La rhétorique est partout. Dans les discours politiques comme dans les spots publicitaires. Dans les réunions professionnelles comme dans les dîners de famille. Dans les entretiens d'embauche comme dans les rendez-vous galants. Que cela nous plaise ou non, convaincre est un pouvoir. À nous d'apprendre à le maîtriser. Et de savoir nous en défendre.
Car la rhétorique n'est ni innée, ni inexplicable. Elle repose sur une technique, obéit à des règles, mobilise des procédés, des stratagèmes, des outils. Ce traité nous en révèle tous les secrets. Il nous montre comment produire et décrypter les discours, mener les débats et les discussions, déjouer les manipulations.
L'art de convaincre est un pouvoir trop grand pour ne pas être partagé !
C'est avec ce court essai que Chomsky fait irruption, en 1967, sur la scène politique américaine comme principal critique de l'impérialisme américain. Fondateur dans la pensée de l'auteur et cardinal pour toute analyse du statut d'intellectuel, cet essai reste d'une dérangeante actualité : celles et ceux qui se mettent au service du pouvoir (États et multinationales) choquent d'autant plus qu'ils jouissent de plusieurs privilèges notoires, ceux d'avoir eu « le loisir, les infrastructures et la formation nécessaires pour rechercher la vérité qui se cache derrière le voile de distorsion et d'altération, d'idéologie et d'intérêt de classe à travers lequel les événements de l'histoire en cours sont présentés ». Parce que ces privilèges donnent aux intellectuels des possibilités inaccessibles au commun, celles-ci leur imposent des responsabilités impérieuses et une mission : éclairer ses lecteurs, et d'abord ses contemporains. L'article fondateur (inédit en français) est complété dans notre édition par les commentaires et actualisations que l'auteur a donnés à l'occasion de son cinquantenaire.
En dialoguant avec le jeune philosophe espagnol Javier Bassas, Jacques Rancière explicite et illustre une idée qui est au coeur de tout son travail : les mots ne sont pas, comme on le dit souvent, les ombres auxquelles s'oppose la réalité solide des choses. Les mots sont eux-mêmes des réalités dont l'action construit ou subvertit un ordre du monde. En politique, le combat des opprimés a constamment emprunté aux maîtres leurs mots et détourné le sens de ces mots pour briser le consensus, c'est-à-dire le rapport établi entre les choses et les mots qui compose le paysage sensible de la domination. Cette puissance des mots qui défait un ordre établi en subvertissant le paysage normal du visible, Jacques Rancière la montre encore à l'oeuvre dans les mouvements démocratiques récents depuis la révolution de jasmin tunisienne jusqu'aux mouvements d'occupation des places.
Existe-t-il des traits universels dans la structure des langues, c'est-à-dire dans l'ensemble, plus ou moins cohérent, des principes qui en assurent le fonctionnement, sur le plan des sons, de la grammaire et du lexique ? C'est à cette question, qui fascine les philosophes et les linguistes depuis la nuit des temps, que cet ouvrage se propose de répondre.
Pour ce faire, Claude Hagège s'appuie sur une analyse complète du matériau sonore, de l'organisation des énoncés mais aussi des rapports entre la langue, le sujet humain et la société à laquelle il appartient.
Pour Henriette Walter l'aventure des mots se confond avec celle des hommes dont elle nous fournit quelques clés essentielles. Suivant une méthode d'investigation qui la conduit à avancer pas à pas et mot à mot dans cette histoire parallèle, la grande linguiste offre ici au lecteur des incursions inédites dans son univers de chercheur et les coulisses de l'analyse lexicale. Elle montre, avec cette érudition sérieuse et ludique à la fois qui la caractérise, par quels « traits de sens » particuliers les différents noms imposent leur spécificité : tel le sabot distinct des autres chaussures par sa semelle de bois ; ou l'interrogatoire, forme de dialogue caractéristique, comme la chaise ne saurait se confondre avec le fauteuil.
Au fil des pages, on apprend que dans les toponymes se cachent les plus vieux mots de la langue (caillou, calanque, chalet...), que le vocabulaire du corps humain et celui des soins qui y sont apportés se partagent entre origine latine (anatomie) et grecque (physiologie et médecine), que les noms des vêtements, de la monnaie ou de la parenté sont des produits de l'histoire, quand ceux du mouchoir ou du pain renvoient plutôt à la géographie.
On sera surpris de découvrir pourquoi les sièges ont des noms imagés vraiment énigmatiques (bergère, marquise ou duchesse brisée, ou encore crapaud), tandis qu'on trouvera tout naturel que les mots d'amour occupent une place de choix dans les chansons et la littérature.
Dans sa préface, où il évoque le travail de sa mère pour la première fois, Hector Obalk souligne tout ce qu'il doit, comme chaque lecteur d'Henriette Walter, à cet apprentissage savant des mots, manière passionnante et savoureuse de mieux saisir la richesse du réel.
Depuis quand, et comment, et pourquoi le mot « homme » en est-il venu à désigner le genre humain tout entier ? Au fil d'une passionnante analyse sur l'usage historique de ce terme, son étymologie, la plus-value sémantique qu'il a progressivement acquise, Éliane Viennot retrace l'histoire d'un abus de langage qui gonfle « l'Homme » à la dimension de l'humanité. Au pays du Musée de l'Homme, de la Maison des Sciences de l'Homme, des Droits de l'homme et du citoyen, cette histoire-là relève d'une exception française qui sent fort l'imposture masculiniste. Il est temps que « l'homme » se couche, sémantiquement parlant, qu'il regagne son lit de mâle humain et laisse place aux autres individus du genre Homo, aux personnes humaines.
Marc Crépon propose une lecture des travaux de Derrida portant sur la relation entre l'identité et l'héritage des langues. Il entend déconstruire les idéologies nationalistes qui font de la langue un enjeu politique et social d'identité, oubliant que celle-ci n'est jamais fixe, qu'elle évolue et se métisse au gré des apports. Elle ne peut ainsi être la propriété de personne, ni être utilisée comme facteur de domination.
Dans ce séminaire qui s'adresse à tous et ne suppose rien,Marc Crépon lit et nous fait lire Monolinguisme de l'autre un texte bref, paradoxal et terriblement actuel de Jacques Derrida.
Il s'agit, tout compte fait, de « l'enjeu politique de ce temps » : comment défendre la différence linguistique, celle du français comme celle du moldave ou de l'ukrainien, sans céder au nationalisme ? Je n'ai qu'une langue, écrit Jacques Derrida, et ce n'est pas la mienne. Il faut comprendre comment et pourquoi « une langue, ça n'appartient pas ». À partir de ce constat : l'identité, telle que fantasmée et revendiquée par certains discours nationalistes, est une fiction, Marc Crépon propose une éthique et une politique du dire, de l'écrire, du traduire.
La rhétorique est un art, au sens antique du terme, c'est-à-dire une technique, un savoir-faire comprenant une théorie et une pratique. Elle confère la capacité de maîtriser son discours, dans quelque situation que ce soit, mais aussi celle de décrypter les discours d'autrui. En ce sens, elle est à la fois une compétence transversale indispensable et un puissant outil de développement de l'esprit critique. L'enjeu de ce livre est d'expliquer le système rhétorique pour permettre à chacun de faire un usage éclairé de la parole et de devenir à la fois un bon orateur, un débatteur ouvert à la contradiction et un auditeur vigilant. Reposant sur une articulation constante entre la théorie et la pratique grâce à de nombreuses analyses de discours et suggestions d'exercices, ce livre s'adresse à un large public. Dans le contexte actuel des débats sur la place de l'oral dans le système éducatif français, il contribue également à la réflexion sur le statut de la parole et de son apprentissage dans notre société.
Nous perdons un temps fou à ne pas être d'accord. Contrairement à ce que l'on imagine, nous ne nous comprenons pas - ou du moins pas suffisamment. « Parlons plus pour mieux nous comprendre ! », entonnera-t-on. Et pourtant, il suffit de pratiquer une langue étrangère pour que la difficulté de comprendre et d'être compris nous assaille et nous éveille. Par effet retour, on prend la mesure de l'illusion dans laquelle nous bercent les langues que nous pensons maîtriser, à commencer par notre langue maternelle.
Plutôt que de parler plus, n'est-il pas temps de parler moins et de parler mieux, ou différemment ? Mais il en est du contrat linguistique comme du contrat social, du « savoir-parler » comme du savoir-vivre. Et pour savoir parler, les mots et les règles de grammaire ne suffisent pas. Tout particulièrement à l'heure d'internet et de la communication mondialisée, dans laquelle les frontières entre communication privée et publique d'une part, et nationale et internationale d'autre part, sont devenues dangereusement poreuses. Il est donc temps de reprendre le contrôle de nos comportements communicatifs, comme nous l'avons fait à chaque fois que l'innovation technologique nous a permis d'accroitre nos libertés et nos pouvoirs individuels, aujourd'hui internet et réseaux sociaux.
« Des connaissances solides, des idées, une capacité de synthèse impressionnante. Vous refondez, en fait, la notion de communication, comme centrale à nos études. Et vous en montrez toutes les facettes, parfois inattendues : le plurilinguisme, la question de la norme, les mensonges en ligne, l'art de converser, l'éloquence. Vous proposez à tout lecteur de bonne foi une théorie de la communication au service de la paix civile. C'est un bon livre, bien pensé, bien écrit ; c'est un livre utile. » Bernard Cerquiglini Professeur émérite de l'Université de Paris, ancien Recteur de l'Agence universitaire de la Francophonie Vice-Président de la Fondation des Alliances françaises Membre de l'Académie royale des sciences, lettres et beaux-arts de Belgique
Les discours coloniaux français sur les pratiques langagières en Afrique procèdent de l'idée selon laquelle la langue devrait servir l'unification d'un État-nation, considéré comme le seul modèle de société moderne. Ces discours s'articulent autour de deux injonctions. La première commande l'évincement des langues africaines au profit de la langue coloniale. La seconde fait de la notion-même de « langue » un objet de valorisation sociale ;
Elle se traduit par une tentative de standardisation des langues africaines et l'instauration de l'école de type européen comme seul moyen d'instruction, de culture et d'élévation sociale. Mais cette politique coloniale a fait l'objet de fortes résistances. La plupart des pays colonisés par la France n'ont jamais abandonné la multitude d'autres langues qu'ils pratiquaient. Et à la différence de ce qui s'est passé en France métropolitaine, ils n'ont jamais cessé d'appréhender le langage comme une élaboration intrinsèquement hétérogène de pratiques langagières placée sous le signe de la création, de l'inventivité et du plaisir du jeu avec les mots.
Pour Cécile Canut, saisir un tel mouvement implique de penser autrement notre rapport au langage, en renonçant à se demander si les gens parlent conformément à des normes pour chercher à comprendre ce qu'ils font quand ils parlent.
Son étude des pratiques langagières et des imaginaires linguistiques d'Afrique de l'Ouest invite à provincialiser non pas seulement la langue française mais la notion même de « langue », la « langue standard » imposée comme modèle d'une supposée modernité. Car provincialiser la langue, c'est retrouver la parole, le dialogue et la vie du langage.
Cet ouvrage présente un panorama descriptif des règles de versification, illustré de nombreux exemples commentés dans une perspective littéraire. Il propose aussi un historique de la poésie française, rendant compte de l'évolution des pratiques métriques, de l'époque médiévale jusqu'à nos jours. Tout un chapitre est consacré à la chanson populaire française. Des exercices de versification ponctuent l'ouvrage, accompagnés de leur corrigé.
«Ces études apportent dans leur ensemble, et chacune pour soi, une contribution à la grande problématique du langage qui s'énonce dans les principaux thèmes traités : on y envisage les relations entre le biologique et le culturel, entre la subjectivité et la socialité, entre le signe et l'objet, entre le symbole et la pensée, et aussi les problèmes de l'analyse intralinguistique.» E. Benveniste
Plus de la moitié de la population mondiale est bilingue. Pour le neurobiologiste et le linguiste, c'est un exploit et une énigme, car le langage humain est une faculté extraordinairement complexe. Comment deux langues peuvent-elles coexister dans un même cerveau?? Quels sont les avantages du bilinguisme?? Quelles sont les contraintes qu'il impose??
Albert Costa partage ici les résultats de vingt années de recherches. S'appuyant sur des études menées dans de nombreux pays, il montre comment des nouveau-nés font la différence entre deux langues, comment l'accent affecte la façon dont nous percevons les autres, pourquoi les bilingues sont meilleurs pour résoudre les conflits, comment on prend des décisions différentes selon la langue utilisée. Les surprises sont nombreuses?: il se pourrait même que le bilinguisme ralentisse les manifestations des maladies neurodégénératives.
Illustration magistrale des applications des neuro- sciences et de la linguistique, ce livre alerte et plein d'humour explore les effets du bilinguisme sur le cerveau, les mécanismes de pensée et le comportement. Il laisse le lecteur étonné devant le pouvoir du langage.
Pourquoi dit-on « passer l'arme à gauche », « avaler des couleuvres », ou encore « devenir chèvre »? Découvrez les histoires cocasses qui accompagnent vos expressions préférées et surtout leurs véritables origines.
Une nouvelle édition de la Grammaire de référence de Jean-Christophe Pellat et Stéphanie Fonvielle, à jour de la terminologie grammaticale de 2020 Le Grevisse de l'enseignant, qui se veut une grammaire au sens large, « du son au texte », suit le modèle donné par Le Bon usage de M. Grevisse et A. Goosse en associant les apports de la linguistique moderne à la tradition scolaire, en portant une attention particulière à l'usage et en proposant de nombreux exemples signés, surtout littéraires.
La référence pour les enseignants Une grammaire complète présentant les différentes dimensions de la langue française, du son au texte.
La grammaire illustrée par plus de 500 citations issues de la littérature patrimoniale et contemporaine.
La prise en compte des derniers programmes du primaire et du collège, la terminologie actualisée...
Pour un usage quotidien Toutes les notions expliquées de manière claire et rigoureuse.
Une grammaire pratique et dynamique : tests de reconnaissance, manipulations...
Un sommaire conçu pour une circulation aisée dans l'ouvrage.
La présence de nombreux tableaux, index et glossaire.
« L'Europe des langues a un destin qui lui est propre et ne saurait s'inspirer de modèles étrangers. Si l'adoption d'une langue unique apparaissait aux États-Unis, pour tout nouvel émigrant, comme un sceau d'identité, en revanche, ce qui fait l'originalité de l'Europe, c'est l'immense diversité des langues et des cultures qu'elles reflètent. La domination d'un idiome unique, comme l'anglais, ne répond pas à ce destin. Seule y répond l'ouverture permanente à la multiplicité. L'Européen devra élever ses fils et ses filles dans la variété des langues et non dans l'unité. Tel est à la fois, pour l'Europe, l'appel du passé et celui de l'avenir. » C. H.
« Que faut-il pour faire un monde ? Des noms, des verbes et des pronoms personnels. Ou plus précisément : des noms liés par des verbes pour pouvoir décrire le monde, des pronoms personnels (je, tu) liés à des verbes pour pouvoir y agir. C'est à la défense de ces thèses que ce livre est principalement consacré. » La philosophie savante s'est détournée des grands problèmes métaphysiques : qu'est-ce qui existe réellement ? pourquoi tout ce qui arrive, arrive ? peut-on tout savoir ? peut-on agir librement ? Ces questions doivent pourtant être sans cesse reprises. Elles sont ici reconstruites sur la base d'un des fils conducteurs de la pensée contemporaine : c'est le langage qui fait du réel un monde. Publié pour la première fois en 1997, Dire le monde est devenu un classique, souvent repris et discuté. Cette édition est ainsi augmentée des commentaires de six philosophes de différents pays et spécialités, Étienne Bimbenet, Jim Gabaret, Luiz Henrique Lopes dos Santos, Élise Marrou, Carlos Ulises Moulines et Bernard Sève, ainsi que des réponses de Francis Wolff.
Philosophe et professeur émérite à l'École normale supérieure, Francis Wolff est notamment l'auteur de Pourquoi la musique ? (Pluriel, 2019) et de Plaidoyer pour l'universel (Fayard, 2019).
Dans cet ouvrage audacieux et profondément original, on découvre la virtuosité d'un penseur (fusillé à cause de ses idées en Union soviétique en 1937) qui associe intimement science, théologie et linguistique en un seul et même organisme. Ce texte, écrit en 1920, défend une thèse surprenante : les mots ne se réduisent pas à de simples vibrations de l'air, ils sont d'authentiques organismes vivants et ont une énergie propre. Cette énergie, projetée au bon endroit et avec précision, agit sur le monde et sur les hommes mieux qu'aucun artifice de la technique. C'est précisément cela que l'auteur appelle magie. Mais le mot n'aurait pas que le pouvoir de changer le monde, il aurait aussi celui - par le prénom - de façonner la personnalité. Florenski en est si convaincu qu'il rédige en parallèle un curieux ouvrage sur la force des noms. Nous en donnons dans cette édition un extrait portant sur celui de l'auteur, lequel constitue ainsi un exercice insolite ayant valeur d'autobiographie.
Eu égard au nombre de langues abordées (soixante-quinze), à sa façon rigoureuse de décrire les grands types de langues présents à travers le monde (isolantes, flexionnelles, agglutinantes et polysynthétiques) et d'analyser leur mode de construction de mots et de phrases avec des exemples concrets, La traversée des langues apporte une contribution majeure à la connaissance universelle des langues. Qu'il s'agisse de langues d'origine indo-européenne, asiatique, africaine, polynésienne, aborigène ou encore amérindienne, cet ouvrage se penche également sur leur manière d'aborder la question des genres (lexicaux, animés et sexués) ou d'exprimer des relations de possession originales. Elle examine aussi la présence ou l'absence chez elles des verbes « être » et « avoir », verbes piliers du français et des langues voisines. Le dernier chapitre enfin, à titre d'illustration d'un regard autre sur le monde, étudie le fonctionnement du chinois mandarin.
Au fur et à mesure des chapitres, se dessinent des paysages souterrains révélateurs de sensibilités propres à telle ou telle communauté culturelle. L'espagnol comme le wolof, l'irlandais ou encore le thaï disposeront de deux verbes « être » différents selon qu'il s'agira d'exprimer une qualité essentielle ou un état temporaire. Le birman prêtera au pronom « tu » non le genre de la personne interpellée mais celui de la personne qui parle. Le maori aura recours quant à lui à un possessif différent (mon chien ou ma plume, contre mon père ou ma pyrogue) suivant des rapports d'autorité ou domination entre le sujet parlant et l'objet nommé. Et ainsi de suite.
Bref, la Traversée des langues, vouée à la comparaison, tresse des liens entre les langues et, ce faisant, permet par moment de les apercevoir de l'intérieur. Sans être son objectif principal, c'est en tout cas une conséquence de la démarche rigoureusement analytique et comparative mise en oeuvre.
INVITATION LINGUAFEST 2023 https://linguafest.org/nos-conferences/ Halles des Blances Manteaux - 75004 Paris Conférence débat du 29 septembre à 12:00H Le pluralisme, c'est plus que parler plusieurs langues - Illustration par une traversée des langues (60 mn)
« Signes et déchets de signes, phrases et déchets de phrases font nos milieux de vie. En cela, l'actualité récente a souvent révélé, s'il en était besoin, quelque chose comme des états pourris de la parole, pourris à force de déliaisons, de rétrécissements, d'inattention, de bâclage, de négligence, de morgue, de dédain. Des états pourris de la parole politique, de la parole médiatique, et de nos propres échanges, c'est-à-dire des phrases que nous mettons dans le monde et entre nous, dans la rue, dans le travail, sur les réseaux, dans les tweets, ces « gazouillis » ». Marielle Macé - Déjà auteure pour AOC d'un formidable texte sur « Nos cabanes », Marielle Macé a confié au début 2021 un long et important article à propos des « états pourris de la parole » tels que notamment révélés par la crise sanitaire. Mais attention, parler d'une pollution de la parole n'est pas une manière de déplorer un quelconque appauvrissement de la langue, ce n'est ni un esthétisme, ni un élitisme. C'est le désir de penser la parole comme un milieu partagé et vulnérable, comme une « zone à défendre » : un lieu commun dont il faut prendre soin. C'est précisément ce que faisait Céline Curiol quelques mois plus tôt dans les colonnes d'AOC avec « Paroles malheureuses », une nouvelle en forme de dystopie autour d'une épidémie de mots pathogènes. Et si notre vulnérabilité relevait directement du propre de l'humain : de la langue ?
«Ces études apportent dans leur ensemble, et chacune pour soi, une contribution à la grande problématique du langage qui s'énonce dans les principaux thèmes traités : on y envisage les relations entre le biologique et le culturel, entre la subjectivité et la socialité, entre le signe et l'objet, entre le symbole et la pensée, et aussi les problèmes de l'analyse intralinguistique.»E. Benveniste
Rarement un seul signe graphique (·), le point médian, aura fait couler autant d'encre. Rarement aussi le débat public, politique, aura été aussi caricatural, réduisant les rapports complexes qu'entretiennent langue et société à une seule marque (détestable), un seul enjeu (dangereux). Côté pile : Julie Neveux s'en amuse très sérieusement dans une comédie très enlevée. Côté face : elle se réjouit de la parution de La Grande Grammaire du français porte ouverte sur la diversité des usages ordinaires du français, dans l'ensemble du monde francophone, et qu'ils soient écrits ou oraux.
Qu'est-ce que la culture de droite ? Furio Jesi consacre les études ici réunies à l'analyse des matrices souterraines, du langage et des manifestations des « idées sans mots » de la culture de droite du dix-neuvième siècle , ce faisant il démasque les lieux communs, les formules et les mots d'ordres qui font allusion à un noyau mythique : les principes récurrents de Tradition, Passé, Race, Origine, Sacré. Dans cette perspective, l'auteur enquête sur les appareils linguistiques et iconographiques qui sous-tendent le néo-fascisme, le nazisme et le racisme, et sur les matériaux mythologiques manipulés par la propagande politique de droite pour légitimer son pouvoir et l'ordre social dominant.