La vie de l'esprit est-elle possible en temps de guerre ? Les idées peuvent-elles encore circuler ? Comment et grâce à qui ?
Des recherches menées sur l'Occupation allemande en France et en Belgique ont permis de mettre au jour une réalité qui bat en brèche certains clichés : en effet, l'étude tant des périodiques que des médiateurs (traducteurs, éditeurs, directeurs de revues) démontre que les années 1940-1945 furent aussi et malgré tout une période d'échanges culturels intenses durant laquelle personnes, idées et livres ont continué à voyager à la faveur de réseaux ou de personnalités spécifiques. Les traductions se sont tout particulièrement révélées le vecteur de ces circulations intellectuelles qui ont alors nourri l'Europe des Lettres.
Cet ouvrage à multiples facettes aborde les représentations du théâtre allemand à Paris durant l'Occupation, la récupération politique du romantisme en Belgique, la traduction de bandes dessinées américaines sous Vichy, sans oublier le rôle joué par des revues ou périodiques culturels français, belges, italiens plus ou moins idéologiquement orientés. On y découvre l'étendue de la pénétration allemande dans une Europe fracturée par la montée du fascisme et par la guerre, mais aussi les forces dissidentes qui s'y expriment, symboles de la résilience de tout un continent qu'illustrent les mots de Max Pol Fouchet en 1940 dans Fontaine : "Nous ne sommes pas vaincus."
Tous deux nés à la fin des années 20, Pierre et Ilse Garnier sont mondialement connus, sauf en France où ils vivaient... Chercheurs et poètes se réunissent dans ce livre et jouent le jeu de l'analyse pour faire connaître ce couple de poètes très originaux aux lecteurs français. Leurs biographies tout comme leurs travaux sur la poésie spatiale, qui associe texte et image, et sur la poésie plus conventionnelle, dite " linéaire " sont ici abordés pour initier le lecteur à deux grands oubliés de l'histoire de la littérature du XXe siècle.
La liberté de rire peut aller de l'allusion moqueuse à la provocation transgressive. Quel est précisément, en matière d'écriture épistolaire, l'effet recherché et produit d'un trait d'esprit, d'un détail comique ou d'une raillerie, selon la situation de l'épistolier et son rapport au destinataire, qu'il soit individualisé ou générique ?Cet ouvrage collectif propose d'explorer, à travers ses vingt-cinq études, les enjeux et les modalités de la plaisanterie dans la lettre, de l'Antiquité jusqu'au XXe siècle : autodérision et mise en valeur de soi, élément de détente dans une situation critique et contrepoids à la mélancolie, témoignage d'affection ou complicité avec le lecteur, contribution à une visée persuasive ou didactique, puissance affirmée par l'ironie mordante ou par des sarcasmes vengeurs...Ce volume est le 11e de la série Epistulae antiquae publiée depuis 2000 par les latinistes de l'université de Tours, le 6e édité aux PUFR dans la collection « Perspectives littéraires ».
Les écritures de l'exil témoignent de la disposition humaine au déplacement (aventure, voyage, nomadisme, bannissement...), mais aussi de la propension inéluctable de l'esprit humain à dire, à raconter, à construire et à se construire dans des récits d'une grande fécondité qui évoquent l'errance, qui partagent la souffrance, qui hurlent l'angoisse, qui clament une identité, qui revendiquent une voix, qui affirment un renouveau. L'exil peut en effet être vécu, et raconté, comme une aventure refondatrice de la vie, voire comme un espace de résistance intellectuelle, de sagesse et d'héroïsme, un moment de renaissance.
Si les histoires racontent et dissimulent (comme tout travail de mémoire) la souffrance, elles narrent aussi la victoire sur l'adversité, la capacité à rebâtir une nouvelle identité sur les ruines de celle qui a été érodée sinon éradiquée par les épreuves, mais qu'il est parfois difficile d'admettre. Raconter devient alors une part essentielle d'un processus de réparation et de renaissance, le recouvrement possible d'une identité désagrégée, que celle-ci soit personnelle ou collective, inscrite au sein d'une culture.
D'Ovide à Paul Morand, de Casanova aux émigrés de la Révolution française, ce livre nous plonge dans l'exil, source quasi inépuisable de créativité littéraire, jaillissement d'une écriture-remède à la mélancolie Avec les contributions de Catherine Douzou, Marie-Paule De Weerdt-Pilorge, Élisabeth Gavoille, Sophie Rothé, Danièle Sabbah, Jean-Jacques Tatin-Gourier, Cristina Terrile & Monica Zapata.
Quel rôle la lettre joue-t-elle par rapport à l'oeuvre ? Quelle figure de l'auteur les lettres qui commentent une oeuvre en cours ou achevée montrent-elles ? Enfin quelle relation l'auteur entretient-il avec son oeuvre et avec lui-même, à travers cet autre type d'écrit qu'est la lettre ? La lettre n'est-elle alors qu'un mode mineur d'écriture, qui reste "à l'ombre" de l'oeuvre ? Ou bien l'épistolaire est-il pour l'auteur une forme d'écriture émancipée, une libre alternative ? Et quand la correspondance elle-même fait oeuvre, comment se présente-t-elle par rapport à un autre mode d'écriture littéraire ?
Telles sont les aspects étudiés à travers ce livre, de l'Antiquité à nos jours : la lettre comme "avant-texte", atelier de l'oeuvre ; comme "après-propos", comme augmentation de l'oeuvre ou mode d'emploi interprétatif de celle-ci ; la lettre constituée elle-même en oeuvre ; envisagée comme construction de la persona d'auteur ; enfin comme questionnement du statut même de l'auteur.