contentement s'il parvenait à décourager l'innocent qui s'imagine être le premier à aborder tel ou tel sujet ou le paresseux sans imagination qui a proposé celui que cinquante autres ont traité avant lui. Le bibliographe se dit que son travail l'amènera à en prendre conscience et que l'innocent ou le paresseux reculera ou prendra une autre direction. À l'heure où la recherche mondiale s'est mise à la pratique du « publish or perish » et où des métiers aussi différents que celui d'enseignant et de chercheur n'en font plus qu'un, à l'heure aussi où, comme le notait Raymond Trousson, une véritable inflation de la recherche se manifeste, une bibliographie la plus complète possible de ce qui a été publié depuis le XVIIIe siècle sur J.-J. Rousseau s'avère grandement nécessaire. Il y a peu de chance qu'elle fasse taire les spécialistes du philosophe. Les stimulera-t-elle ? Nous l'espérons. Le présent volume offre, classées par siècle et par ordre alphabétique des auteurs, les études générales réalisées sur Rousseau, ainsi que celles consacrées aux sources et aux auteurs et courants en amont de l'oeuvre de celui-ci.
Semenza Ausaat.
Scrit Mit dem Finger.
Cun il det In den Schnee.
En la naiv geschrieben.
Sultgà den Boden.
Il funs urbar gemacht.
Per poesias für Gedichte.
Clo Duri Bezzola (1998).
Claude Lévi-Strauss, en son retentissant hommage de 1962, fit de Rousseau « le fondateur des sciences de l'homme ». Seulement, il en va de cette désignation comme de celle d'un « Montaigne humaniste ». Répétées à l'envi depuis, elles contribuent le plus souvent à justifier l'humanisme, contre lequel ces auteurs s'élevaient, et à conforter orateurs et auditeurs dans leurs certitudes que l'homme qui a détruit les sauvages et qui est une catastrophe planétaire - à qui la presse donne chaque jour confirmation de ses méfaits, est ce qu'il y a de plus beau, de plus grand et de plus avancé sur la planète. Notre époque, ni plus ni moins outrancière, en cela, que les autres, a tôt fait de mettre Rousseau au service d'une anthropologie vague, façon Troisième République, dont l'homme avec un grand H est le centre d'où émanent des discours pseudo-scientifiques multiples qui le légitiment et qu'il légitime. On ne peut faire lecture plus tronquée de la formule de Lévi-Strauss. Le texte, d'où elle est issue, y constitue, en effet, un véritable brûlot, contre cet humanisme qui, au nom d'une prétendue nature de l'homme, multiplie les lectures empiristes et positivistes de l'oeuvre, en particulier pour ce qui touche, entre autres, à la politique de Rousseau. Il convient de redonner tout son sens à l'hommage straussien et pour ce faire, ne siérait-il pas aux chercheurs en sciences humaines d'aujourd'hui philosophes, sociologues, littéraires, historiens, juristes, économistes, psychanalystes, éthologues, primatologues, de penser, ensemble, les limites d'une telle anthropologie afin de s'interroger quant au contenu et aux méthodes de leur discipline respective vis-à-vis de la réflexion de l'homme, initiée par Rousseau ?
Dossier thématique:
L'actualité de Benjamin Constant.
Actes du colloque international tenu à Lausanne le 6 mai 2017.
Pierre Bessard et Olivier Meuwly : Introduction : Pourquoi marquer les 250 ans de la naissance de Benjamin Constant ?
Ouverture.
Léonard Burnand : L'actualité de Benjamin Constant : histoire d'une question.
I. Individualité et coopération sociale.
Alain Laurent : Indépendance individuelle et individualisme libéral.
Pierre Bessard : L'impératif de la modération fiscale.
II. Les institutions de la liberté.
Damien Theillier : Les limites nécessaires à l'inflation législative.
Jean-Philippe Feldman : La Constitution, moyen efficace de limiter l'État ?
Carlo Lottieri : Démocratie limitée et concurrence institutionnelle.
III. La liberté dans la société.
Olivier Meuwly : Du principe de la perfectibilité.
Vincent Valentin : Que reste-t-il de la liberté des modernes ?
Karen Horn : Redescendu du ciel sur la terre : Constant sur la religion.
Finale.
Guillaume Poisson: Actualité d'une recherche sur Benjamin Constant : Portraits d'un député libéral sous la Restauration.
Inédit.
Chantal Quéhen : La Plume d'Encre de Benjamin Constant selon les règles du Jeu de l'Oie traditionnel.
Comptes rendus.
Cet ouvrage témoigne des journées d'étude « Penser/Classer les collections des sociétés savantes » organisées en novembre 2016 par la Société des arts de Genève dans le cadre du projet de valorisation de ses ressources historiques. Ces ateliers invitaient à s'interroger sur la constitution et les usages des collections des sociétés savantes actives en Europe à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle, et à partager des expériences sur la manière dont elles sont conservées et valorisées de nos jours. Ces ressources historiques soulèvent de nombreux défis pour qui entend assurer leur préservation, leur pérennisation et leur valorisation.
Comment sont-elles intégrées à la recherche historique ? Comment leur avenir est-il envisagé ? Comment sont-elles mises en valeur auprès du public ?
Dès son vivant, diverses rumeurs et anecdotes circulèrent autour de Rousseau. À sa mort, la légende s'amplifia et nombre d'ouvrages rapportèrent des faits, des rencontres ou des bons mots de celui qui avait bouleversé les idées et les hommes. L'époque romantique poursuivit dans cette voie et y ajouta quelques romans et diverses fantaisies qui témoignaient de l'importance qu'avait l'auteur d'Émile et du Contrat social pour les nouvelles générations. Ce fut jusqu'en Chine, au Japon et au Viêt Nam que sa popularité se répandit : des romanciers comme T?n Ðà, Huairen ou Rui Qin le firent figurer au début du XXe siècle dans leurs écrits et l'amenèrent à rencontrer Mencius et d'autres sages de chez eux ; des chanteurs de rue le firent connaître auprès des habitants des villes les plus reculées. La popularité de Rousseau s'étendit et continue de le faire, puisqu'on le trouve aujourd'hui dans les romans de science-fiction de Robert Sheckley et Roger Zelazny, dans ceux de Rezvani, Céline Minard ou Kent Anderson. La recherche universitaire a sans doute peu contribué à cette renommée, mais depuis plus d'un siècle, elle a exploré les archives et les textes, et nous a renseignés sur les lieux que Rousseau a fréquentés et les relations qu'il a eues. Elle nous a expliqué le caractère du philosophe et dévoilé les mystères qui entouraient tel ou tel aspect de son existence. C'est à répertorier ces textes que s'attache le second volume de la Bibliographie mondiale.
Rousseau : multiple, difficile et incertain... Néanmoins, dans l'ampleur d'une oeuvre qui a suscité tant de commentaires et de controverses, se tapit, au fil des détours, des nuances et des contradictions, l'unité remarquable d'une pensée aussi profonde que tourmentée. Bien qu'il ait déclaré vouloir « parler de l'homme », c'est toujours dans la nature ou par rapport à elle qu'il le situe ou le comprend. L'idée de Nature, quelle qu'en soit la déroutante plurivocité, constitue en effet l'arrière-fond à partir duquel l'oeuvre entière se déploie. Ce numéro des Rousseau Studies, se propose d'examiner - fût-ce sans promesse d'exhaustivité tant un tel travail s'avère immense - comment l'idée de nature, en tous ses replis, constitue le sol fondateur dans lequel s'enracine métaphysiquement la méditation de Rousseau. De diverses manières et avec des accents différents qui passent parfois pour le manque de cohérence d'une plume fébrile, les grands champs épistémologiques dans lesquels s'aventure la pensée - la politique, le droit, l'histoire, l'économie, la religion, la pédagogie, la musique, la botanique, la chimie... - plongent leurs racines dans une nature dont les multiples aspects possèdent néanmoins une éblouissante unité. Les auteurs montrent ici comment le génie et le tour de force de Rousseau consistent, en une ambivalence insolite, d'une part, à projeter les puissances divines de la nature dans l'existence même de l'homme et aussi, d'autre part, à détecter, dans les conquêtes d'une modernité en quête de triomphes, les vertiges redoutables que l'oubli « humain, trop humain » de la nature a engendrés au fil de l'histoire. Pour avoir compromis, voire effacé le caractère sacré de la nature, l'homme, en un geste tragique, a provoqué le malheur de sa propre conscience et de sa vie.
Fabien Dubosson, Leçons d'Asie (Lovay et La Tentation de l'Orient) - Tiphaine Samoyault, La fin des temps (sur Les Régions céréalières) - Thomas Hunkeler, La langue combustible. À propos de deux pièces radiopho¬niques de Jean-Marc Lovay - Stéphanie Cudré-Mauroux, Le Journal de Pinsec - Christelle Reggiani, « Un gémissement sous la langue » : le style comme espace¬ment dans Polenta - Pierre Schoentjes, Une saison en hiver : Polenta de J.-M. Lovay - Jérôme David, Assemblements de Lovay : un « arte povera » de l'ontologie romanesque - Sylviane Dupuis, Ce que nous disent les romans de Lovay sur « l'immense fabulation » de l'écriture (Tout là-bas avec Capolino et Chute d'un bourdon) - Bernard Wallet, « Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent pour partir » - Jean-Marc Lovay, Lettre inédite.
« Für mich kann eine Stadt nicht gross genug sein. Ich bin wirklich ein Grossstadtnarr, ein Wahnsinniger. Ich bin ein ausgesprochener Pflastertreter, ist für mich als Stichwort wichtiger als . » Paul Nizon
La présence de la préciosité chez Rousseau et l'influence des précieuses n'ont guère intéressé les spécialistes du philosophe jusqu'à présent. Celui-ci avait pourtant signalé l'importance de ses premières lectures et la place qu'y tenaient les romans précieux. Des sources littéraires communes lient incontestablement Rousseau à ce courant. L'Astrée d'Honoré d'Urfé, Cassandre et Cléopâtre de La Calprenède, et Artamène ou le grand Cyrus de Madeleine de Scudéry ont contribué à sa formation intellectuelle. Mieux, ils en sont l'origine. Rousseau leur doit une raison d'une trempe spéciale et des « notions bizarres et romanesques » de la vie humaine « dont l'expérience et la réflexion » n'ont pu le guérir. La préciosité, associée à cet événement politique du XVIIe siècle, la Fronde, et constitutive de l'imaginaire du jeune Jean-Jacques, est en mesure de nous instruire du passage de la vie de Rousseau - qu'il nous a livrée dans son autobiographie, au système moral ou politique qui en est la métamorphose accomplie. Inversement, les transformations subies par l'imaginaire frondeur et précieux de Rousseau, à l'intérieur de son système, nous imposent de revenir aux textes sources afin d'en apprécier tous les écarts. Engager une recherche intertextuelle sur l'oeuvre de Rousseau et le roman précieux, sans prendre acte de la recontextualisation récente de ce dernier, paraît tout aussi périlleux que de s'y restreindre sans égard aux transformations opérées sur lui par l'imaginaire et la politique rousseauistes. Si, comme l'écrit Ernst Cassirer, ce qu'il advient de ces rayons irradiant l'esprit - les idées philosophiques - « dépend du miroir qu'ils rencontrent et qui les réfléchit », rien ne nous interdit de faire également retour, à la source incandescente, « au foyer simple qui rassemble tous les rayons ».