Auteur d'Adolphe, roman mondialement connu, Benjamin Constant est également la figure fondatrice du libéralisme en Europe. Adolphe et Cécile, Ma vie (autobiographie inachevée) et ses Journaux, sont autant d'oeuvres pionnières et de chefs d'oeuvre du genre de l'écriture intime. Son oeuvre politique a posé les jalons de la réflexion sur les fondements des régimes démocratiques et de la vie parlementaire en France comme dans le monde ; elle constitue aujourd'hui encore une référence incontournable, notamment pour ses analyses de l'individu dans ses rapports avec la société démocratique.
L'oeuvre de Constant, de la fiction littéraire aux essais politiques, de l'histoire de la religion à la réflexion sur le théâtre, est marquée au sceau d'une pensée vive, d'un art exemplaire de l'analyse et de l'argumentation, appuyé sur un style précis, tranchant, maniant le paradoxe et l'épigramme.
C'est cette singularité d'un style et d'une pensée que les treize études de spécialistes internationaux dégagent dans ce livre.
Ils mettent au jour ce qui constitue l'esprit de cette oeuvre, soulignant son actualité pour l'homo democraticus du xxi e siècle.
Les villes sont des hauts lieux de la mémoire. Elle a son versant officiel (celui de l'auto-représentation) constitué par des bâtiments publics et des monuments. Et puis il y a tout le reste, un ensemble peu programmatique de signes ou de traces, souvent de nature plus discrète et plus fugitive, offerts au décryptage des artistes et des auteurs. En tant que dépositaires de ces divers codes historiques, les villes sont aussi des espaces de prédilection pour le travail de la mémoire subjective, elles suscitent des textes (et des images), invitent à se souvenir, à découvrir et à construire le passé.
Dans les médias, le métissage revêt volontiers la figure séduisante des plages exotiques des Caraïbes ou du Brésil : spectacle coloré d'une fête des corps offerts à la jouissance solaire, expression bigarrée d'une synthèse euphorisante de tous les particularismes et de toutes les différences.
Mais le phénomène du métissage ne se réduit pas à ce nouveau produit de consommation des sociétés post-industrielles, entraînées dans d'annuelles migrations des hautes vers les basses latitudes. Dans le processus de rapprochement généralisé que connaît l'exotisme aujourd'hui, les couleurs de l'altérité métisse ne sont-elles pas banalisées et compromises? Non, si l'on comprend le métissage en tant que contraire de l'autisme, exhibition des enjeux de la rencontre avec l'altérité, manière de déjouer l'assignation des identités comme la radicalisation ethnique.
La texture métisse s'élabore sur l'hybridation et la métamorphose des identités en contact. Phénomène interculturel et interlinguistique, double acculturation, le métissage est une manière de subvertir le dualisme identité/altérité au profit de l'universalisme et du relativisme. Consensuel et universel, le métissage séduit; perçu comme le cheval de Troie de la mondialisation, il effraie. L'intervalorisation des éléments singuliers et hétérogènes au sein du métissage ne doit déboucher ni sur l'abdication de l'identité ni sur l'amnésie culturelle.
C'est ce concept " nomade " que l'ouvrage se propose d'explorer dans le champ littéraire.