Textes choisis et présentés par Franck Médioni
Ils courent, ils courent la campagne, tous ces dictons !
Ils nous font comme une musique qui rime dans nos mémoires, qu'on les ait entendus une ou mille fois...
Fruits de l'observation et de l'expérience, ils nous conseillent pour bien jardiner et règlent les travaux des champs, aident à reconnaître les petits signes annonciateurs du temps ou des saisons, amorcent une sagesse populaire...
Daniel Brugès rassemble ici un florilège de ces dictons qui revenaient si souvent dans la conversation des anciens et les illustre de ses charmantes aquarelles, recréant autour du texte une atmosphère champêtre.
Deux génies. Y a-t-il autres mots pour qualifier Nietzsche et Pascal, qui font ce mois-ci la couverture de la Revue des Deux Mondes ? Non, tant on est pris de vertige à l'évocation de ces grands penseurs complexes, paradoxaux, aux corps abîmés par le travail et en proie au questionnement permanent. Restons humbles, ne cherchons pas à les enfermer dans des cases que leurs esprits rugissants feront voler en éclats. « Ceux qui limitent leur caractère à un ou deux traits se trompent. Si Pascal est un ascète, il aime plaisanter et rire, sa correspondance le prouve. Nietzsche n'est pas seulement le rebelle, le vorace, le violent qui transparaît dans ses écrits, il se montre attentif et doux envers ses contemporains. Les deux hommes se dérobent aux simplifications », avertit Aurélie Julia, directrice de la Revue.
Parce qu'il connaît Nietzsche jusque dans ses recoins, Michel Onfray en est l'un des meilleurs pédagogues et parvient, au cours d'une longue interview, à éclairer, que l'on soit ou non béotien, la personnalité et la pensée de l'auteur de Zarathoustra. Comment percer le concept de volonté de puissance ? Pourquoi selon la dialectique nietzschéenne traverse-t-on trois temporalités du chameau, du lion et de l'enfant ?
Petit-fils du Général, Yves de Gaulle retrace lui le lien entre le philosophe prussien et son grand-père « humaniste et chrétien » alors qu'a priori tout semble les éloigner : « le premier pense et détruit par la pensée ; le second ne cesse de vouloir construire par l'action (...) ».
De Pascal avec qui il partage l'amour de la mathématique, Cédric Villani dresse de son côté le portrait d'un « scientifique joyeux et audacieux, qui s'inspire du monde pour définir ses problèmes ». Il nous raconte comment Blaise Pascal, dont on célèbre cette année le 400e anniversaire de la naissance, fut le premier à mettre « explicitement en calculs le hasard », ouvrant dans l'histoire des sciences le vaste champ des probabilités.
Dans ce numéro de la Revue des Deux Mondes est publié pour la première fois le texte d'une conférence qu'a donnée en 1976 Julien Freund après le vote le 10 novembre 1975 d'une résolution des Nations unies assimilant le racisme au sionisme. Révoquée en 1991, cette motion fut selon le philosophe français l'instrument d'une manoeuvre de politique intérieure de la Russie et d'une manipulation des pays arabes.
Lisez encore la perspective troublante qu'ouvre la transition démographique en cours dans la quasi-totalité des pays du monde. Alors que pour la première fois depuis 1960, la Chine a connu l'an dernier un repli de sa population, l'érosion à l'échelle mondiale de l'indice conjoncturel de fécondité (ICF) laisse présager avant la fin du siècle un hiver démographique aux conséquences lourdes d'incertitudes. Bonne lecture !
Aucun lecteur sensé ne peut croire en la solution invraisemblable proposée à la fin du célèbre roman policier Dix petits nègres.
En donnant la parole au véritable assassin, ce livre explique ce qui s'est réellement passé et pourquoi Agatha Christie s'est trompée.
Après un numéro 1 de rentrée, littéraire et scolaire, le N°2 fait la part belle aux livres dessinés, au graphisme et à l'imaginaire, même si tous les genres, sans hiérarchie, seront à nouveau abordés, avec pour chacun une sélection choisie parmi les nouveautés, mais aussi des poches et des classiques.
«Je devais avoir six ou sept ans, quand on me rapporta d'Angleterre La Belle au bois dormant en pop-up. Ouvrant ce livre, je vis soudain éclore un monde entre mes deux mains. Un monde léger, profond, un monde bleu profond. Je ne désirai qu'y pénétrer. Je n'en suis jamais vraiment revenue. Depuis lors, j'ai gardé la certitude que la pensée a au moins trois dimensions, déployant cet espace, où les mots et les images n'en finissent jamais de se rencontrer. Avec le recul, je me suis rendu compte que je n'ai jamais rien cherché d'autre que cet espace intermédiaire, où vient prendre forme tout ce qui nous importe. Espace ni subjectif, espace ni objectif, espace inobjectif. Notre chance est qu'il revient à certains artistes de jouer leur vie à ce jeu et de nous révéler alors le lointain qui nous habite. J'en aurais guetté toutes les approches, singulières ou plurielles. Ce recueil est le carrefour de leurs étranges mouvances. Il y va du déploiement de toute pensée, trouvant sa forme dans l'espace qu'elle fait soudain vivre. Rien n'est aujourd'hui plus menacé que cet espace paradoxal. Jusqu'à quand les contes nous seront-ils garants, comme La Belle au bois dormant l'aura été pour moi, que le grand maître de jeu continue d'être le désir en quête de lui-même?»Annie Le Brun.
Dans ce très bel ouvrage, Sophie Pujas, journaliste au Point et autrice et Nicolas Malais, libraire et spécialiste de manuscrits anciens ont réuni plus 80 extraits de journaux intimes issus de collections de musées et ou de bibliothèques ou encore de fonds tel que l'APA (Association Pour l'Autobiographie). Plongée unique au coeur de l'intime et du quotidien, ces textes et fragments soigneusement choisis et commentés nous racontent la vie au jour le jour, qu'elle soit grandiose ou ordinaire, douce ou terrible. Benjamin Constant incapable de rompre, Marie Curie disant adieu à l'amour de sa vie, Orwell cultivant son jardin, Klemperer témoignant de la barbarie nazie en marche, Sylvia Plath racontant son coup de foudre pour un certain Ted Hughes, Pavese luttant contre la tentation du suicide, Benoîte Groult savourant les émois d'un triangle amoureux à l'aube de la vieillesse... À chacun son journal pour se scruter ou ausculter le monde. Emouvants, étonnants, magni?ques, ces facs-similés renaissent dans ces pages et nous transportent.
En 2021, l'humanité pandémiquement globalisée célèbre le bicentenaire de la naissance (30 octobre 1821) de Fedor Mikhaïl Dostoïevski, génie aussi tourmenté que prophétique. Son oeuvre hante la conscience européenne et mondiale depuis un siècle et demi (Nietzsche, Proust, Kafka, Nabokov, Berdaïev, Chestov, Soljénitsyne, Sarraute, Sollers, Visconti, Bresson, Kurosawa, Wajda et bien d'autres).
Vibrante osmose et vigilance tonique, l'oratorio de Julia Kristeva décrypte un Dostoïevski total et neuf, galvanisé par le langage. Son livre dévoile la surprenante actualité du « grand Russe ».
L'oeuvre de Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski hante la conscience européenne et mondiale depuis un siècle et demi (Nietzsche, Proust, Kafka, Nabokov, Berdiaev, Chestov, Soljénitsyne, Sarraute, Sollers, Visconti, Bresson, Kurosawa, Wajda et bien d'autres) et continue à fasciner le marketing hyperconnecté (16 versions en chinois de Crime et Châtiment). Le livre de Julia Kristeva dévoile la surprenante actualité du « grand Russe », génie aussi tourmenté que prophétique.
« Partout et en toutes choses, je vivais jusqu'à l'ultime limite, et j'ai passé ma vie à la franchir », écrit-il à son ami le poète A. Maïkov en 1867. Il l'a fait, porté par sa foi orthodoxe dans le Verbe incarné, en réinventant ce pari sur la puissance de la parole et du récit qu'est le roman polyphonique : pour braver le nihilisme et son double, l'intégrisme, qui gangrènent le monde sans Dieu et avec lui.
Ses personnages extravagants, oscillant entre monstruosité pathétique et insignifiance d' « insectes », pressentaient déjà la matrice carcérale de l'univers totalitaire qui se révéla dans la Shoah et le Goulag, et qui menace aujourd'hui par l'omniprésence de la technique.
Vibrante osmose et vigilance tonique, l'oratorio de Julia Kristeva décrypte un Dostoïevski total et neuf, galvanisé par le langage. L'homme et l'oeuvre s'introduisent dans le troisième millénaire, où, enfin, « tout est permis ». Et les anxiétés des internautes rejoignent les sous-sols des démons dostoïevskiens.
« La liberté naît, la nuit, n'importe où, dans un trou de mur, sur le passage des vents glacés », écrivait René Char au maquis. Aujourd'hui, la grande perturbation écologique, sanitaire, financière, migratoire, politique et sociale semble donner toute latitude aux pouvoirs pour mettre à mal le pacte démocratique. L'espace civilisationnel, celui des langues et des arts, du partage et de la transmission, doit sans cesse être affranchi et vivifié pour contrer l'emprise de la technologie et toutes les formes de violence. Ainsi la défense des libertés passe-t-elle par l'exaltation de la Liberté, seule dimension a priori dont l'existence réelle ne tient qu'à notre volonté.
Apulée # 7 Libertés rassemble des poètes consacrés ou à découvrir, des romanciers, chercheurs, artistes - Ubah Cristina Ali Farah, Abdelaziz Baraka Sakin, Sherko Bekas, Yahia Belaskri, Anouar Benmalek, Jean-Marie Blas de Roblès, Laure Cambau, Gérard Chaliand, Georges-Olivier Châteaureynaud, Julien Delmaire, Selahattin Demirtas, Alain Deneault, Noël Devaulx, Ananda Devi, Pascal Dibie, Georges Didi-Huberman, Zehra Dogan, Delphine Durand, Éric Faye, Annie Ferret, Myriam Gaume, Lise Gauvin, Édouard Glissant, Bruno Grégoire, Hubert Haddad, Zadig Hamroune, Fawaz Hussain, Yvon Le Men, Khalid Lyamlahy, Martin Melkonian, Laure Morali, Joëlle Naïm, Cécile Oumhani, Catherine Pont-Humbert, Jean Portante, Jean-Luc Raharimanana, Gauhar Raza, Madeleine Riffaud, Rodney Saint-Éloi, Éric Sarner, Leïla Sebbar, Kenza Sefrioui, Hamid Skif, Sami Tchak, Vincent Teixeira, Laurence Vilaine, Kateb Yacine...
En 7 points, l'auteur fournit des clefs pour réussir à rédiger un texte simple et clair : un résumé, une lettre, une dissertation, un compte rendu, une synthèse de documents... soit la majorité des écrits demandés au cours du cursus scolaire et universitaire ou pendant la vie professionnelle.
Le premier chapitre est consacré aux différents types d'écrits (professionnels et universitaires) et à leurs spécificités.
Le deuxième passe en revue les différentes phases de la rédaction (la mise en condition et la réflexion, la rédaction, la relecture).
Le troisième liste les questions à se poser avant de commencer (niveau de langue, genre du texte, registre, destinataire...).
Le quatrième s'intéresse à un élément clef : la structuration d'un texte (plan, paragraphe, transitions, connecteurs...).
Le cinquième traite des principales erreurs à éviter (confusions sur les mots, abus de certains mots et de certaines tournures, barbarismes, solécismes, constructions hasardeuses...).
Le sixième met l'accent sur trois points à soigner : le choix des mots, leur ordre et la tournure des phrases ; la ponctuation ; l'orthographe, et plus spécifiquement les principales erreurs dans lesquelles tombent même ceux qui ne commettent pas beaucoup de fautes.
Enfin, le septième chapitre, en bonus, offre les principales règles de la typographie (utilisation de l'italique, des majuscules...) et rappelle à travers l'Oulipo que la contrainte et les jeux sur les mots engendrent paradoxalement la liberté.
Ces 7 chapitres sont illustrés d'exemples et ponctués d'exercices corrigés.
Des encadrés mettent en exergue des points importants : conseils, mises en garde...
A l'image du romancier américain Morgan Robertson, qui raconta le naufrage du Titanic avec quatorze années d'avance, les créateurs semblent disposer d'un accès privilégié vers l'avenir, qui leur permet d'anticiper les guerres, les dictatures ou les catastrophes naturelles.
Prendre la mesure de cette capacité prémonitoire ne devrait pas seulement inciter à leur confier des responsabilités politiques et à les associer aux recherches de la science, mais aussi à remettre en cause notre lecture des oeuvres ainsi que notre représentation de l'histoire littéraire et artistique.
50 écrivains répondent à la question. Ce questionnaire fait suite en quelque sorte à deux initiatives précédentes, les surréalistes en 1919 demandant « Pourquoi écrivez-vous » à une centaine d'écrivains français, et le journal Libération renouvelant l'expérience en 1988 (auprès de 400 écrivains étrangers et français).
Une enquête nécessaire alors que le numérique et la vidéo accaparent petits et grands...
En supplément, « Papiers » fera une liste exclusive des « 30 livres de littérature à lire pour comprendre le monde contemporain ».
Au Moyen Âge, le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle était l'un des plus importants. Aujourd'hui la basilique constitue toujours le centre névralgique d'une ville qui semble immuable : monastères, couvents, hospices, rues pavées, gargouilles de San Martino Pinario, cloîtres, autels au baroque flamboyant, retables polychromes... Impression de baigner aux sources du sacré, d'une spiritualité pleine de ferveur et de questions. Mais Saint-Jacques-de-Compostelle, c'est aussi « Santiago », capitale de la Galice, région plus proche de la Bretagne que de l'Andalousie : des paysages verts, une âme mélancolique et non-conformiste, des habitants à l'endurance fière, des toits de tuiles orange où nichent les hirondelles, des vérandas blanches et des camélias géants, des gargotes aux petits crus locaux...
En compagnie de saint Augustin, Paul Claudel, Erasme, Federico Garcia Lorca, Luis Buñuel, David Lodge, Manuel Rivas, Eduardo Manet, Camilo José Cela et bien d'autres, balade sur les chemins de Compostelle, où se mêlent depuis toujours le profane et le sacré.
Décédé en 1949, Eric Arthur Blair, plus connu sous le pseudonyme de George Orwell, est longtemps resté prisonnier de ses chefs-d'oeuvre : La Ferme des animaux (1945) et 1984 (1949). Le britannique, cantonné jusqu'alors au rôle de simple antitotalitariste, connait aujourd'hui une seconde jeunesse. De l'essayiste d'extrême droite Laurent Obertone au philosophe socialiste Jean-Claude Michéa, en passant par la journaliste Natacha Polony qui a présidé le Comité Orwell, cet « homme presque génial », comme le qualifiait son principal biographe Bernard Crick, échappe aux étiquettes politiques communément admises. On peut donc désormais parler d' « affaire Orwell » ! Il était temps de s'y plonger et de faire toute la lumière sur le plus conservateur des socialistes, et le plus anarchiste des critiques du Progrès.
Kévin Boucaud-Victoire, spécialiste de l'écrivain britannique, présente ici le George Orwell méconnu du grand public. Dans un format court et dense, s'appuyant sur des biographies qui ont fait autorité, l'auteur livre une approche rafraichissante à rebours des interprétations biaisées, faisant tour à tour d'Orwell un conservateur patenté et un socialiste dans les rangs.
Vivre dans le monde contemporain, c'est être confronté à une multitude de textes éphémères : tracts, journaux, affiches...
Énoncés survolés, rarement lus au sens plein du mot. C'est ce type de textes, extraits pour la plupart de la presse et de la publicité, que cet ouvrage apprend à étudier.
L'auteur s'attache à relier les propriétés des textes à leur situation de communication en utilisant les outils élaborés récemment par l'analyse du discours. Il donne en particulier toute leur importance aux genres de discours et à leur mise en scène. Des publicités de magazines aux articles de L'Équipe, des comptes rendus de films au Guide du routard, il nous invite à lire différemment les messages du monde dans lequel nous vivons.
Paru en 1998 et considérablement enrichi au fil des années, ce manuel est devenu un instrument de travail précieux pour les étudiants qui, dans des filières très diverses, sont amenés à analyser des textes sans avoir reçu de formation spécifique en sciences du langage.
Cette nouvelle édition est enrichie d'un chapitre sur les énoncés adhérents.
Voici un manuel qui décompose les difficultés posées par l'explication de texte afin que l'étudiant puisse gérer son temps de manière méthodique et constructive.
Les exercices seront organisés selon un double ordonnancement : ordre des étapes à suivre dans l'exploration du texte et la mise en place de l'explication d'une part, progression de la difficulté d'autre part.
- En fin de volume, l'étudiant devra être capable de mener son explication de manière autonome.
- En complément numérique, une anthologie de textes classés par "niveau", pour lesquels l'auteur fournit la problématique pour le premier niveau, des éclaircissements lexicaux et contextuels pour le deuxième, et des approfondissements pour le troisième.
Ce manuel d'études littéraires propose un horizon critique propre à fortifier les capacités de lecture et à favoriser leurs travaux de dissertation. Il offre une vraie vision de la littérature, grâce à la mise au jour des trois piliers qui soutiennent une oeuvre (le monde, l'humain et l'image) sous la voûte qui en signe le caractère (le style). Il fait dialoguer extraits analytiques et extraits poétiques.
Il se veut un outil pratique où chaque référence est précédée d'explications introductives notant l'enjeu du texte critique et la situation du texte littéraire.
Tous les extraits sont accompagnés par les entrées traditionnelles de l'étude universitaire, au demeurant mentionnées par le concours de l'École Normale Supérieure (l'oeuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur ; l'oeuvre littéraire et l'auteur ; l'oeuvre littéraire et le lecteur ; la représentation littéraire ; littérature et morale ; littérature et politique ; littérature et savoirs).
Ce livre se veut donc être un compagnon d'étude, dans le champ universitaire, et un compagnon de route, dans le champ intellectuel.
Fidèle à l'appel constant des autres rives et des antipodes, dans l'ardente continuité de ses quatre premiers numéros - Galaxies identitaires, De l'imaginaire et des pouvoirs, La guerre et la paix et Traduire le monde -, la revue Apulée poursuit sa double investigation : face aux bouleversements de l'actuel et dans l'espace inaliénable de la création toujours en devenir.
Dans cette cinquième livraison, c'est le tissage et le métissage des langues - avec au coeur la traduction à l'origine des grands humanismes tant méditerranéens qu'occidentaux - qui sont à l'honneur.
Essayistes, romanciers, nouvellistes, traducteurs, plasticiens et poètes nous rappellent au choix impérieux de l'éveil, du qui-vive et de la parole libre face aux pires dérives, en cette période de régression identitaire, de puérilisme généralisé et de démission compulsionnelle. Avec à l'esprit l'injonction de Lautréamont : « Toute l'eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuel. »
L'autofiction est une projection de soi sur le papier. Mais de nombreux écrivains à la première personne ont accepté, choisi ou revendiqué de se projeter sur des écrans, qu'il s'agisse de cinéma, de vidéo ou de télévision. C'est à eux qu'est consacré cet ouvrage, qui invite à un voyage inédit au coeur de la littérature et de ses liens avec l'image en mouvement.
Même si le terme « autofiction » n'a été créé qu'en 1977 par Serge Doubrovsky, Élise Hugueny-Léger débute sa réflexion avec les Nouveaux romanciers, Alain Robbe-Grillet en tête, et Marguerite Duras. En effet, ces derniers ont fait de leur vie la matière première de leur écriture et se sont laissés tenter par l'aventure cinématographique, réalisant eux-mêmes plusieurs films.
D'autres, comme Sophie Calle ou Georges Perec, ont mis au centre de leurs oeuvres écrites et filmées les figures de la filature ou de la disparition.
C'est plutôt la quête de soi et de ses origines qui semble animer tant les livres que les documentaires d'Emmanuel Carrère, sans que le romanesque soit jamais loin.
Certaines comme Annie Ernaux (dont l'apparition chez François Busnel le 4 mai dernier est évoquée) ou Christine Angot, sans prendre elles-mêmes la caméra, ont vu leurs textes adaptés à l'écran.
Et d'Amélie Nothomb à Delphine de Vigan, de Jean-Philippe Toussaint à Chloé Delaume, d'autres passent outre le mépris intellectuel pour l'écran de télévision afin d'en faire le lieu d'élaboration de leur personnage autofictionnel, prenant ainsi part à la société du spectacle selon des modalités qu'ils définissent eux-mêmes.
Autant de manières, donc, de questionner la notion d'identité, entre mots et images.
Le parcours et l'oeuvre du romancier sont présentés à travers des études de spécialistes, des articles critiques, des entretiens, des témoignages et une volumineuse correspondance. Contient également des inédits de l'écrivain.
« Le vrai courage, c'est celui de trois heures du matin », disait Napoléon Bonaparte. Sans attendre une heure si matinale, Patrick Wajsman et Jean Veil présentent, dans leur contexte historique, 200 citations, tantôt pour nous inspirer bravoure et témérité, tantôt, a contrario, pour nous défendre de la cupidité ou de la lâcheté. Florilège :
« Quand le courage empiète sur la raison, il ronge le glaive avec lequel il combat. » (Shakespeare) « Qui craint de souffrir, souffre déjà de ce qu'il craint. » (Montaigne) « Où serait le mérite si les héros n'avaient pas peur ? » (Alphonse Daudet) « À mesure que l'on s'avance dans la vie, on s'aperçoit que le courage le plus rare est celui de penser. » (Anatole France) « Il faut savoir ce que l'on veut. Quand on le sait, il faut avoir le courage de le dire. Quand on le dit, il faut avoir le courage de le faire. » (Georges Clemenceau) « Le courage est une chose qui s'organise, qui vit et qui meurt, qu'il faut entretenir comme les fusils. » (André Malraux) « L'impossible, nous ne l'atteignons pas mais il sert de lanterne. » (René Char)
Spécialiste mondialement reconnue de l'histoire ouvrière mais aussi de l'histoire des femmes, Michelle Perrot a puissamment contribué à remodeler ces domaines d'étude. Ses analyses des grèves, mais aussi du rôle des femmes dans la cité, continuent d'orienter nombre de recherches ; de même ses travaux sur la prison et sur les mécanismes d'enfermement, menés en étroite liaison avec ceux de Michel Foucault. Elle a également contribué à réhabiliter l'analyse de la vie privée, de l'intime. De sa thèse, qui fit date, Les Ouvriers en grève, à Histoire de chambres, cette énergique historienne des conflits, sociaux et « genrés », s'est aussi affirmée comme une subtile analyste des tyrannies de l'intimité comme de ses frêles bonheurs.
L'écrivain libanais Elias Khoury est considéré comme l'une des figures les plus importantes et les mieux connues sur la scène culturelle arabe aujourd'hui. Romancier, journaliste (il a dirigé le supplément cultu- rel hebdomadaire de deux prestigieux quotidiens libanais, Assafir et Annahar, et est actuellement rédacteur en chef de la Revue d'études palestiniennes), professeur invité dans plusieurs universités améri- caines prestigieuses, il est une figure marquante d'intellectuel engagé à gauche.
Il est l'auteur de treize romans et de plusieurs ouvrages de critique littéraire. Huit de ses romans sont traduits chez Actes Sud, et figurent parmi les meilleures ventes de cette maison d'édition.
Le présent ouvrage propose une approche originale de l'univers de Khouri ; il interroge les dynamiques internes de son oeuvre littéraire au vu des transformations du monde contemporain. L'analyse tente de répondre à plusieurs interrogations : quel est l'impact de la vio- lence engendrée par les guerres et les conflits politiques sur l'écriture romanesque au Liban ? Qu'en est-il de l'engagement et de la fiction historique après la fin des grandes idéologies ? L'oeuvre de Khoury parvient-elle à se libérer de l'autorité narrative ? Sa démarche dé- constructionniste peut-elle être considérée comme postmoderne ?
Cette dernière notion a-t-elle droit de cité au sein de la critique litté- raire arabe ?
Ces interrogations permettent, plus largement, de jeter une lumière sur des questions que le roman arabe contemporain se pose à lui-même, à travers des tentatives variées de renouvellement et de positionnement, aussi bien par rapport à sa propre histoire que par rapport à la litté- rature occidentale.