Extraterrestres au crâne hypertrophié... Cerveaux flottant dans une cuve, à même de manipuler rêves et souvenirs, doués de télépathie ou de précognition... Depuis ses origines ou presque, la science-fiction se creuse la tête au sujet de la matière grise. Si les neurosciences nous renseignent sur le fonctionnement du cerveau, que disent-elles de ce qu'il pourrait faire ? De ce dont serait capable un cerveau poussé dans ses ultimes limites ? Et où trouver les pistes qui explorent lesdites limites ? Dans la tête des extraterrestres ou dans celle d'humains vivant dans un lointain avenir ?
Mettant en regard neurosciences et SF au sein d'une véritable entreprise de neuro-science-fiction, Laurent Vercueil, neurologue au CHU Grenoble Alpes et chercheur à l'Inserm, questionne la nature de l'intelligence et des émotions, et étudie les capacités du cerveau - qu'il soit éloigné dans l'espace ou dans le temps, ou tout simplement juché au-dessus de nos épaules...
« I'm sorry Dave, I'm afraid I can't do that », nous dit HAL dans 2001, l'odyssée de l'espace. Certes. Mais comment nous le dit-il ? Les machines parlantes sont partout, dans la science-fiction - de Metropolis jusqu'à WALL-E en passant par le T-800 de Terminator - ou dans la vie de tous les jours, avec les androïdes Pepper ou Nao, les assistants vocaux que sont Siri ou Cortana. Dans leurs entrailles de silicium, que se passe-t-il ? Comment s'en faire comprendre ? Et comment, elles, nous comprennent-elles ? Que penser des IA et des robots de la SF capables, à l'image de C-3PO, de parler six millions de langages ? La machine qui comprend tout et le traducteur automatique universel sont-ils à portée de main ?
Après Comment parler à un alien ?, Frédéric Landragin, docteur en informatique-linguistique et directeur de recherche au CNRS, poursuit son exploration du monde fascinant du langage, et nous livre un ouvrage de référence pour découvrir les bases du traitement automatique des langues...
Surgi au cours des années 1980, le cyberpunk a marqué la science-fiction de son empreinte, donnant une contrepartie littéraire aux fulgurances esquissées au cinéma par l'iconique Blade Runner. Avec des oeuvres majeures comme Neuromancien de William Gibson, tout un imaginaire s'est alors ouvert, révélant des anxiétés appelées à résonner durablement... Prolifération technologique, évasion dans des mondes virtuels, domination économique des multinationales, précarisation sociale, fragmentations culturelles en nouvelles tribalités : en quoi et comment ces visions peuvent-elles (encore) faire sens à quelques décennies de distance ? Yannick Rumpala, maître de conférences en science politique à l'université de Nice, explore ici les thématiques et projections installées par ce mouvement littéraire, la manière dont il s'est coulé dans une modernité déjà chancelante et a cultivé les germes des incertitudes futures de nos existences. Tel un laboratoire dont les expérimentations auraient malencontreusement débordé...
Pour son centième numéro, Bifrost a choisi de célébrer l'écrivain le plus publié dans ses pages : Thomas Day.
Alter ego littéraire de Gilles Dumay, Thomas Day fait ses débuts littéraires en publiant des nouvelles dans divers fanzines, puis Bifrost dès son premier numéro, en avril 1996. En près de vingt-cinq ans, il publiera dans Bifrost une quinzaine de nouvelles et novellas. Ses récits, empreint de sexe et de violence, portés par un style fort, ne laissent pas indifférents.
Son premier roman, Rêve de guerre, paraît en 2001. Suivront une demi-douzaine de recueils et une quinzaine de romans, alternant entre fantasy, fantastique et science-fiction.
On soulignera notamment Le Trône d'ébène, récompensé par le Prix Imaginales 2008, Du sel sous les paupières, couronné par le Grand Prix de l'Imaginaire 2013, et La Voie du sabre, aventure japonisante récemment adaptée en bande dessinée chez Glénat (3 tomes). Si son dernier roman en date, Dragon (premier titre de la collection «Une Heure-Lumière»), remonte à 2016, Thomas Day est désormais plus actif en BD : la trilogie Wika avec Olivier Ledroit, le comic book Juste un peu de cendres avec Aurélien Police, et tout récemment, Macbeth roi d'Écosse avec Guillaume Sorel - illustrateur qui signe la couverture du présent Bifrost.
La trajectoire littéraire de Thomas Day est intimement liée à celle de Gilles Dumay, qui, quand il n'écrit pas, publie les autres. Au sein des éditions Encrages, d'abord, où il lance la collection «Lettre SF». En 1998, il rejoint les éditions Denoël pour diriger la fameuse collection « Présence du futur ». Après l'arrêt de celle-ci en 2000, il lance la collection « Lunes d'Encre », qui, entre rééditions d'indispensables classiques et publications de nouveautés faisant la part belle à l'ambition et l'exigence, deviendra l'un des fers de lance de la science-fiction en France. En 2017, il rejoint les éditions Albin Michel où il s'occupe du label Imaginaire.
Ce centième numéro met donc Thomas Day à l'honneur au travers de deux nouvelles inédites, un long entretiencarrière mené par Olivier Girard, un guide de lecture exhaustif et d'une bibliographie complète par Alain Sprauel.
Tout à la fois écrivaine, traductrice, essayiste et anthologiste, Sylvie Denis est l'une des récentes figures centrales des littératures de l'imaginaire francophones.
Née en 1963, elle commence à publier des nouvelles à la fin des années 80. Son premier recueil, Jardins virtuels, paraît en 1995 et se fait remarquer de la critique et du public - le livre reparaîtra quelques années plus tard dans la collection Folio, dans une version révisée et augmentée. On retrouve Sylvie Denis également au sommaire des anthologies « Escales », qui contribuèrent à cristalliser toute une génération d'auteurs ; elle dirigera le troisième et dernier volume, Escales 2001.
Au milieu des années 90, Sylvie Denis co-fonde avec Francis Valéry le magazine CyberDreams. Au cours de sa douzaine de numéros d'existence, la revue fait faire connaître au public français la crème des auteurs anglophones du moment : Eric Brown, Ian R. MacLeod, Kim Newman, Paul McAuley et surtout Greg Egan, l'un des auteurs les plus marquants des trente dernières années.
En tant que traductrice, Sylvie Denis travaille dans différents registres, alternant entre les space operas de Stephen Baxter et Alastair Reynolds, les anticipations politiques de Norman Spinrad et Kim Stanley Robinson, et la fantasy de Cail Carriger et Marie Brennan.
Sylvie Denis a publié une poignée de romans, en particulier aux éditions de l'Atalante. Le premier, Haute-École (2004), a été récompensé par le prix Julia-Verlanger. À ce roman de fantasy a suivi le diptyque de space opera formé par La Saison des singe (2007) et L'Empire du sommeil (2012). On lui dit également deux romans jeunesse : Les Îles dans le ciel (2008) et Phénix Futur (2009). En attendant un prochain roman...?
L'équipe de Bifrost s'intéressera à Sylvie Denis au travers d'une longue interview-carrière menée de main de maître par Richard Comballot, d'un guide de lecture explorant les différentes facettes de son oeuvre littéraire, sans oublier une bibliographie par Alain Sprauel.
Après ses numéros consacrés à Edmond Hamilton (n° 90) et John W. Campbell (n° 94), Bifrost s'intéresse une nouvelle fois à l'un des grands noms de l'Âge d'or de la science-fiction : Alfred E. Van Vogt.
Né en 1912 au Canada, Van Vogt s'initie à l'écriture au début des années 30, via des cours et des méthodes d'écriture.
Après plusieurs années à écrire de la romance et des textes de littérature blanche, il découvre la science-fiction par hasard en lisant un numéro de Astounding où figure « La Chose d'un autre monde » de John W. Campbell. Il prend contact avec ce dernier, l'influent rédacteur en chef, qui va l'inciter à écrire ses premières nouvelles de SF. Dans les années 40, Van Vogt va publier dans les pages d'Astounding plusieurs dizaines de nouvelles, qu'il va ensuite entreprendre d'assembler entre elles afin de former des romans : il s'agit là de la technique du fix-up, d'où naîtront plusieurs des classiques de notre auteur, tels que La Faune de l'espace, À la poursuite des Slans ou Le Monde des non-A.
Ces deux derniers récits seront d'ailleurs traduits en français par nul autre que Boris Vian.
Écrivain aux marottes curieuses - des procédés littéraires particuliers pour accoucher d'histoires aux idées foisonnantes, un attrait ponctuel pour la dianétique de L. Ron Hubbard, un intérêt constant pour le thème du surhomme et de l'immortalité -, Van Vogt exerce une influence cruciale sur le jeune Philip K. Dick. À la tête d'une bibliographie riche d'une quarantaine de romans et de plus de soixante-dix nouvelles, intensément publié par J'ai lu dans les années 60 et 70, Van Vogt est à présent tombé dans un oubli partiel.
Charge donc à Bifrost de réhabiliter l'écrivain, au travers d'un dossier exhaustif : un imposant article biographique signé Pascal J. Thomas, fin connaisseur de l'auteur, une bibliothèque idéale vanvogtienne, et une bibliographie par Alain Sprauel.