Ce numéro propose de retracer les relations entre les ports et stations balnéaires de la côte des Hauts-de-France et les nombreux écrivains qui les fréquentent et s'en inspirent.
Affranchir l'homme de ses contraintes biologiques, accroître ses capacités physiques, cérébrales, mémorielles, combler ses déficiences, lui épargner la souffrance et peut-être même la mort... Et si de telles ambitions ne relevaient plus de l'irréalisable ? Prothèses, orthèses, pacemakers, implants oculaires et cérébraux, stimulateurs électriques, greffes, thérapies géniques, clonage : d'irrépressibles avancées scientifiques dessinent un tel avenir à notre horizon. La nature humaine en sera-t-elle changée ? C'est ce que soutiennent les discours « transhumanistes », persuadés de l'émergence toute proche d'un « homme nouveau » : posthumain.Placé sous l'égide de l'Unesco, le présent ouvrage réunit des philosophes, des anthropologues, des littéraires, des juristes, des spécialistes de l'art et des sciences numériques autour d'écrivains qui se sont saisis de ces questions. À l'heure où Internet et les nouvelles technologies, caméras de surveillance et réseaux sociaux ont déjà puissamment modifié nos modes de sociabilité, se profile désormais sous nos yeux un nouveau Grand Récit, aussi riche de promesses que lourd de menaces.
Ce numéro met l'accent sur les rapports entre Dorgelès et la Picardie qu'il a parcourue comme soldat pendant la guerre et après la guerre Il met en valeur un roman mal connu de Dorgelès Le Réveil des morts, oeuvre éclipsée par la notoriété des Croix de bois et intéressante par l'évocation des paysages, d'événements liés à la reconstruction, du rôle des travailleurs chinois, etc.
Écrit au XIIe siècle, le Commentaire sur les six premiers livres de l'Énéide interprète les errances maritimes d'Énée et sa descente aux enfers comme le périple d'une âme en quête d'elle-même et de Dieu. Les mythes antiques y sont repensés à la lumière d'un syncrétisme philosophique hérité de l'antiquité tardive, et décryptés à travers des jeux étymologiques repris de Fulgence. Un voile se lève peu à peu sur une révélation, un voile nommé integumentum.
Un manuscrit tardif attribue ce commentaire à Bernard Silvestre, un professeur tourangeau proche des maîtres de l'école de Chartres. Nains assis sur les épaules des géants de l'Antiquité, ces clercs médiévaux se conçoivent comme des esprits novateurs, mais aussi comme des passeurs. Le Commentaire sur l'Énéide a été connu de Boccace, il a sans doute inspiré Dante. Il est donc un maillon essentiel de la chaîne de transmission et d'interprétation des mythes gréco-latins. Il est ici traduit et commenté pour la première fois en français.
La question du romanesque dans la production contemporaine se déplie en trois aspects : esthétique, historique, réflexif. Définir une poétique du romanesque à partir des pratiques récentes permet de mieux interroger les périodisations par lesquelles nous avons pris l'habitude de saisir le contemporain pour envisager à nouveaux frais le discours de la critique contemporanéiste.
Après avoir montré sur le plan théorique que le romanesque contemporain s'articule sur une tension entre le caractère figé du répertoire depuis le XVIIe siècle et ses héritages récents, les contributions proposent des études de textes singuliers. On interroge ensuite la manière dont le romanesque prend en charge l'actualité, tantôt pour reconstituer du sens, tantôt pour saper celui-ci : il devient alors un lieu de représentation critique des discours du monde. Enfin, c'est dans les écritures non-fictives et jusqu'en dehors de la sphère littéraire que l'ouvrage propose de traquer les éclats romanesques.
Comment un évènement qui fait basculer nos vies bouscule-t-il la langue ? Comment parler de guerres, d'attentats, de catastrophes naturelles ou d'autres épisodes collectifs traumatiques sans repousser les frontières du langage ? Le présent ouvrage interroge un phénomène littéraire qui s'origine dans le xxe siècle et trouve ses prolongements à l'ère contemporaine : la manière dont l'évènement percute la langue qui s'en empare, jouant avec la faille, l'indicible et le tabou. L'étude menée à travers quatre auteurs emblématiques que sont Marguerite Duras, Claude Simon, Laurent Mauvignier et Emmanuel Carrère s'étend à un corpus plus large d'écrivains qui confrontent la langue à ses limites, et, chemin faisant, contribuent à une esthétique de l'évènement.
En dialogue avec l'oeuvre de Bernard Schneuwly, 15 contributions questionnent les fondements épistémologiques de la didactique du français et la construction d'une discipline scientifique. Quels sont les objets, les composantes et les démarches méthodologiques qui la configurent ? Quels sont les apports des travaux sur la constitution historique d'une discipline scolaire ? Venant des quatre coins du monde, les contributeurs éclairent d'une façon nouvelle les enjeux de l'enseignement d'une langue dans le monde francophone et ailleurs. Ils mettent en débat les principes de constitution et l'évolution dynamique d'une discipline scolaire. Ils interrogent les objets de la discipline aussi bien dans des recherches en ingénierie didactique que dans des analyses de pratiques d'enseignement. Les trois volets de cet ouvrage font ainsi écho au parcours de Bernard Schneuwly et nous invitent à poursuivre les réflexions sur les outils conceptuels qu'il a développés.
Sandrine Aeby Daghé, Ecaterina Bulea Bronckart, Glaís S. Cordeiro, Joaquim Dolz, Irina Leopoldoff, Anne Monnier, Christophe Ronveaux, Bruno Vedrines.
Après la Seconde Guerre mondiale, le bloc de l'Est n'oublie pas Zola, l'auteur de Germinal, l'intellectuel engagé ; il est vu comme un grand « défenseur de la vérité », et ce malgré les réticences de grandes figures marxistes, d'Engels à Lukács. L'analyse de la réception de cet auteur en URSS et au sein de sept démocraties populaires montre que s'il y a bien des invariants dans le discours marxiste porté sur Zola, chaque pays traite à sa façon de son oeuvre et de son engagement.
Ce livre constitue ainsi une synthèse inédite d'une réception idéologique et transnationale attentive aux particularités nationales.
Ce volume examine diverses traditions d'approche critiques et esthétiques du quotidien au Japon et en Occident du XIXe au XXIe siècles, chez des auteurs et artistes comme Sôseki, Mishima, Ozu, Bresson, Barthes, Michaël Ferrier ou Raymond Williams. Envisager de la sorte la question de la quotidienneté et de l'ordinaire du point de vue de l'esthétique et la culture japonaises permet, grâce au décentrement opéré, de penser à nouveaux frais la manière dont ces notions ont été jusqu'ici abordées au niveau théorique en Occident.
Tanguy Viel est un romancier contemporain, publié aux éditions de Minuit connues pour leur veine formaliste, qui, après avoir exploré les interactions entre littérature et cinéma, interroge le pouvoir de la littérature à dire le vrai, comme le droit, ou à s'égarer dans les puissances du faux.
Figures majeures des nouvelles poésies depuis les années 1960, fondateurs du spatialisme, Ilse Garnier (1927-2020) et Pierre Garnier (1928-2016) sont aussi les auteurs d'une création prenant pour thème la cathédrale et l'imaginaire qui lui est associé (l'architecture, le Moyen Âge, ou encore le picard pour Pierre Garnier). Leurs oeuvres respectives montrent que la cathédrale n'est ni le privilège du Moyen Âge qui vit construire la plupart de ces églises monumentales, ni celui du XIXe siècle où elles furent restaurées et devinrent objets de fiction, ni celui des auteurs catholiques. Chez Pierre et Ilse Garnier, ouvertement non croyants, elle renvoie à un faisceau conceptuel multiple, entre attachement aux racines régionales et désir d'universel, passé et présent, spiritualité et immédiateté du concret, langue française et picard, poésie linéaire et poésie spatiale. Densité historique, enracinement local, désir d'élévation et modèle esthétique s'y cristallisent, apportant une nouvelle fois la preuve que le passé n'a rien de contradictoire avec l'avant-garde.
Premier grand cycle romanesque du XXIe siècle, M.M.M.M. rassemble quatre textes publiés en à peine plus d'une décennie et célébrés par la critique : Faire l'amour (2002), Fuir (2005, prix Médicis), La Vérité sur Marie (2009, prix Décembre et prix triennal du roman de la Fédération Wallonie-Bruxelles), Nue (2013).
Ce numéro constitue la première approche systématique de la tétralogie et réunit les meilleurs spécialistes de Jean-Philippe Toussaint, dont elle est le chef-d'oeuvre.
Les Soleils des indépendances, Monnè outrages et défis, En attendant le vote des bêtes sauvages, Allah n'est pas obligé et Quand on refuse on dit non.
Premier écrivain africain francophone, Ahmadou Kourouma est l'auteur d'une oeuvre romanesque qui a marqué et bouleversé la littérature africaine francophone et le champ éditorial français.
Au croisement des langues, des cultures, des histoires (notamment celles de la colonisation et de la décolonisation en Afrique), oscillant entre comique et tragique, ses romans constituent, depuis Les Soleils des indépendances paru en 1968, la meilleure approche du Divers...
Accueillante et commune, l'idée de monde implique pourtant bien des débats: elle semble faire violence au pluriel (l'universalisme, la colonisation), à la diversité des espèces naturelles (par l'asservissement technique et mondialisée de la terre); sa diversité pose problème à toute tentative de totalisation conceptuelle. Polémique, le monde est aussi d'une grande richesse, relançant notre désir d'habitation poétique au monde.
Ce dossier s'attache aux interférences de la chanson et du roman de langue française, depuis 1968 : que demande le roman à la chanson ? que retiennent les chansons des romans ? Il observe les figures hybrides de romanciers devenus auteurs de chansons et de chanteurs devenus romanciers. Il examine les collaborations artistiques de romanciers et de chanteurs. À travers zones de frottement et de porosité, il cerne les enjeux d'une aimantation réciproque et le maintien de singularités irréductibles.
Conçue pour des lecteurs de culture française, dans une perspective comparative, cet essai introductif place quelques repères sur le terrain faussement proche ("Dostoïevski et Tolstoï"), mais en réalité mal connu de la littérature russe.
Ces repères, qui restent le plus souvent implicites dans les ouvrages disponibles, sont abordés ici dans une démarche progressive, à partir des stéréotypes les plus courants (la francophonie du "prince russe", "l'âme russe"), pour aboutir aux questions les plus pertinentes, comme celle de la relation singulière de la littérature russe avec "la vérité", qui lui donne une coloration prophétique, exotique.
Les spécificités de la littérature russe, ses différences avec la littérature française, sont présentées de la manière la plus accessible possible, à l'aide de quelques outils parmi les plus largement utilisés dans les études littéraires, comme la théorie du "champ littéraire" de Bourdieu, ou la réflexion de Foucault sur la "fonction-auteur".
La présence d'un narrateur fictionnel dans tous les récits de fiction est l'hypothèse fondamentale qui distingue la narratologie des théories narratives antérieures. Cependant, dès les premières formulations de cette hypothèse, des voix se sont élevées pour dénoncer une simplification excessive et une dangereuse confusion des questions. La Théorie du narrateur optionnel est le premier ouvrage collectif qui aborde la question du narrateur du point de vue de la théorie du narrateur optionnel.
Sylvie Patron est connue pour ses travaux en faveur de la théorie du narrateur optionnel. L'ouvrage comporte également des essais signés par des chercheurs de renom international. Il couvre un large éventail de genres, du récit biblique à la poésie, en passant par la bande dessinée.
L'ouvrage présente un ensemble d'arguments invitant à réserver le concept de narrateur fictionnel aux cas où l'on peut considérer que l'auteur a créé ou construit ce narrateur dans une démarche intentionnelle.
Depuis qu'elle a délaissé le formalisme et est redevenue transitive, la littérature française s'est redonné des objets extérieurs à elle-même. Dès lors elle s'avance sur le terrain spécifique des sciences humaines et sociales et entre en dialogue avec ces disciplines. Poursuivant le travail engagé dans le n°321 de la RSH sur le savoir historique du roman contemporain, ce volume-ci enquête sur les savoir littérature de la littérature actuelle et sur les usages - documentaires, fictifs, romanesques... - qu'elle en fait.
S'il rejoint les recherches de quelques grands contemporains, Michel Chaillou produit cependant une 1/2uvre résolument en marge, marquée par une exigence jamais démentie d'une forme sui generis, qu'il allie à une quête inlassable de l'espace littéraire. Cette quête prend la forme d'explorations géographiques, de voyages dans le temps ou de rêveries hypnotiques. De ces multiples échappées singulières, cet ouvrage s'efforce d'étudier les perspectives atypiques et les intrigantes lignes de fuite.
Le numéro Arras entre dans le cadre des numéros que la revue nord' consacre aux villes. Il entre donc dans une collection et en même temps présente la richesse patrimoniale et littéraire de la ville d'Arras depuis le Moyen Age jusqu'à la période contemporaine.
Pour la première fois en France, des chercheurs spécialistes de la fin du Moyen Âge se sont rassemblés pour discuter et proposer des clefs de lecture permettant de saisir l'essence d'un classique au succès international : L'Automne du Moyen Âge de Johan Huizinga. Toujours d'actualité pour son impressionnant pouvoir de suggestion, le chef-d'oeuvre du grand intellectuel néerlandais, paru en 1919 et traduit en français en 1932, s'adresse à tous ceux - littéraires, philosophes, historiens et historiens de l'art - qui ont su repérer dans ce livre une autre façon de penser et d'écrire l'histoire du XVe siècle septentrional. S'attachant particulièrement aux formes de vie et de pensée, l'écriture de Huizinga peut se révéler déroutante pour un public de chercheurs attachés à une méthodologie plus rationnelle. Les réflexions rassemblées ici permettent de faire le point sur les raisons qui font de cette oeuvre, si controversée soit-elle, une référence mais aussi un trésor d'inspirations et d'intuitions toujours aussi stimulantes après un siècle d'existence.
Les études rassemblées dans ce numéro embrassent plus de deux siècles d'écritures de la ruralité, à partir des prodromes de la conscience écologique au 18e siècle jusqu'aux écritures les plus contemporaines. Elles en montrent l'évolution, en relation avec l'histoire du monde rural. À l'heure des inquiétudes environnementales, le thème de la campagne, longtemps resté en retrait de l'actualité littéraire, présente une fécondité inédite, comme en témoignent la diversité et l'invention formelle des oeuvres présentées ici. Le volume s'enrichit de six textes d'écrivains, français et suisses, qui ont bien voulu contribuer à la réflexion.