Anne-Marie Stretter fait son entrée officielle dans l'1/2uvre de Duras en franchissant le seuil du casino de T. Beach, où se donne le bal : l'heure du Ravissement de Lol V. Stein a sonné. Elle disparaît secrètement, entre les vagues du Gange, à la fin du Vice-consul mais un autre récit, L'Amour, et trois films (La Femme du Gange, India Song, Son nom de Venise dans Calcutta désert) bâtissent sa légende et convoquent ses fantômes. En réalité l'ombre d'Anne-Marie Stretter se profilait dès les premiers récits de la romancière et on l'aperçoit encore, reconnaissable à sa robe rouge, dans le dernier d'entre eux, L'Amant de la Chine du Nord.
En Anne-Marie Stretter, qui forme le chiffre de l'écriture de Duras, se concentre l'enjeu d'une 1/2uvre déterminée par la nécessité de réinventer la littérature après Auschwitz, en explorant ses confins jusqu'au cinéma, cet art d'appeler les fantômes.
Ce livre propose une approche originale de l'oeuvre de Camus, celle de son rapport complexe et nourricier à la poésie.
A partir des Carnets, c'est tout d'abord sa bibliothèque poétique qui s'ouvre au lecteur tandis que les voix de Philippe Jaccottet, Claude Vigée et Abd Al Malik livrent des points de vue différents sur la dimension poétique de son oeuvre.
L'ouvrage questionne ensuite l'émergence de la poésie dans la pluralité de ses écrits afin d'en montrer les seuils et les modes d'apparition. Malgré une méfiance plusieurs fois affirmée, Camus entretient en effet une relation profonde et secrète à la poésie - qu'il ne limite pas au seul genre lyrique.
Chercheurs, poètes contemporains et compositeur entrent en dialogue afin de mieux saisir la vibration poétique singulière qui se dégage de la prose de Camus. Des textes inédits font entendre les voix de Julie Delaloye, Antoine Emaz, Charles Juliet, Nimrod et Serge Ritman.
« Les géants de la littérature du dix-neuvième siècle sont venus à Marseille poussés par un rêve. La fortune, l'amour, le voyage, les mythes orientaux, la civilisation méditerranéenne, tout prétexte était bon pour mettre le cap sur le Midi et découvrir des horizons nouveaux. Et la littérature, toujours, sort gagnante de l'expédition ; les écrivains ont pour la plupart les poches vides, mais repartent de l'escale phocéenne la tête pleine. » Stendhal, qui n'est encore que le jeune Henri Beyle, fut le pionnier. Après lui, tous y viendront : l'immense Balzac, mais encore Dumas, Nerval, Hugo, Sand, Flaubert, Zola, Maupassant... Chacun avec son fantasme, chacun avec son idée en tête, chacun avec ses bonnes surprises et ses mauvaises fortunes. Marseille s'ouvre à toutes les voix et influence toutes les oeuvres.
Une promenade littéraire éblouissante dans le sillage des plus grands écrivains, au coeur de la ville des espoirs les plus fous.
D'Aristote à Freud et Bataille en passant par Baudelaire, les théories du rire se sont succédées, alors que les oeuvres les débordent et se jouent des classifications. Cet ouvrage privilégie une époque charnière qui est celle d'un rire «moderne», durant laquelle l'humour prend le pas sur le comique.
Alors que Bergson perpétue avec succès une conception «classique», ses contemporains et leurs héritiers de - de Villiers de l'Isle-Adam ou Alphonse Allais, à Yves Klein et Boby Lapointe - privilégient l'insolite, l'ineptie, l'absurde, le sublime, en provoquant un malaise parfois mêlé d'effroi.
Voici le premier livre en français consacré à l'ensemble de l'oeuvre d'Elsa Morante. S'appuyant sur les travaux et les témoignages les plus contemporains il fait apparaître toute la richesse et la diversité du travail d'une autrice dont Alberto Moravia disait qu'elle était la plus importante de la seconde moitié du XXe siècle. Expérimentations poétiques, traditions romanesques, féminisme, engagement politique, réception et filiations : tels sont les thèmes qui permettent de comprendre et d'apprécier les nouvelles, les romans, les essais, les poèmes de la célèbre écrivaine italienne.
Quand on lit du Balzac, que lit-on aujourd'hui ? Que lisait-on hier ? Comment ? Ce regard rétrospectif sur vingt années de lectures balzaciennes dessine les contours d'un Balzac composite, du panthéon scolaire qu'il représenta longtemps au statut de « moderne » qu'il prit au tournant des années 1960, enfin d'un contemporain de son siècle autant que du nôtre, un Balzac ininterrompu.
L'inscription de la lecture dans le texte des romans (personnages lecteurs, métadiscours, programmation implicite), la question du public visé, des supports de l'écriture (format, collection, mise en pages), des variations de la réception, telles sont les recherches au c1/2ur de ces études des composantes d'une pensée en acte de la lecture. Car Balzac ne se contente pas de donner et d'apprendre à voir à travers son regard, il propose un déchiffrement du monde qui intègre ses propres livres, jusqu'à penser leurs conditions de production et de réception, les faisant percevoir comme d'inépuisables vecteurs de liaison et d'interprétation.
Ce volume étudie, dans les textes littéraires du Moyen Age au XXIe siècle, le brouillage des normes et des stéréotypes de genre : le concept de genre, qui a profondément transformé l'approche des sciences sociales et humaines, restait encore peu exploité dans les études littéraires. Subversions, brouillages, défaussements explicites ou clandestins, appropriation des attributs assignés à l'Autre, redistribution des catégories, physiques, mentales, sociales...
Quels sont les moyens spécifiquement littéraires mis en oeuvre pour mettre en question un système binaire figé ? Comment ces stratégies littéraires et leurs enjeux varient-ils à la fois en diachronie et selon les genres littéraires ? Qu'ils soient de l'ordre du jeu ou qu'ils relèvent d'une résistance politique et de perturbations esthétiques, les phénomènes d'hybridation et de réversibilité des codes viennent défier les performances traditionnelles du genre.
Si le travestissement reste pendant des siècles l'outil principal du brouillage, la modernité sonde les voies d'un au-delà multiple du genre, allant d'une érotique subversive à des interpénétrations existentielles et identitaires de fond, particulièrement sensibles dans les littératures contemporaines d'expression française de par le monde.
« C'est à l'horizon de nos pensées et de nos langues que se tient l'animal, saturé de signes ; c'est à la limite de nos représentations qu'il vit et se meut, qu'il s'enfuit et nous regarde. » C'est ainsi qu'Élisabeth de Fontenay dessine l'espace de nos rencontres avec les bêtes. Les contributions réunies ici donnent la parole à des spécialistes de diverses disciplines et invitent à explorer cet horizon sous de multiples angles d'approche : de l'éthologie à la littérature, de l'histoire à la linguistique, de la philosophie à l'histoire de l'art. On y évoque les destins d'animaux singuliers et on y développe des réflexions théoriques sur les projets de portraits, de biographies, de figurations animales qui ambitionnent d'être fidèles à la nature de leur sujet.
Rebelle à toute assignation identitaire dès sa fracassante entrée en littérature en 1991, Nina Bouraoui n'a eu de cesse de revendiquer sa place, pleine et entière, dans la littérature française. Récusant les marqueurs particularistes ethnoraciaux ou genrés, elle donne du fil à retordre aux discours médiatiques et parfois universitaires qui classent hâtivement sa production littéraire dans le pôle francophone minoré. Sa posture littéraire s'oppose ainsi à la définition étriquée de la littérature française tacitement réservée à une catégorie singulière d'écrivains, un groupe supposément homogène par essence et dépositaire exclusif de l'universalisme : la blanchité. Malgré une forte notoriété et des oeuvres conséquentes, le champ littéraire français peine à se départir de ses hésitations sur la manière de classer l'auteure de Mes mauvaises pensées (prix Renaudot de 2005) et, partant, de gommer une fois pour toutes les désignations multiples et parfois contradictoires de sa position dans le champ littéraire français. Nina Bouraoui est-elle une autrice francophone ou française ? Subversive et parfois opportuniste, elle jongle avec les lignes, brave les frontières catégorielles et bouscule l'immobilisme des cadres normatifs. Sa littérature reste un témoin des ambigüités de notre temps et des proclamations universalistes qui restent à satisfaire.
Du vivant de la revue Arguments (1956-1962), Adorno a prononcé, en 1958 et 1961, deux cycles de conférences en France. En amont de ces invitations, des échanges se sont noués avec les principaux acteurs de cette revue, certes marginale et éphémère, mais réunissant des figures éminentes du champ intellectuel français : Edgar Morin, Kostas Axelos, Georges Friedmann et Lucien Goldmann, notamment. Ils ont développé ensemble un discours à la croisée de la sociologie de la culture, de la philosophie politique et du fragment moral.
La Grande Guerre, par la profonde modernité de sa violence et par son ampleur, paraît avoir redessiné les contours de la plupart des identités de son temps. Les expériences brutales de mixité sociale, la soumission à un pouvoir fort et centralisé, l'exaspération de la haine de l'ennemi ou la découverte d'une violence déshumanisante ont conduit à autant de bouleversements majeurs dans la manière de se percevoir et d'appréhender l'altérité, amie ou ennemie. Naturellement, ces mutations eurent des répercussions sur les arts, qui durent non seulement accueillir et repenser ces nouvelles identités, chercher des moyens de les influencer politiquement et moralement, voire renouveler leurs outils et techniques en conséquence. Ainsi, cet ouvrage entend montrer à travers une grande diversité de productions sur la guerre (correspondances, marionnettes, art pariétal, caricatures, romans, films, bandes dessinées, etc.) comment les arts, loin d'être de simples réceptacles, devinrent de véritables fabriques des identités individuelles et collectives. Pour éclairer les questions de la stéréotypie et de la « culture de guerre », du support et de la matérialité, ou encore des mobilisation et démobilisation du champ qui les réunissent, les ½uvres ici interrogées intègrent des artefacts populaires aussi bien que les productions les plus légitimes. Dans la même perspective, les contributions réunies dans ce volume embrassent une période courant de la guerre à l'extrême contemporain, de manière à éclairer la problématique de la mémoire aussi bien que celle des identités combattantes.
« Faut-il donc tant d'espace pour voyager ? Celui de ma bibliothèque me suffit. Je ne suis pas un explorateur. L'idée même m'en fait rire », disait Jackie Pigeaud. « Mais dans ma bibliothèque, je suis un aventurier, un corsaire qui aime l'abordage ». La grande aventure des Entretiens de La Garenne-Lemot autour de L'héritage gréco-latin se termine aujourd'hui avec sa XXIIIe livraison. Jackie Pigeaud est décédé ; mais l'ouvrage témoigne partout de sa présence active. L'amitié est palpable avec ses précieuses bousculades et ses compagnonnages émaillés d'éblouissements. Savoir et création n'apparaissent pas seulement comme des résultats, mais comme des modes de sublimation par lesquels nous visons à nous auto-dépasser. Il ne s'agit pas de choisir une fois pour toutes entre l'un et l'autre, mais de retrouver leur solidarité profonde. Tous deux s'entrelacent dans un va-et-vient entre réceptivité et activité, intériorisation et extériorisation, appropriation et abandon, reproduction et production.
En quel sens sommes-nous Grecs, sommes-nous Romains ? Les continuités importent, pas seulement les ruptures. Il nous faut explorer les liens de famille entre différents savoirs et saisir le rôle des « relais » ; utiliser une philologie décapante qui serre au plus près les pouvoirs des mots ; promouvoir une rêverie exigeante et féconde, appuyée sur les ½uvres ; et, peut-être d'abord, tirer les leçons de la mélancolie en vue d'un gai savoir. De la sorte se constituent à la fois une « science de l'imaginaire culturel » et une poétique, dont l'exercice nous aide à vivre.
Le présent ouvrage s'intéresse à la présence de figures féminines issues de l'Ancien Testament dans la littérature. Les contributions portent sur divers genres littéraires, diverses époques (de l'Antiquité à la période contemporaine) et diverses aires culturelles et linguistiques. Il s'agit d'analyser la réception et la réécriture de multiples figures bibliques féminines, certaines connues, d'autres obscures ou anonymes, et la manière dont les textes littéraires se saisissent des potentialités poétiques que recèlent ces figures. D'Eve à Thamar en passant par Sara et Ruth, des filles de Loth à la reine de Saba, sans oublier les anonymes, dont la célèbre fiancée du Cantique des cantiques, qu'elles soient héroïnes comme Esther ou Judith, ou menaçantes comme la pythonisse d'Endor ou Dalila, ces femmes bibliques peuplent l'imaginaire collectif et la littérature, lui apportant soit sa matière même, soit une coloration particulière, soit encore une certaine orientation idéologique. C'est bien sous l'angle de la recréation que cet ouvrage tente de saisir la présence des figures bibliques féminines, tout en théorisant la notion d'écart entre le modèle biblique et son incarnation littéraire.
Cet ouvrage aborde les discours et les images qui représentent la traite esclavagiste, du XVIe au XXIe siècle, et sur les trois continents concernés : l'Afrique, l'Europe, l'Amérique ; il analyse notamment la façon dont écrivains et artistes se sont emparés des mémoires, des imaginaires et des traumatismes de l'esclavage pour réécrire l'Histoire.
Cette édition entièrement refondue d'une biographie de Racine (parue en 1992) bénéficie de réflexions de l'auteur plus approfondies. Elle tire parti de récentes découvertes, hypothèses et interprétations, grâce aux travaux effectués lors du tricentenaire de sa mort en 1999 et à la biographie de Georges Forestier, parue en 2006.
Tous les aspects de la vie du dramaturge, et particulièrement son oeuvre théâtrale, sont explorés. L'interprétation d'Andromaque, de Britannicus, de Bérénice, de Phèdre et d'Athalie est renouvelée. Les préfaces et dédicaces de Racine y sont comparées avec celles de ses contemporains de manière inédite et révélatrice. Son comportement est étudié dans divers domaines et époques de sa vie. Cette tentative de reconstitution de sa personnalité, de sa logique et de son caractère, n'avait jamais été faite jusqu'à présent. Elle est évidemment hypothétique, mais destinée à nourrir un débat et soutenue par ce qu'elle permet d'expliquer.
C?omment Claude Simon se représente-t-il lui-même dans ses oeuvres et ses déclarations ? Comment se présente-t-il lors de ses apparitions publiques, sur les photographies prises de lui ou à travers les documents personnels qu'il confie à la presse ou à la critique ? Plurielles et changeantes, ces figures, postures et mises en scène de soi interfèrent avec sa production littéraire aussi bien qu'avec la réception de celle-ci.
Le chef-d'oeuvre poétique de Garcia Lorca, Poeta en Nueva York, paru à titre posthume en 1940, n'a pu faire l'objet qu'en 2013 d'une édition critique établie d'après le manuscrit original. En France, deux thèses lui ont été consacrées : celle, pionnière, d'Eutimio Martin et celle de Zoraida Carandell, publiée dans cette version abrégée, remaniée et mise à jour.
Le cycle new-yorkais de Lorca, étudiant à l'université Columbia en 1929-1930, au moment du krach boursier et durant la Prohibition, est sous le signe d'une contestation esthétique, morale, raciale et sexuelle. L'intérêt croissant de ce livre aux yeux de la critique anglo-saxonne et espagnole n'a d'égal que sa descendance lyrique. Jerome Rothenberg réclame, dans The Lorca Variations, le droit d'écrire à travers Lorca et Leonard Cohen immortalise sa valse viennoise de mort et de cognac. Dans ces poèmes réputés hermétiques, chaque métaphore revisite un mythe, chaque énigme suspend le lecteur et l'entraîne dans l'ascèse de l'interprétation. Véritable récitatif du recueil, le sujet lyrique est une conscience scindée qui se heurte au visage du poète personnage, méconnaissable, assassiné par le ciel. L'expérience dérélictoire de l'aliénation urbaine a son revers heureux dans l'extase des poèmes où le sujet s'envole dans un nuage d'amour et de sable, avant le chant final des Noirs à Cuba.
Autour du rire et de l'irrévérence, deux discours antagonistes dominent notre époque : pour l'un, l'esprit de dérision a tout envahi, au point même de disqualifier le sérieux ; pour l'autre, à l'inverse, l'époque est devenue si « pudibonde » ou « politiquement correcte » qu'il est devenu impossible de rire de tout. Comment la littérature se comporte-t-elle en regard de ces discours ? Quelles sont les singularités de la veine satirique qui irrigue la création littéraire contemporaine ? Quelles sont ses cibles éventuelles et ses thématiques privilégiées ? Quelles possibilités formelles exploite-t-elle ? Quels dispositifs rend-elle possibles ? Ces questions sont abordées ici sous l'angle de la théorie littéraire mais aussi au travers d'un ensemble d'études où le lecteur croisera notamment Éric Chevillard, Marie NDiaye, Pierre Jourde, Sophie Divry, Laurent Mauvignier, Camille Bordas, Antoine Volodine ou encore Christine Montalbetti.
Comment le roman français contemporain parle-t-il de l'espace ? Et comment le pense-t-il ? Dans la mouvance de la géocritique, de la géographie littéraire, de la narratologie et de la critique sociologique, des chercheurs français et étrangers examinent ici le tournant spatial pris par le roman après 1980. Comment l'espace y est-il perçu ? Quels sont les lieux et non-lieux explorés ? Quelles sont les conséquences de la mondialisation sur les configurations littéraires ?
Au XIXe siècle, toute fiction historique constitue une sorte de millefeuille de papier. Elle utilise en effet un abondant matériau historiographique et se réfère éventuellement à des sources d'époque ; elle emprunte à la fiction antérieure, historique ou non. Les récits activent ainsi un dispositif intertextuel complexe, fondé sur la reprise et la reconfiguration de situations, de scénarios, de figures, d'images, de postures auctoriales. Leur dynamique transdiscursive leur permet de problématiser les schémas narratifs, les modèles interprétatifs, les partis pris idéologiques, de proposer des perspectives inédites. Volontiers ironiques, les fictions historiques interrogent à la fois la capacité de l'histoire à faire sens, et les pouvoirs épistémologiques et émotionnels de la fiction.
Avec le soutien du laboratoire RIRRA 21 de l'université Paul-Valéry Montpellier 3.
F?ictographies est un point de convergence entre plusieurs disciplines permettant d'évoquer la pertinence d'une vieille notion qui, loin d'être morte, est en devenir : le « pays ». La Bretagne a été choisie au motif qu'elle se donne à la croisée de deux configurations morphologiques et humaines, l'île et l'archipel, qui sont elles-mêmes des figures de l'identité. Contre la tyrannie des prétendus éveillés (« woke »), cet ouvrage est ainsi un éloge de la fiction, du pas-de-côté, de la mise à distance, de la modélisation, du littéraire contre le littéral. Fictographies propose d'approcher le « pays » de Bretagne par deux côtés : celui de la construction des représentations fictives déclarées, telles que les disposent des romanciers, des cinéastes, des photographes; et celui des modèles heuristiques tels que les élaborent des historiens, des sociologues, des géographes, sachant que toutes ces constructions, esthétiques ou savantes, ont en commun la « graphie », l'écriture.
Cet ouvrage analyse de quelles manières les différents arts s'emparent de l'altérité monstrueuse pour en penser les signes, et pour pousser ceux-ci vers leurs limites : littérature, sculpture, peinture, cinéma, bande dessinée, séries télévisées, jeux vidéos, installations et performances ont vocation à mettre en scène et à interroger les formes du monstrueux.
Avec le soutien de l'université de Bretagne occidentale.
La question du sacré a de nombreuses ramifications dans l'uvre de fiction et dans les essais philosophiques d'Albert Camus. ce volume examine l'articulation des représentations positives et négatives du sacré, au fil d'une uvre qui fait ressortir avec acuité ses ambivalences : la dénonciation d'une force d'écrasement prompte à glisser de la sphère religieuse à la sphère politique y coexiste avec le lyrisme de la dilatation de l'être dans les extases cosmiques, ou encore avec l'approche aimante et douloureuse du mystère de l'autre.
La réflexion de Camus fait jaillir du sacré lui-même le sens de la limite qui contrecarre ses propres égarements, en opposant aux fureurs totalitaires et terroristes la terreur révérencielle du sang versé et en entreprenant de refonder sur l'esprit de mesure un humanisme lucide.
Le Brésil fascine, intrigue mais aussi et inquiète et interpelle par toutes les divisions, peurs et hantises de sa population, que les résultats de l'élection présidentielle d'octobre 2018 ont mises à nu...
Depuis la redémocratisation en 1985, le pays est écartelé entre la poussée des aspirations égalitaires, parfois matérialisées par des avancées concrètes et, d'autre part, la perpétuation ou l'accentuation des injustices, notamment dans les grandes villes, particulièrement déséquilibrées et violentes, sous l'effet d'une urbanisation rapide et mal contrôlée. Le pari de ce livre est que le roman, un art de raconter des histoires pour interroger le monde et d'y trouver du sens, offre un regard stimulant sur les géographies complexes de ce pays et, plus généralement, sur des problématiques urbaines essentielles dans la société brésilienne.
En analysant sept grands romans de la littérature contemporaine, dont les intrigues se développent dans des villes situées aux quatre coins du Brésil, l'auteur de ce livre essaie de cerner comment les textes étudiés donnent à voir tant les spécificités locales que le visage uniformisé de l'urbain. Il met à jour des "archi-textures", à la jointure de l'imaginaire et de la littérature, et nous invite à parcourir les grandes villes à travers la littérature actuelle du Brésil, dont il éclaire le foisonnement et l'inventivité.