Ce volume constitue le deuxième volet d'une recherche que nous avons voulu consacrer aux écritures théâtrales pour la jeunesse dont le premier est paru en 2015 dans la revue Recherches et Travaux. Ici encore, il s'agit d'examiner comment le rapport à la jeunesse correspond moins à une thématique qu'à un engagement dépassant le seul théâtre destiné aux jeunes et interrogeant à la fois le monde et le théâtre, la jeunesse et les adultes soucieux de regarder le monde tel qu'il va depuis l'enfance.
Cet engagement est ici plus précisément étudié via la focale de la poétique du drame - une poétique résolument plurielle qui ne manque pas de vivifier le champ de la littérature théâtrale contemporaine dans son ensemble. Attentif aussi bien aux poétiques de l'engagement qu'à l'engagement du poétique dans le théâtre de jeunesse, ce volume propose d'aller à la rencontre de dramaturgies et de voix singulières, telles celles d'Edward Bond, de Joseph Danan, de Daniel Danis, de Philippe Dorin, de Mike Kenny, de Claudine Galea, de Suzanne Lebeau, de Sylvain Levey ou encore de Dominique Richard.
Le guérisseur, le rebouteux, la sorcière new age, le savant fou, la "princesse de science" ou le généraliste à l'écoute tolérante : autant de figures de "docteurs" peuplant la littérature de jeunesse de leur expertise, de leur puissance salvifique, ou parfois aussi de leur malveillance. Ce sont ces contrastes, ces paradoxes et ces différentes incarnations que le présent Robinson évoque et rappelle, à la lumière de la devise "primum non nocere" du triangle hippocratique.
Soigner, guérir ou occire... scandent ainsi le trajet de l'énergie vitale, capable de ranimer la santé comme de l'anéantir, parcourant les oeuvres de jeunesse d'un influx venu de Paracelse et d'Erasme ; c'est pourquoi magie et sapience se mêlent dans les présentes contributions, redessinant les traits complexes des médecins de l'âme et du corps.
Les travaux de Rémy Colombat, réunis dans le présent volume, reflètent l'essentiel de son activité. Ils ont paru dans des revues ou des volumes collectifs, en France, comme en Allemagne. Ils font apercevoir la permanence d'interrogations qui touchent aux types de textes, à la méthode et à l'organisation de l'oeuvre poétique moderne. Ces questions étaient déjà présentes dans sa thèse d'Etat, Rimbaud-Heym-Trakl.
Essais de poétique comparée (Berne, 1986). On trouvait là en effet quelques-uns des thèmes repris par la suite, d'article en article. Ce fut d'abord la question de la modernité - poétique s'entend, et placée sous le signe d'Orphée. A Rimbaud viennent s'adjoindre du côté français Mallarmé et Valéry. Pour le domaine allemand, l'intérêt s'est porté sur Heine, Benn, Rilke, Trakl, Celan. "Moi lyrique" et "moi empirique", ambitions et limites du langage, méfiance à l'endroit d'un hermétisme de l'exégèse qui viendrait renchérir sur l'obscurité de l'écriture, triomphe d'une sphère poétique spécifique, rebelle aux asservissements et aux exploitations qui lui font violence : tels sont notamment les points sur lesquels s'articule un dialogue obstinément entretenu avec les textes.
Dans ce volume consacré aux relations mutuelles entre "l'Ouest, l'Est, et l'Ouest" en Europe, les auteurs des contributions réunies se sont intérrogés sur l'espression littéraire des sentiments de l'identité nationale dans les littératures balkaniques, sud-est ou centre-européennes, croate, grecque, hongroise, roumaine, serbe, slovène, turque et bulgare, y compris dans leurs dimensions francophones. Le dialogue ouvert a permis de commencer à mieux cerner l'émergence, depuis le XVIII siècle, dans les blakans, d'un noyau de croyances et de convictions communes, favorisées par le rôle des traductions réciproques et par l'évolution des mouvements esthétiques, renouvelées par les phénomènes de résistance et de dissidence et caractéristiques de l'apport des littératures balkaniques à la constitution de la littérature européenne.
Le mal, insondable, incompréhensible, scandaleux, a de multiples visages, l'un d'entre eux étant celui de la trahison, dont Judas Iscarioth représente, dans l'imaginaire occidental, l'archétype. Mais au-delà de celui qui " livre " ou " vend " l'ami, la trahison met en jeu un processus de défiance, qui affecte l'intimité profonde de l'individu en le rendant incapable d'assumer une relation. Il y a là quelque chose d'inexplicable qui vient hanter la littérature, les arts, la philosophie, l'historiographie de toute la culture occidentale, de Judas à Iago, de l'atmosphère de Joseph et ses frères aux Frères Karamazov, des petites lâchetés quotidiennes qui peuplent les romans de Simenon jusqu'aux hautes trahisons des mondes tragiques de Racine et de Corneille. Il y a trahison lorsque quelque chose fait défaut, que ce soit nos sens, notre intellect, notre volonté... et à chaque fois nous réintroduisons dans le monde, nous " inaugurons " comme le dit Paul Ricoeur, une forme nouvelle de la perversité et nous remettons en cause la capacité d'échange en privilégiant le retour sur soi, le retrait dans les zones les plus sombres de l'âme et de ses complaisances. Le sort de Judas, qui va se pendre après avoir jeté les trente deniers sur les marches du temple, est emblématique d'un phénomène profond et certainement mystérieux qui faisait dire à Péguy : " le véritable traître est celui qui vend sa foi, qui vend son âme ".