Vers le début de notre ère en particulier, dans le paysage littéraire du monde gréco-romain, les formes de prose ont occupé une position dominante et investi toutes les fonctions jadis réservées à la poésie : divertir, séduire, inventer des mondes imaginaires. Pourtant, les prosateurs n'ont cessé d'affirmer l'identité de la prose et d'exiger d'elle, alors même que la poésie devenait son modèle secret, qu'elle reste fidèle, d'une manière ou d'une autre, à son programme originel.
Avec le soutien de l'université de Poitiers.
Au cours du XVIIIe siècle, la promenade devient une pratique habituelle, d'abord comme passe-temps social, ensuite comme activité solitaire et rêveuse. Les écrivains s'approprient alors cette pratique, et les pensées ou rêveries qu'elle suscite, pour les raconter ou les décrire. La réflexion collective dont ce volume se fait l'écho est partie de l'intuition que cette nouvelle habitude de déplacement dans l'espace - déplacement sans but, gratuit, et à pied - a influencé d'un même mouvement les modes de pensée et les modes d'écriture.
Avec le soutien de l'université de Poitiers.
Depuis le XIXe siècle, les romans, dans leur immense majorité, sont divisés en chapitres. Cette norme s'est imposée et diffusée au-delà de la littérature, au point qu elle passe désormais inaperçue. Mais à quoi servent les chapitres ? Les réponses sont plus nombreuses qu'on ne peut croire : à provoquer le suspense bien sûr (encore que les choses ne soient pas si simples), mais aussi à construire le sens du roman, à orienter nos attentes, à induire un rythme de lecture, à inscrire dans le temps l'histoire collective comme l'existence individuelle... Scansion rythmique et élément structurel, le chapitre sert de fil d'Ariane à l'écriture comme à ta lecture.
Les études ici rassemblées proposent une poétique historique du chapitre depuis les romans-feuilletons du XIXe siècle jusqu'à ses usages contemporains en littérature et dans les autres médias.
L'Amérique centrale s'est trouvée au centre de l'attention médiatique pendant les années 80 à cause de l'embrasement produit par les conflits armés et du fait de l'intérêt pour les témoignages littéraires liés aux revendications politiques. Quelles voies a empruntées la littérature centre-américaine une vingtaine d'années après la signature des traités de paix dans la région ? Quelles sont ces nouvelles modalités de représentation propres à la fiction ?
La littérature centre-américaine contemporaine se présente de manière générale comme un domaine d'une grande diversité ; nous pouvons y lire une remise en question des contradictions, des luttes sociales et des discours dominants des sociétés de l'Isthme. Ces questionnements sont, à notre avis, reliés au texte littéraire du fait de la position privilégiée accordée à la subjectivité. Celle-ci a différentes manières de définir l'individu contemporain afin de renvoyer au lecteur toute une série d'énoncés tantôt intimistes, tantôt politiques et transgresseurs, qui montrent une crise dans la représentation des identités aussi bien personnelles que nationales. De quelle manière ces changements interagissent-ils dans une région conflictuelle, une région qui peine encore à définir sa propre identité ?
Nous nous intéressons de manière particulière aux procédés narratifs mettant en rapport l'intimité et la subjectivité, avec la représentation des espaces corporels dessinés dans les romans, ainsi que les espaces géographiques et les lieux de la violence. Ces éléments vont dévoiler de nouveaux engagements et de nouveaux discours à un moment qui paraît dominé par la subjectivité.
Avec le soutien de l'université de Nantes.
Cet ouvrage analyse comment la fiction espagnole contemporaine renoue avec la tradition du héros et de l'exemplarité littéraire, à travers l'étude de sept oeuvres publiées au tournant du XXe. Il met en lumière l'évolution historique de la notion d'exemplarité pour mieux en cerner les enjeux, littéraires mais aussi philosophiques, actuels. Les nouvelles modalités de l'exemplarité au sein du récit espagnol contemporain sont appréhendées à partir de la réactivation de son support traditionnel - la figure du héros - mais aussi des possibilités nouvelles qu'offrent le questionnement des frontières génériques et l'ambiguïté du pacte de lecture. Dans un monde dépourvu de consensus idéologique, les écrivains forgent leur propre grille d'interprétation du réel et substituent des réponses éthiques particulières, mais toutefois crédibles et acceptables par le lecteur, à l'imposition de vérités globales et universelles. L'exemplarité, telle quelle est à l'oeuvre dans le roman actuel, entraîne alors une nouvelle forme d'engagement caractérisée par l'énoncé d'une éthique consubstantielle à la création littéraire.
Étudier l'exemplarité de la fiction aujourd'hui, c'est donner un souffle nouveau à une question ancienne, celle de la responsabilité et de l'engagement de l'écrivain, c'est-à-dire des rapports entre le littéraire et le réel, entre l'intellectuel et le monde, à une époque qui semble paradoxalement dominée par la résignation et le renoncement. Cet ouvrage entre en écho avec les préoccupations extralittéraires de ces dernières années où l'exemplarité est revenue au centre du monde de l'entreprise et de la politique, en quête de nouveaux modèles et d'éthique.
Avec le soutien de l'EA 4327 ERIMIT Équipe de recherche interlangue (Mémoires Identités Territoires) université Rennes 2.
La notion de plasticité, délicate à définir, peut être éclairée en fonction du domaine précis dans lequel elle est contextualisée et envisagée. Le point de vue qui la met au coeur d'une dynamique de pensée est ici celui de l'analyse littéraire. En important dans le champ littéraire une réflexion a priori liée aux arts plastiques, en nommant des modalités de la plasticité révélées dans l'écriture, ce recueil d'articles explore les oeuvres littéraires avec un regard nouveau, une approche originale, car il relève ce qui, dans les écritures, suggère et réalise un rêve des écrivains, la possibilité d'une dimension sensible donnée à leur oeuvre, celle-ci transgressant les limites du lisible pour s'accomplir comme forme également visuelle et visible, sonore et audible.
Ces articles ne limitent pas leurs corpus à une époque ou à un genre littéraire (poésie, roman, théâtre). Ils prennent le parti de dégager, tant dans le contenu que dans la forme des textes, ce qui stimule chez le lecteur une perception complexe et un imaginaire doué de plasticité. Ces propositions de définitions de la plasticité centrées sur la littérature participent d'une réflexion rendue cruciale dans un contexte plus général où l'utilisation fréquente du mot « plasticité » est avérée dans de nombreux domaines.
Ce volume regroupe les textes d'une trentaine de chercheur·euses invité·e·s à examiner les usages et la pertinence du vocabulaire du pouvoir, de la puissance et de la force, dans le cadre de l'analyse, de l'interprétation et de la théorisation de la littérature. Poser à nouveau cette question, c'est relancer le mouvement même de la littérature - par le doute qu'elle entretient sur sa propre puissance et la conscience qu'elle ne relève jamais vraiment d'un régime d'exception dans la culture.
Avec le soutien de la Comue Paris-Est et du laboratoire Cellam de l'université Rennes 2.
Cet ouvrage propose une lecture critique de la production littéraire irlandaise contemporaine dans ses rapports avec l'espace et l'environnement. Il explique comment l'infléchissement du modèle de développement économique à partir de 2001, qui faisait la part belle à la spéculation immobilière et qui a constitué une cause majeure de la crise de 2008, a conduit à un effondrement brutal du récit national d'émancipation post-coloniale. L'atmosphère de fin de l'histoire qui a accompagné la chute du Tigre Celtique s'est révélée propice à un recentrage des préoccupations culturelles irlandaises autour de questions plus spécifiquement spatiales et environnementales, l'étendue des dommages sociaux et environnementaux infligés par la croissance étant devenue particulièrement visible pendant la crise. En mobilisant les outils théoriques de la géocritique, de l'écocritique et des nouvelles philosophies matérialistes, cet ouvrage mêle des études d'auteurs à la réputation fermement établie à celles de voix émergées plus récemment afin d'en suggérer les nouvelles lignes de force spatiales, environnementales et matérielles. Ce faisant, l'ouvrage entend montrer que la littérature irlandaise de ce début de XXIe siècle jette les bases d'un nouveau récit collectif structurant pour l'après-crise.
Issu d'une réflexion sur les grandes déterminations linguistiques et formelles des fictions narratives française du XXIe siecle, cet ouvrage dégage les spécificités des écritures contemporaines de fiction par rapport aux écritures narratives du XXe siecle. Quelles sont les conditions de possibilité, en somme, de son renouveau ou de sa survie ?
Avec le soutien de l'université de Poitiers.
Cet ouvrage réunit les réflexions de chercheurs européens et nord-américains sur les enjeux sociaux, culturels et identitaires des fictions modernistes. L'ensemble des études dessine un portrait de l'esthétique moderniste à partir notamment des oeuvres de Marcel Duchamp, Elsa von Freytag-Loringhoven, Hannah Höch, Pierre Loti, Colette, Maya Deren, Marcelle Tinayre, Natalie Barney, Georges Bernanos, Claude Cahun et Mireille Havet.
Ce volume se donne comme une cartographie du mot « odyssée » au sein de l'écriture essayiste, ainsi que dans les dehors et aux abords de la littérature au XXe siècle. À travers les déplacements et détournements de ce terme opérés par différents usages théoriques, par la poétique, la théorie littéraire et les sciences humaines, s'esquissent pour lui des devenirs notionnels protéiformes. Les contributions analysent aussi le surgissement d'« odyssée » dans les sciences humaines, en reliant les épisodes odysséens à leurs réécritures, à la théorie littéraire et à la question de la traduction et des langues.
Avec le soutien de l'équipe de recherche Littérature, histoires, esthétique et de l'école doctorale Pratiques et théories du sens, de l'université Paris 8 (Vincennes à Saint-Denis).
À lire les littératures d'expression française d'aujourd'hui, qu'elles soient du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne, des Antilles ou de l'Océan indien, d'Europe ou du Canada, le trait saillant des écritures est leur charge historique. La création s'y nourrit de mythes, de motifs, de thèmes surchargés de correspondances symboliques. Des imaginaires individuels et collectifs s'y rencontrent. Aussi l'ensemble des textes ici publiés relève-t-il de la « littérature comparée », dans la mesure où il témoigne d'un champ pluridisciplinaire, trans-national, pluriséculaire et multiculturel.
Avec le soutien du conseil scientifique de l'université Paris-Est, et du laboratoire « Lettres, idées, savoirs » de l'université Paris-Est.
Sandra Cheilan s'attache dans ce volume à cerner une poétique, au sens étymologique de fabrique et au sens esthétique de dispositifs mis en place par des auteurs comme Proust, Woolf ou Pessoa pour représenter la diversité de la vie intime. Conçu en scènes qui mettent en jeu la dialectique du corps et de la pensée, de soi et de l'autre, du dedans et du dehors, le roman revalorise l'infra-ordinaire, ce qui se joue en-deçà du romanesque et du notable, jusqu'aux limites de la représentation et du dicible.
Ce volume étudie comment la littérature de jeunesse s'empare des personnages mythiques : y voit-elle seulement un formidable répertoire de personnages ? Un surcroît de légitimation, notamment aux yeux des prescripteurs adultes ? À moins qu'en recourant aux mythes, elle cherche à s'inscrire dans leur temps fabuleux, celui des commencements qui toujours recommencent.
Avec le soutien de l'université du Maine.
Par-delà la posture consistant à figer l'opposition entre deux lectures opposées de la nature, l'une mesurable et quantitative, l'autre plus sensible, il s'agit ici d'affirmer que rien de ce qui se dit, ni ce qui se vit aujourd'hui ne peut se comprendre sans relire et réfléchir à la relation entre les hommes et la nature au 18e siècle et depuis. Pour ce faire, le regard porte ici vers la France et les îles britanniques, parce que les visions et les pratiques du paysage de ces pays voisins sont à la fois parallèles et distinctes.
Avec le soutien de l'université de Nantes.