« Galilée écrivain » sera au programme du concours d'Agrégation d'Italien en 2023 et 2024 : d'où le projet d'une nouvelle biographie qui a le but de rendre la figure et les oeuvres du scientifique de Pise accessibles pour des lecteurs qui ont une formation humaniste. La clé d'accès au monde de Galilée est sa création d'une langue innovante, son choix pour la langue vernaculaire et pour un style littéraire nourri par l'imaginaire de la vie quotidienne, qui vise la démocratisation de la science. Le parcours biographique s'articule à travers dix chapitres concis qui abordent la formation de Galilée, l'enseignement à Padoue et les travaux à l'Arsenal de Venise, les découvertes astronomiques, les polémiques en faveur du système copernicien, le Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, une oeuvre presque théâtrale qui fonde la science moderne grâce au jeu de l'ironie littéraire.
Le livre aborde aussi le rapport de Galilée avec l'Inquisition, son procès, les questions épistémologiques soulevées par la méthode expérimentale, mais cette reconstruction trouve son centre dans le véritable programme culturel galiléen pour sortir la science de la superstition, pour fonder une science nouvelle capable de rendre l'humanité libre et maîtresse de son destin.
Jean-Louis Claret n'illustre pas seulement Shakespeare : il réalise une exégèse par le dessin, rendant Shakespeare immédiatement compréhensible aux étudiants et aux lecteurs-spectateurs, par des portraits à la fois hors du temps et au trait d'une grande contemporanéité. Puis il analyse son dessin, en une démarche qui en dit la genèse et le sens, de façon simple, tour à tour émue et enjouée. Une circularité s'établit donc du texte de Shakespeare au texte de Claret en passant par les silencieux personnages dessinés qui sèment la mélancolie et l'épouvante. Et cette circularité reproduit celle du théâtre, où les mots et les visions font du lecteur et du spectateur un penseur. L'exégèse dessinée : Claret invente un genre, par sa démarche de recherche-création.
Le présent volume est consacré à l'étude des traductions des écrivains italiens Italo Calvino (1923-1985) et Antonio Tabucchi (1943-2012). La traduction est conçue comme voyage du texte vers d'autres pays, mais aussi comme voyage dans le texte. En effet, elle est une clé pour mieux comprendre le tissu linguistique, culturel, intertextuel, d'une oeuvre. Les essais ici réunis explorent une variété de problématiques complémentaires, en prenant en compte la complexité du phénomène traductif grâce à une approche plurielle et interdisciplinaire.
La Méditerranée a consacré la fortune de Gabriel Audisio (1900-1978), partisan d'un bassin solaire et multiculturel avant l'heure. Ses plaidoyers pour une mer fraternelle lui ont valu, au fil des années, le titre d'« écrivain méditerranéen », voire de « médiateur » et de « passeur » entre les deux rives de la mer. Encore de nos jours, alors que la Méditerranée a regagné le centre de l'attention médiatique et académique, la mer conciliatrice d'Audisio est évoquée comme le symbole d'une utopie réalisable. Mais l'ascension littéraire de l'auteur s'est aussi accompagnée d'une longue (et oubliée) carrière dans l'administration de l'Algérie française : comment relire sa pensée méditerranéiste à la lumière de cette double posture ?
Récitation poétique, théâtre de rue, danse, performance musicale : quelle que soit son expression, la performance est, en Asie du Sud, indissociable de la littérature et participe à sa production comme à sa transmission.
Des performances du Ku?iya??am au Kérala à la danse Bharatana?yam, des musha'ira de la tradition persane, présente dans le nord du sous-continent indien, à la poésie de cour au Népal ou dans le royaume de Gwalior (Madhya Pradesh), on s'intéresse ici tant à la valorisation du spectaculaire qu'à la mobilisation du spectateur et aux usages de cette mobilisation, par la représentation théâtrale, la récitation, la danse, la performance musicale et chantée. Il s'agit de confronter les théories traditionnelles, les concepts récents de la recherche et les pratiques effectives et historiques afin d'éclairer la force émotionnelle de la performance littéraire en Asie du Sud, la nature et l'impact de l'expérience esthétique, mais aussi la façon dont la performance crée et entretient des « cultures émotionnelles » indissociables du contexte historique, social et anthropologique.
On sait l'importance qu'eurent l'information et son complément, la désinformation, au cours de la "malheureuse Guerre d'Espagne", comme la qualifia Napoléon à Sainte-Hélène. Mais on n'a jusqu'à présent guère porté attention au fait qu'elles furent bien souvent véhiculées par un genre littéraire qui connaissait alors les faveurs du public à un point que l'on a bien du mal à imaginer aujourd'hui : la poésie.
Cet ouvrage vient combler cette lacune. La "poésie d'information" au temps de la Guerre d'Espagne (1808-1814) - appelée très tôt Guerre d'Indépendance par les Espagnols, Guerre Péninsulaire par les Anglais et leurs alliés portugais - y est appréhendée sous le double regard des historiens et des littéraires et sur un espace géographique qui ne se limite pas à l'Espagne mais s'ouvre sur le restant des pays belligérants (France, Portugal et Royaume-Uni) et les pays satellites de l'Empire de langue allemande.
Volonté de rendre réel le rêve, l'utopie est cependant souvent associée à l'impossible et son seul nom dit qu'elle ne sera jamais nulle part. La publication de l'Utopie de Thomas More a créé une mode de l'utopie politique en Italie.
On verra donc ici quelques utopies de la Renaissance, mondes désirables parfois si bien pensés qu'ils en sont concentrationnaires. Mais on découvrira aussi des utopies architecturales, intellectuelles, scientifiques, idéologiques, artistiques, dont certaines véhiculent un élan d'espoir, d'autres le seul goût du paradoxe, d'autres encore basculent dans la dystopie.
Organisé en quatre parties (1. Enquêtes sociales et politiques dans les Caraïbes, 2. Stéréotype et Vérité, 3. Hybridité et système des personnages caribéens, 4.
Textes. Paroles d'auteurs), le présent volume étudie les nouvelles formes du polar caribéen qui émergent dans des systèmes littéraires restés relativement en marge des études sur le genre (à l'exception de Cuba). L'un des points forts de ce volume réside ainsi dans le fait qu'il s'intéresse aux différents systèmes littéraires de la zone caribéenne multiculturelle et plurilingue (hispanophone, anglophone, francophone), mettant en perspective les stratégies et les ressorts spécifiques dans la construction des récits policiers de cette région. Les articles du volume sont le résultat des travaux de recherche de spécialistes des Caraïbes et/ou du polar de plusieurs universités françaises (Montpellier, Rennes 2, Aix Marseille) et étrangères (Mexique, Belgique, Barcelone, Pologne, Canada).
L'ouvrage propose aussi un entretien avec le cinéaste dominicain Andrés Farías, un témoignage de l'écrivaine franco-martiniquaise Maryse Renaud ainsi qu'un texte de fiction inédit de l'écrivain cubain Amir Valle.
Cet ouvrage se penche sur les nouvelles voix de la poésie chilienne. Ces jeunes auteurs, qui appartiennent à deux « générations » de poètes (celle de 2000-2001 et celle de 2014), s'imposent sur la scène littéraire chilienne mais ne bénéficient que de peu d'études critiques. Nous nous intéressons ici à la pertinence des concepts de « jeunesse » et de « génération » permettant d'examiner le cas de ces poètes, ainsi qu'aux conditions d'émergence et à la reconnaissance de ceuxci.
Ensuite nous entrerons pleinement dans l'analyse des textes du corpus en particulier, la « rage » comme moteur de création. Enfin, l'ouvrage démontre la richesse créatrice de ces auteurs, leur lien avec une tradition poétique (Pablo Neruda, Gabriela Mistral), mais se centre aussi sur la diversité des « êtres » lyriques contenus dans leurs recueils et sur l'importance de l'aspect visuel dans leur production. Les poètes du corpus sont une preuve indéniable, en raison de leur diversité mais aussi des traits communs de leurs écritures, de la vigueur de la création poétique chilienne actuelle.