Il y a quelques années, la mère de Didier Eribon est entrée en maison de retraite. Après plusieurs mois au cours desquels elle a peu à peu perdu son autonomie physique et cognitive, Didier Eribon et ses frères ont dû se résoudre à l'installer, malgré ses réticences, dans un établissement médicalisé. Mais le choc de l'entrée en maison de retraite fut trop brutal et, quelques semaines seulement après son arrivée, elle y est décédée. Après la mort de sa mère, Didier Eribon reprend le travail d'exploration personnelle et théorique qu'il avait entrepris dans Retour à Reims après la mort de son père. Il analyse le déclin de sa mère, ce qui l'amène à réfléchir sur la vieillesse et la maladie, sur nos rapports aux personnes âgées et à la mort, mais aussi sur l'expérience du vieillissement. Il s'interroge également sur les conditions de l'accueil des personnes dépendantes. Il montre que si l'expérience du vieillissement nous est très difficile à penser, c'est parce qu'il s'agit d'une expérience-limite dans la philosophie occidentale, dont l'ensemble des concepts semblent se fonder sur une exclusion de la vieillesse. Eribon reparcourt également la vie de sa mère, et notamment les périodes où elle était femme de ménage, ouvrière puis retraitée, la saisissant dans toute sa complexité, de sa participation aux grèves à son racisme obsessionnel. Il conclut sa démarche en faisant de la vieillesse le point d'appui d'une réflexion sur la politique : comment pourraient se mobiliser des personnes qui n'ont plus de mobilité ni de capacité à prendre la parole et donc à dire «nous» ? Les personnes âgées peuvent-elles parler si personne ne parle pour elles, pour faire entendre leur voix ?
Après la mort de son père, Didier Eribon retourne à Reims, sa ville natale, et retrouve son milieu d'origine, avec lequel il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Il décide alors de se plonger dans son passé et de retracer l'histoire de sa famille. Évoquant le monde ouvrier de son enfance, restituant son ascension sociale, il mêle à chaque étape de ce récit intime et bouleversant les éléments d'une réflexion sur les classes, le système scolaire, la fabrication des identités, la sexualité, la politique, le vote, la démocratie...Réinscrivant ainsi les trajectoires individuelles dans les déterminismes collectifs, Didier Eribon s'interroge sur la multiplicité des formes de la domination et donc de la résistance.Un grand livre de sociologie et de théorie critique.
Et si... le pouvoir de changer le cours des choses en profondeur était entre nos mains ? Et si..., en réalité, nous avions à disposition, sans en avoir vraiment conscience, un des outils les plus puissants qui existe ? Et si..., en plus, on se mettait ensemble pour y arriver ? Rob Hopkins nous invite dans son nouveau livre à rêver. Mais à rêver en grand, en remettant l'imagination au coeur de nos vies quotidiennes, professionnelles, sociales et familiales. Cet ouvrage est un appel à l'action pour libérer notre imagination collective, qui prend racine dans l'histoire d'individus et de communautés venant du monde entier qui ont d'ores et déjà emprunté le chemin de l'imagination et initié des changements rapides et profonds pour un meilleur futur.
HABITER - NOS LIEUX DE VIE SONT NOS LIEUX DE LUTTE Rencontre : Liv Stömquist & Mona Chollet : le coeur sur la table Travesticide : l'histoire en BD de l'argentine Diana Sacayán Débat : peut-on dégenrer le sport ?
Refuser la guerre : reportage en Israël Vandana Shiva : portrait d'une icône écoféministe Féministe, la femtech ? Quand les technologies s'intéressent aux menstruations Maryse Condé : rencontre inédite avec l'écrivaine guadeloupéenne Monique Wittig, Audre Lorde : retour sur leur rencontre manquée en 1979 Zita la rebelle : un strip de Salomé Lahoche Mémoire de l'esclavage : les autoportraits de Nona Faustine
Révolution numérique, transition énergétique, mutation écologique, etc... D'aucuns journalistes, politiques, chercheurs et prospectivistes, nous parlent d'un nouveau monde enfin affranchi des matières fossiles, des pollutions, des pénuries, des tensions politiques et militaires ... Eh bien cet ouvrage formidablement documenté, fruit de six ans d'enquête, nous montre qu'il n'en est rien ! Voici une version largement remise à jour et augmentée de plusieurs chapitre pour saisir au plus près ce sujet d'une actualité brulante.
Cet ouvrage s'intéresse à la question de la terre agricole, du foncier. Parce qu'elle est une ressource vitale et limitée, la terre agricole doit être reconnue comme un bien commun, à l'abri de la spéculation.
Un nouveau recueil inédit de la célèbre anarchiste sur les thèmes de l'action et de la violence politiques, dont le fameux discours qui lui valut d'être emprisonnée pour incitation à l'émeute.
Dans ce livre vivant et lucide, Jean-Pierre Le Goff explore une époque qui a entraîné un glissement anthropologique dont nous continuons de subir les effets.
Les années folles qui ont suivi Mai 68 donnent lieu à des interprétations qui oscillent entre la nostalgie et le rejet.
L'état d'esprit de l'époque, les Trente Glorieuses, n'avait rien de dépressif, il était au contraire transgressif et jubilatoire. C'est peut-être cela qu'il est difficile de comprendre pour les nouvelles générations qui vivent dans un présent anxiogène et ont une vision catastrophique de l'avenir.
J'avais 20 ans, j'étais étudiant à Caen et j'ai vécu intensément ces années avec d'autres, en croyant que tout était possible, y compris nos rêves les plus fous. Ce récit ne se situe pas en surplomb de l'histoire, mais décrit de l'intérieur des rencontres, des lectures et des violences. L'amour fou y côtoie le militantisme, les idées se mêlent aux passions dans un milieu contestataire et gauchiste en pleine ébullition.
Telle est mon hypothèse : Mai 68 n'est pas seulement un remake dérisoire des révolutions passées auxquelles il se réfère, sa singularité tient à une révolution culturelle' qui a bouleversé le tissu éducatif et sociétal. Les plus enragés d'entre nous entendaient renverser toutes les valeurs en y trouvant un plaisir certain. C'est en ce sens qu'il me paraît fondé de parler de révolte'et de nihilisme' du peuple adolescent.
La nuit de noces est un événement à la fois banal et singulier pour les femmes et les hommes de la France du XIXe et du premier XXe siècle : si le rite s'impose alors à presque tous, il constitue une expérience personnelle décisive pour chacun. La norme exige que les jeunes mariés attendent la première nuit suivant la cérémonie pour consommer sexuellement leur union, mais aussi qu'ils n'en retardent pas davantage le moment. Bien que ces quelques heures inaugurales de leur vie conjugale se passent portes closes et que la bienséance commande d'en conserver le secret, de puissants attendus familiaux, religieux et sociaux pèsent sur leur bon déroulement.
Pour dévoiler l'imaginaire et les réalités de la nuit de noces, cet ouvrage s'appuie sur des sources étonnantes et des archives exceptionnelles. Des procédures judiciaires engagées par des couples souhaitant se séparer donnent en particulier accès aux témoignages des époux eux-mêmes : le récit des paroles échangées, des gestes effectués, des émotions ressenties offre un éclairage unique sur les pratiques nuptiales, habituellement tues, et sur l'ignorance dans laquelle sont maintenues les jeunes filles jusqu'au soir du mariage. Le viol légal que certaines dénoncent apporte une profondeur historique aux réflexions actuelles sur le consentement.
Aïcha Limbada montre que la nuit de noces est vécue par les époux comme une véritable épreuve, au cours de laquelle les femmes doivent attester de leur virginité et les hommes de leur virilité, mais qu'elle est aussi appréhendée par les penseurs et les médecins comme un problème sanitaire et social majeur. De sa réussite dépendent le bonheur du couple et la perpétuation de la société, dont l'ordre repose sur une domination masculine que l'initiation féminine participe à instituer.
« Si je devais vendre mes matinées et mes après-midis à la société, je suis certain qu'il n'y aurait plus rien qui vaille la peine d'être vécu à mes yeux. » Prenant l'exemple de sa propre vie, Thoreau démontre que les besoins matériels entravent l'épanouissement de l'esprit.
Son éloge de l'oisiveté en communion avec la nature nous invite à explorer les « provinces de l'imagination » pour nous émanciper du matérialisme.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Thierry Gillyboeuf
Pour mieux agir contre les inégalités, il existe un nouvel outil qui nous vient du féminisme noir : l'intersectionnalité, qui révèle des discriminations parfois invisibles et pouvant se renforcer les unes les autres. Cette notion a été théorisée par une juriste, Kimberlé W. Crenshaw, dans deux célèbres essais de 1989 et 1991 qu'on trouvera rassemblés ici pour la première fois et dans une traduction inédite.
Sélection Les 100 livres de 2022 - Lire magazine littéraire Un livre absolument nécessaire pour comprendre le nouveau monde dans lequel on vit. Yann Barthès, Quotidien Un essai phare de la rentrée. Marie-Pierre Grondahl, Le JDDL'auteur reconnu de La prospérité du vice et d'autres best-sellers décrypte avec une joyeuse férocité cette prétendue « civilisation » qui va bouleverser nos vies. L'amour ? Désormais c'est Tinder ! Le bureau ? En télétravail ! Un nouveau job ? Ce sont les algorithmes qui recrutent ! Les partis politiques ? C'est sur Twitter ! Au centre de ce nouveau monde ? Homo Numericus, un être submergé de contradictions. Il veut tout contrôler, mais il est lui-même irrationnel et impulsif, poussé à des comportements addictifs par ces mêmes algorithmes qui surveillent les moindres détails de son existence. Faut-il désespérer ? Pas nécessairement. La révolution numérique répond aux attentes d'une société qui voudrait que toute parole soit écoutée, sans vérité révélée. Trouver la voie qui permette d'accomplir cette utopie : telle est aussi l'ambition de ce livre. Économiste reconnu pour sa clarté et son talent de pédagogue en France comme à l'étranger, Daniel Cohen est membre fondateur et Président de l'École d'Économie de Paris. Il a publié de nombreux livres à succès dont Nos temps modernes et Le monde est clos et le désir infini. Aucun autre de ses confrères économistes n'a cette capacité à mobiliser les penseurs les plus pointus de toutes les sciences humaines [...] avec une pédagogoie qui force de respect. Emmanuel Lechypre, L'expressSélectionné pour le Prix Femina EssaiPrix Montaigne 2023
L'humiliation est partout dans nos vies et elle est devenue le coeur sombre de nos sociétés. Elle offense et ridiculise, envenime la violence et l'injustice, et génère le ressentiment. Et pourtant, nous y sommes le plus souvent insensibles, et muets.
200 millions d'utilisateurs conquis en quelques semaines : jamais une technologie ne s'était imposée aussi rapidement.
ChatGPT est à l'origine d'un tournant fondamental de notre Histoire. Car son fondateur, Sam Altman, veut créer une Superintelligence Artificielle pour concurrencer nos cerveaux, au prix d'une dangereuse course mondiale.
L'école et le monde du travail devront se rénover de fond en comble, or nos dirigeants n'ont pas pris la mesure de la vague prête à nous submerger.
ChatGPT tombe au pire moment et nous ne sommes pas armés.
Il y a vingt ans, pour la première fois, on dénombrait plus de régimes démocratiques que de dictatures ; quelques années et une crise économique mondiale plus tard, les régimes autoritaires sont de nouveau plus nombreux. Comment les dictatures ont-elles fait pour prospérer après Staline, Hitler et Mao ? Pour asseoir leur pouvoir, les dictateurs classiques du XXe siècle utilisaient une arme : la terreur. Le XXIe siècle a vu surgir une nouvelle génération de dictateurs et d'autocrates (Lee Kwuan Yew, Fujimori, Poutine, Erdogan, Orban, etc.), les "spin dictators", qui exploitent les leviers de la politique démocratique et utilisent des formes plus discrètes de manipulation pour étendre leur emprise. Ce livre très informé raconte et décrypte ces nouvelles armes de la tyrannie.
« Je suis, tu es, vous êtes, nous sommes Tisserands », c'est-à-dire de ceux qui oeuvrent aujourd'hui à réparer telle ou telle pièce du grand tissu déchiré du monde humain : fractures sociales, conflits religieux, guerres économiques, divorce entre l'homme et la nature, etc... Abdennour Bidar a décidé de mettre à l'honneur et de « relier tous ces relieurs » qui réparent et construisent le monde de demain.
Ce manifeste est un coup de colère contre tous les Grands Papas Ronchons qui nous empêchent de regarder le présent avec confiance et l'avenir avec espoir.
Usant d'un humour incisif et qui ne craint pas d'être noir, Michel Serres y dénonce les apôtres du retour en arrière, en matière de santé, d'hygiène, de féminisme, de voyages, de sexualité ou de pratiques agricoles.
Pour mieux montrer à quel point notre siècle est chanceux de connaître une vie plus douce et des pratiques plus humaines que le précédent.
Un coup de pied jubilatoire dans les idées reçues des passéistes de tous poils.
Quatre textes incontournables de l'un des plus grands philosophes du XXe siècle, dont le fameux "La conscience et la vie", sur la conscience, la mémoire, l'intuition, bref ce qui nous permet de "retenir ce qui n'est déjà plus, anticiper sur ce qui n'est pas encore".
Mieux que la compétition et la lutte pour la survie propres au modèle capitaliste, il existe un modèle qui a fait ses preuves d'efficacité depuis que les sociétés (humaines ou animales) existent : l'entraide. Avec le refus des relations de domination, l'entraide est l'un des thèmes de l'anarchisme qui rend cette pensée si utile et attirante aujourd'hui. Kropotkine lui a consacré en 1910 sous ce titre un volumineux ouvrage, dont on trouvera ici un extrait, et qui est devenu un classique.
Douarnenez (Finistère), l'hiver 1924.
Dans les vingt conserveries de sardines, deux mille « filles d'usine » oeuvrent nuit et jour, au gré des arrivages, à emboîter au plus vite ce poisson fragile. Elles sont là entre dix et quatorze heures d'affilée pour une paye minuscule versée par des industriels - dont même le ministre du Travail dit qu'ils sont « des brutes et des sauvages ».
Le 21 novembre, un patron refuse de recevoir des ouvrières exténuées. Les femmes de toutes les « fritures » descendent dans la rue. Le maire de la ville, un communiste, est à leurs côtés, et les marins-pêcheurs - leurs maris - aussi.
Bientôt, toute la France suit dans les journaux le détail de cette « grève de la misère » devenue un feuilleton national. La solidarité s'organise. Le patronat aussi. Des mercenaires armés arrivent de Paris.
Les Penn sardin auraient dû perdre ; la pauvreté leur commandait chaque jour de reprendre le travail. Après plus de six semaines à battre le pavé en sabots, elles ont pourtant gagné.
Récit d'une grève victorieuse
« L'élégance travaillée est à la véritable élégance ce qu'est une perruque à des cheveux. » Honoré de Balzac décrit malicieusement l'élégance, cette « grâce suffisante ». Bien plus qu'un apparat, la vie élégante est l'esprit d'un temps, un statut social qui « seul peut échapper au destin des médiocres ».
Une curiosité littéraire pour tous les esthètes, dandys, lectrices et lecteurs d'Honoré de Balzac.
Les retraites sont au coeur de la conflictualité sociale depuis plusieurs décennies. Alors que le bras de fer est engagé contre le gouvernement Macron, Bernard Friot signe un essai pédagogique et incisif pour nous inviter à prendre le pouvoir sur nos retraites. L'auteur s'attaque à deux questions que tout le monde se pose : qu'est-ce qui explique l'obstination des classes dominantes à mener depuis des décennies des contre-réformes sur les retraites malgré leur si forte impopularité ? Et pourquoi les mobilisations contre ces réformes ont presque toujours échoué ? Puis il explique et met en débat une série de propositions politiques pour sortir de la défaite, prendre le pouvoir sur nos retraites et en faire un levier pour libérer le travail.
La situation est inédite. Jamais, dans l'histoire de l'humanité, nous n'avons disposé d'autant d'informations et jamais nous n'avons eu autant de temps libre pour y puiser loisir et connaissance du monde. Nos prédécesseurs en avaient rêvé : la science et la technologie libéreraient l'humanité. Mais ce rêve risque désormais de tourner au cauchemar. Le déferlement d'informations a entraîné une concurrence généralisée de toutes les idées, une dérégulation du « marché cognitif » qui a une fâcheuse conséquence : capter, souvent pour le pire, le précieux trésor de notre attention. Nos esprits subissent l'envoûtement des écrans et s'abandonnent aux mille visages de la déraison.
Victime d'un pillage en règle, notre esprit est au coeur d'un enjeu dont dépend notre avenir. Ce contexte inquiétant dévoile certaines des aspirations profondes de l'humanité. L'heure de la confrontation avec notre propre nature aurait-elle sonné ? De la façon dont nous réagirons dépendront les possibilités d'échapper à ce qu'il faut bien appeler une menace civilisationnelle.
C'est le récit de cet enjeu historique que propose le nouveau livre événement de Gérald Bronner.
On combat avec raison l'ignorance, le mensonge, les préjugés ou encore les théories du complot. Toutes ces luttes intellectuelles impliquent un recours méthodique à l'analyse et à l'examen critique.
Mais peut-on lutter efficacement contre la bêtise ? Elle est partout, mais est insaisissable, semble indéfinissable.
Dans notre monde où les croyances politiques tendent à remplacer les vieilles croyances religieuses, la bêtise est inévitablement idéologisée.
Elle s'insinue en tout « isme » ? wokisme, antiracisme, décolonialisme... ?, masquée par la cohérence apparente des constructions idéologiques. Prenant le plus souvent le visage d'une grande vertu morale ou civique, la bêtise d'indignation se pare de révolte et d'insoumission alors même qu'elle suit les mouvements de mode. Pétrie d'émotions, elle hante à l'envi les débats publiques, les discours politiques, les émissions de variété et autres réseaux sociaux.
Pour Pierre-André Taguieff, il nous faut vivre avec elle, mais en multipliant les cloisons étanches. La tenir à distance en la prenant comme objet d'analyse ou comme cible d'une ironie méprisante.
Certes, le ridicule ne tue pas et la résilience de l'imbécile est sans limite, mais à l'âge de la « bêtise idéologisée de masse » qui est la nôtre, l'ironie demeure l'arme de l'intelligence, aussi minoritaire soit-elle. Ce n'est qu'ainsi que l'on peut nuire à la bêtise sans perdre son temps avec elle.