Qu'est-ce qu'écrire après la fin ? À travers l'oeuvre de Gustave Flaubert, cet ouvrage s'intéresse aux manières d'être dans le temps et d'écrire le temps au XIXe siècle.
« Emma Bovary, Salammbô, Frédéric Moreau, Bouvard et Pécuchet sont morts. Leurs vies sont déjà faites, et non à faire - derrière eux, plutôt que devant. Les personnages de Flaubert survivent certes dans l'esprit des lecteurs et leur existence romanesque se prolonge dans la mémoire lectrice d'aujourd'hui. Mais morts, ils l'ont toujours été, incapables de s'animer, dépourvus de futur dès leur première apparition sur la page. Flaubert serait, en somme, l'auteur d'une littérature déjà posthume....».
Ce livre a pour point de départ la singulière vieillesse que s'attribue Gustave Flaubert, dès le plus jeune âge, dans sa correspondance. Il propose de relire l'oeuvre du romancier comme une réponse à cette expérience du temps, héritée du romantisme mais exacerbée par la génération d'après la révolution de 1848 au point de devenir une véritable vie posthume. Il offre, du même coup, une réflexion sur l'histoire des formes romanesques au XIXe siècle, en tâchant de comprendre comment le roman flaubertien compose à partir de l'expérience posthume - comment il traduit cette expérience et comment il la produit, pour faire ressentir au lecteur dès la première page que tout est déjà terminé.
Que désigne le réalisme ou plutôt les réalismes en littérature ? Appliqué à un moment précis de l'histoire littéraire ou à une intention générale de représentation fidèle de la réalité, le réalisme apparaît depuis le dix-neuvième siècle comme une notion aussi intuitive que complexe.
Les articles de ce volume reviennent ainsi sur les différentes théories du réalisme en littérature, du réalisme socialiste à la théorie anglo-saxonne de la littérature-monde, en passant par l'école de Francfort et la sociocritique. Interroger ces différentes approches du réalisme, c'est réaffirmer la justesse de ce concept tout en justifiant une approche résolument matérialiste : il s'avère en effet impossible de conceptualiser de façon opérante le réalisme sans conjointement prendre en compte un monde social à partir duquel la littérature est écrite et pensée.
L'ouvrage se propose de tenter de cerner ses usages non pas dans toutes ses réalisations médiatiques mais dans le domaine littéraire: que désigne le réalisme ou plutôt les réalismes en littérature ?...
"Une littérature ne se définit pas seulement par rapport à ses propres héritages. Elle se mesure aussi à la différence, proche ou lointaine, de modèles étrangers, parfois dominants. Dans l'Italie de l'entre-deux-guerres, le « retour à l'ordre » s'impose notamment à travers la réception critique des auteurs français contemporains : antagonismes trop faciles, partis pris opposés que vient miner la référence au classicisme, à la fois partagée et rejetée, selon qu'elle est l'expression de nationalismes étroits ou qu'elle se fait dialectique universelle de l'Innocence et de la Mémoire.
Axe majeur, l'amitié de Paulhan et Ungaretti aboutit, avec l'édition française de Vie d'un homme, en 1939, à une expérience limite de l'altérité : l'appropriation de la langue de l'autre, dans une traduction sans original. D'autres voies sont ici explorées : les traductions, minutieusement étudiées, de poètes dans les deux langues ; les débats engagés par les principales revues françaises et italiennes. Se profilent alors le classicisme méditerranéen d'Audisio, l'hermétisme chrétien de Carlo Bo, les figures à maints égards inclassables de Larbaud et de Savinio, les médiations diverses de Fiumi et de Crémieux... Tableau contrasté, asymétrique, d'une époque littéraire trouble et fraternelle."
De La Structure du texte artistique à « Kul'tura i Vzryv » (« Culture et Explosion »), son dernier ouvrage non traduit, Iouri Lotman n'a cessé de poursuivre l'élaboration de sa théorie sémiotique du texte littéraire en explorant les ressources des passages possibles entre littérature et sciences afin de toujours mieux saisir le ressort des corrélations dynamiques à l'oeuvre dans le texte et le système littéraire. La rédaction de TLE, dont les réflexions doivent beaucoup au fondateur de l'école de Tartu, témoigne ici de la fécondité de ses travaux.
Après avoir exploré dans les numéros 10, 11 et 12 de TLE des voies nouvelles pour la théorie littéraire (épistémocritique, fractalité, chaotique), ce numéro adopte la démarche inverse et soumet la théorie à l'épreuve de textes contemporains ayant déjà absorbé les ondes des changements épistémologiques. On examine comment ces textes appartenant à des littératures nationales différentes appellent, voire imposent, des élaborations théoriques inédites.
Il s'agit ici de provoquer et de tester ces situations artistiques ou culturelles qui font jouer deux ou plusieurs domaines, plans, systèmes, genres, activités, modes d'écriture, pour étudier comment le passage par l'autre peut non seulement révéler la complexité de l'un et de l'autre mais aussi créer des types de complexité qui demandent qu'on leur invente un nouveau mode de déchiffrement.
On le sait depuis Deleuze : la pensée chemine comme un rhizome, et le sens émerge à l'entre-deux des réseaux. On explore cette nouvelle donne dans le domaine de la littérature et de l'art - à travers Pynchon et Bacon, avec Roussel et Jorge Wagensberg.
La dimension foncièrement dynamique de la cognition est aujourd'hui un sujet d'étude prioritaire, conduisant les sciences cognitives à construire de nouvelles passerelles vers la phénoménologie ou la théorie de l'évolution et apportant une contribution toujours plus importante à l'étude du langage, de l'art ou de la littérature. Pour explorer ces passages, on fait appel à des chercheurs de différents pays, de l'Afrique du Sud à Israël et du Québec à la France.
Explorer la notion d'instabilité comme acte de l'écriture, en éclairer le régime dynamique et le rôle dans la production du nouveau, telle est l'ambition de ce numéro. Les auteurs ont choisi une position frontalière, à l'articulation entre le linguistique et le discursif, le textuel et le visuel, l'instance énonçante et le corps ; ils étudient la variabilité des seuils ; ils essaient de mettre en évidence la manière dont la littérature, empruntant les concepts de la science, lui renvoie comme une fiction d'elle-même.
La théorie du chaos ayant appris aux scientifiques à trouver de l'ordre dans les phénomènes les plus aléatoires, certains chercheurs américains et français s'en inspirent ici pour rendre compte des détours inattendus du sens littéraire, mais aussi pour pratiquer de nouveaux croisements entre discours technologique, scientifique, littéraire et artistique.
Dans le cadre d'un travail transdisciplinaire Littérature/Sciences/Philosophie, TLE propose ici le deuxième volet d'une réflexion sur les fondements possibles d'un nouveau courant de la critique et de la théorie littéraires qui aurait pour but d'explorer les rapports multiples qu'entretiennent les textes littéraires et les savoirs, les textes scientifiques et la fiction.
Dans le cadre de la réflexion transdisciplinaire Littérature/Sciences/Philosophie inaugurée avec les deux précédents numéros, ce numéro propose ici une réflexion sur les fondements possibles d'un nouveau courant de la critique et de la théorie littéraires qui aurait pour but d'explorer les rapports multiples entre les textes littéraires et les savoirs, entre la forme-sens artistique et la connaissance.
Ce numéro apporte un éclairage précieux (issu d'une pratique littéraire, de l'analyse descriptive ou de la théorie) sur la démarche des écritures contemporaines, en particulier dans leur rapport à la mimesis, et permettent, à partir de corpus variés, de dégager certaines lignes de force, sans masquer les spécificités et ancrages individuels.
La revue s'intéresse ici à la résonnance du thème de la représentation dans l'écriture contemporaine en essayant de cerner les stratégies communes des textes appartenant à diverses littératures sans négliger pour autant le mouvement singulier de chaque écriture.
Alors que les relations interdisciplinaires continuent d'occuper une place importante au sein de la réflexion en sciences humaines et que leurs modalités concrètes y sont largement discutées, ce numéro propose de remettre sur le métier les notions convoquées par Bakhtine pour définir sa théorie du dialogisme : il s'agit d'éclairer sous un jour nouveau les interactions que peuvent avoir - les unes avec les autres et les unes pour les autres - des disciplines a priori fort éloignées.
L'histoire de la pensée américaine est en partie celle d'un dialogue avec les sources européennes, dialogue dont les modalités vont de l'emprunt direct à la contestation polémique et au fil duquel se construit outre-Atlantique une image parfois surprenante de la tradition théorique et philosophique propre au Vieux Continent. La France joue un rôle primordial dans ce processus, notamment depuis que la « French theory » en est venue à dominer la réflexion menée aux États-Unis dans tous les domaines liés à la littérature et aux sciences humaines. Ces échanges ne se font pas à sens unique, de nombreux théoriciens français prêtant la plus grande attention à la pensée américaine. L'objet de ce numéro sera de faire le point sur ce dialogue complexe entre France et États-Unis.
"Aux antipodes du schéma, de la figure ou de l'illustration, le diagramme, dans le geste qui le trace, convoque le virtuel et fait advenir la pensée. Retravaillant la notion introduite par Michel Foucault à propos du dispositif panoptique, Deleuze écrit: ""Le diagramme ne fonctionne jamais pour représenter un monde préexistant, il produit un nouveau type de réalité, un nouveau modèle de vérité. Il fait l'histoire en défaisant les réalités et les significations précédentes.[...] Il double l'histoire avec un devenir."" Gilles Châtelet, de son côté, parlait des diagrammes comme des ""sourires de l'être"".
Sous le triple patronage de Michel Foucault, Gilles Deleuze et Gilles Châtelet, ce numéro propose d'explorer dans ce numéro les ressources de la pensée diagrammatique, de tester les potentialités du diagramme et les expériences de pensée originales qu'il inaugure dans différents domaines: mathématiques, philosophie, littérature, architecture. Le diagramme sera aussi confronté dialogiquement à d'autres notions, telle la contrainte oulipienne."