Il s'agit du troisième volume de la série à succès consacrée à l'histoire culturelle des animaux, dans lequel, à travers 80 illustrations et un plan la fois chronologique et thématique, Michel Pastoureau retrace l'histoire symbolique, littéraire, lexicale et artistique d'un animal, en l'occurrence ici celle du corbeau, qui tout à la fois intrigue, fascine ou terrifie. Oiseau noir, célébré par toutes les mythologies, le corbeau européen ne cesse de se dévaloriser au fil des siècles. Si l'Antiquité gréco-romaine loue sa sagesse, son intelligence, sa mémoire, le christianisme médiéval à sa suite le rejette violemment : c'est un oiseau impie qui occupe une place de choix dans le bestiaire du Diable, symbolisant l'incarnation du démon et de toutes les forces du mal. À l'époque moderne, la symbolique du corbeau continue de se dévaloriser, comme l'attestent les fables, les proverbes, les faits de langue et de lexique. Il reste un animal au cri lugubre, un oiseau noir de mauvais augure et devient même, dans un sens figuré, un dénonciateur, un auteur de lettres anonymes. On en a peur car il a partie liée avec l'hiver, la désolation et la mort. De nos jours, cependant, le corbeau semble prendre sa revanche : les enquêtes les plus récentes sur l'intelligence animale montrent que non seulement il est le plus sagace de tous les oiseaux mais qu'il est probablement aussi le plus intelligent de tous.
Ce roman se présente comme le journal du maître d'oeuvre qui, au douzième siècle, édifia en Provence l'abbaye du Thoronet, exemple d'architecture cistercienne. Jour après jour, nous voyons ce moine constructeur aux prises avec la faiblesse des hommes et l'inertie des choses, harcelé par les éléments contraires, et plus encore, par ses propres contradictions. La vie d'un chantier médiéval, les problèmes techniques, financiers ou doctrinaux que posait sa bonne marche, les solutions d'une étonnante modernité qui leur furent données apparaissent ici bien peu conformes à ce Moyen-Âge de convention dont l'image encombre souvent nos mémoires.
Cependant, cette vivante chronique de la naissance d'un chef-d'oeuvre, appuyée à la fois sur des recherches historiques originales et sur une longue expérience du métier de bâtisseur, est aussi une réflexion passionnée sur les rapports du beau et du nécessaire, de l'ordre humain et de l'ordre naturel. Et elle est encore une méditation lyrique sur l'Ordre en lequel tous les ordres ont leur place, et sur cet art qui rassemble tous les autres : l'architecture.
Mais elle est, d'abord, un acte de foi.
On ignore presque tout de ce que fut la vie de farid-ud-din attar.
On sait qu'il est né à nichéã£pur, en perse, probablement en 1140, qu'il fut apothicaire, qu'il voyagea beaucoup, et qu'il mourut en 1230, dans sa quatre-vingt-dixième année.
On sait surtout qu'il fut l'un des plus grands poètes mystiques de cette époque glorieuse du soufisme oú la quête divine atteignit des sommets inégalés. rûmi, hallaj, saadi furent ses pairs.
Il écrivit beaucoup. le mémorial des saints, le livre divin sont de ses oeuvres majeures.
La conférence des oiseaux est assurément la plus accomplie. elle relate le voyage de la huppe et d'une trentaine de ses compagnons en quête de simorgh, leur roi. d'innombrables contes, anecdotes, paroles de saints et de fous les accompagnent. " lis ce livre, chercheur, tu sauras oú aller, dit le poète. savoure-le longtemps et tu seras nourri. car il a de quoi t'étonner. tu le lis une fois et tu crois le connaître, mais non ! lis-le cent fois, cent merveilles nouvelles ébahiront ton oeil.
" autant dire que la conférence des oiseaux est de ces livres qui se savourent et se fréquentent comme des amis nourriciers.
L'objet que se donne la peinture chinoise est de créer un microcosme, « plus vrai que la Nature elle-même » (Tsung Ping) : ceci ne s'obtient qu'en restituant les souffles vitaux qui animent l'Univers ; aussi le peintre cherche-t-il à capter les lignes internes des choses et à fixer les relations qu'elles entretiennent entre elles, d'où l'importance du trait. Mais ces lignes de force ne peuvent s'incarner que sur un fond qui est le Vide. Il faut donc réaliser le Vide sur la toile, entre les éléments et dans le trait même. C'est autour de ce Vide que s'organisent toutes les autres notions de la peinture chinoise. Riche de sa double culture, François Cheng nous donne les clés d'appréhension et de lecture de la peinture chinoise en la confrontant à notre tradition artistique occidentale.
Ce nouveau volume des « Classiques en images » propose de renouer avec la tradition du poème court japonais à travers une sélection de 60 haïkus exclusivement consacrés aux gestes de la vie quotidienne.
Ce recueil célèbre avec poésie et raffinement la vie de chaque jour avec ses gestes répétitifs (d'écrire une missive jusqu'à enfiler ses chaussettes, se laver les dents...). Ses instants d'oisiveté une fois le travail accompli (allumer la bougie, se peindre les ongles...) ou de joies partagées avec l'enfant (la têtée, le coucher...). La poésie qui partage notre quotidien permet aussi de s'en éloigner sans le fuir.
Bien des chemins mènent à la chambre : le sommeil, l'amour, la méditation, Dieu, le sexe, la lecture, la réclusion, voulue ou subie. De l'accouchement à l'agonie, elle est le théâtre de l'existence, là où le corps dévêtu, nu, las, désirant, s'abandonne. On y passe près de la moitié de sa vie, la plus charnelle, celle de l'insomnie, des pensées vagabondes, du rêve, fenêtre su l'inconscient, sinon sur l'au-delà. La chambre est une boîte, réelle et imaginaire. Quatre murs, plafond, plancher, porte, fenêtre structurent sa matérialité.
De l'Antiquité à nos jours, Michelle Perrot esquisse une généalogie de la chambre, creuset de la culture occidentale, et explore quelques-unes de ses formes : la chambre de Louis XIV, la chambre d'hôtel, la chambre conjugale, celle de la jeune fille, du malade ou du mourant, celle de la cellule carcérale.
Une nouvelle édition illustrée de 120 reproductions d'une grande diversité.
Dans cet ouvrage, où une large place est laissée à l'iconographie (peintures, gravures, photographies), Georges Vigarello s'attache à montrer comment l'évolution de la robe est intiment liée au contexte social et culturel de chaque époque. Ainsi, du Moyen Âge à aujourd'hui, il retrace cette histoire faite de ruptures et de révolutions, pour mettre en lumière combien les profils et les modes suggèrent une sensibilité culturelle, épousent une vision du monde, incarnent l'évolution des moeurs. Car l'apparence de la femme traduit bien souvent ce qui est attendu d'elle, d'où l'enjeu d'une histoire des robes.
Découpé en six grandes parties, l'ouvrage remonte d'abord au XIIIe siècle avec les premiers bustes lacés, pour ensuite s'attarder au XVIe, mais surtout aux XVIIe et XVIIIe siècles, durant lesquels la géométrie des lignes et des silhouettes ne va faire que s'accentuer : le buste est corseté, la ceinture étranglée et le bas du corps entièrement noyé dans les plis. La femme est avant tout un « décor » et cet artifice est conçu en priorité pour la pause, non pour l'activité. Mais l'époque des Lumières en fera la critique, amplifiée par la Révolution française. La nouvelle « citoyenne » gagne en droits et en liberté, et son vêtement doit en témoigner. Pourtant, le premier quart du XIXe siècle, s'attache à restaurer pour un temps ces formes et dépendances passées : c'est alors l'apogée de la crinoline, avant qu'elle-même ne s'efface au profit du fourreau début XXe, tandis que la robe se fait plus collante, dévoilant davantage le bas du corps. Puis, le XXe marque l'élancement : la ligne se redessine et la rupture s'opère sur l'ensemble de la silhouette. Les formes s'installent, plus onduleuses. La mode « garçonne » des années 30 marque de façon décisive l'affirmation d'un corps mobile. De même, à travers les bouleversements contemporains, triomphe une liberté assumée : la mini-jupe, le legging, le pantalon, sont autant de repères forts, à partir desquels la robe est révolutionnée.
En 1968, alors que Pasolini terminait le tournage de Theorème, le journaliste Jon Halliday (alias Oswald Stack) interviewe pendant plusieurs semaines le cinéaste et poète pour qu'il approfondisse avec lui une sorte d'autoportrait personnel et intellectuel, et analyse en profondeur sa carrière littéraire et cinématographique et ses positions politiques. Un document exceptionnel sur l'artiste et l'homme.
Pasolini est à un tournant capital de son oeuvre et de sa vie. Sans avoir encore rencontré un très large public (que ses derniers films lui donneront), il est considéré, aux yeux du monde entier comme une figure majeure du cinéma, de la poésie, du roman et de la vie politique italienne, en tant qu'artiste novateur et observateur unique de l'Italie d'après-guerre. Source d'informations irremplaçables, notamment sur son enfance et sur la genèse de tous ses films, cet entretien n'a jamais été traduit, après sa double publication simultanée, en anglais et en italien. Une publication posthume en Italie (1992) ajouta des éléments concernant les films successifs, et notamment un entretien sur les Contes de Canterbury. Le traducteur ajoute un long chapitre en forme de postface qui rend compte des six dernières années de Pasolini, de ses films ultérieurs, de sa mort. De nombreux photogrammes, photos de plateau et photos d'archives illustrent la conversation.
Pour mieux comprendre le Bouddha, sa vie et son enseignement, Fabrice Midal nous propose de contempler avec lui les plus belles oeuvres d'art qui, d'un bout à l'autre de l'Asie, se sont mises durant des siècles au service de sa spiritualité. Bouddha a vécu il y a plus de 2500 ans, mais les oeuvres d'art qu'il a inspirées témoignent encore de sa présence, de sa sérénité, de son expérience. Une histoire tout à la fois vivante, héroïque et mythique d'un homme qui a renoncé au pouvoir matériel autant que temporel se déroule sous nos yeux.
Ce n'est pas un hasard si nous voyons rouge, rions jaune, devenons verts de peur, bleus de colère ou blancs comme un linge. Les couleurs ne sont pas anodines. Elles véhiculent des tabous, des préjugés auxquels nous obéissons sans le savoir, elles possèdent des sens cachés qui influencent notre environnement, nos comportements, notre langage, notre imaginaire. Les couleurs ont une histoire mouvementée qui raconte l'évolution des mentalités.
L'art, la peinture, la décoration, l'architecture, la publicité, nos produits de consommation, nos vêtements, nos voitures, tout est régi par ce code non écrit.
Nouvelle édition illustrée du Petit livre des couleurs.
À l'aube de ses quatre-vingts ans, David Hockney a recherché pour la première fois la tranquillité à la campagne, un lieu où observer le coucher du soleil et le changement des saisons, un endroit où tenir à distance la folie du monde. Ainsi, lorsque la Covid-19 et le confinement ont frappé, cela n'a pas changé grand-chose à la vie à La Grande Cour, la ferme normande plusieurs fois centenaire où Hockney avait installé son atelier un an auparavant.
On ne reporte pas le printemps est un manifeste qui célèbre la capacité de l'art à divertir et à inspirer. Il s'appuie sur une multitude de conversations et de correspondances inédites entre David Hockney et le critique d'art Martin Gayford, son ami et collaborateur de longue date. Leurs échanges sont illustrés par une sélection de peintures et de dessins inédits réalisés par l'artiste sur son iPad en Normandie, en lien avec des oeuvres de Van Gogh, Monet, Brueghel et d'autres encore.
Constamment poussé à aller de l'avant par son enthousiasme contagieux et son sens de l'émerveillement, à contre-courant depuis toujours, mais très populaire depuis soixante ans, Hockney ne se préoccupe pas de l'opinion des critiques. Totalement absorbé par son environnement et les thèmes qui le fascinent depuis des décennies: la lumière, la couleur, l'espace, la perception, l'eau, les arbres, il a beaucoup à nous apprendre, non seulement sur notre façon de voir... mais aussi sur notre façon de vivre.
Depuis la ville d'Edo, où Hokusai est né, jusqu'au Mont Fuji, dont ses "trente-six vues" restent célèbres, en passant par la figuration du bouddhisme dans son art ou encore les traditionnels cerisiers en fleurs, ce roman graphique explore la vie d'Hokusai parallèlement à sa vision du Japon. Le lecteur découvre ce pays grâce aux oeuvres de l'artiste, qui ont fortement participé à en forger l'imaginaire collectif, au Japon mais aussi dans le monde occidental. Depuis les impressionnistes, l'art d'Hokusai a influencé nos notions de force et d'harmonie. Ce roman graphique réunit des éléments biographiques avec des descriptions écrites et illustrées de la culture et de la tradition japonaises, deux aspects qui ne peuvent être dissociés.
Dans cet ouvrage remarquable, les idées, les anecdotes, les passions et l'humour de Hockney élaborent son point de vue sur les problématiques et les paradoxes de la représentation d'un monde en trois dimensions sur une surface plane.
Hockney suggère que « dessiner apprend à regarder [et que] plus on dessine, mieux on y voit. » Quels sont les liens qui unissent les images que nous fabriquons à la réalité qui nous entoure ? Comment l'évolution des technologies a-t-elle affecté la manière dont les artistes représentent le monde ? Et comment apprécier à sa juste valeur le plaisir simple de contempler des arbres, des visages ou des couchers de soleil ?
Nos deux interlocuteurs ponctuent leur conversation d'observations éclairantes sur nombre d'autres artistes comme Van Gogh ou Vermeer, le Caravage, Monet ou Picasso, et formulent des remarques lumineuses sur le contraste frappant entre les paysages de la Californie, où Hockney a passé tant d'années, et du Yorkshire, la région de son enfance où il vit à nouveau aujourd'hui. Quelques-uns des artistes qu'il a rencontrés en chemin - notamment Henri Cartier-Bresson et Billy Wilder - font des apparitions intéressantes au détour du dialogue.
Autoportrait unique et fascinant de l'un des artistes britanniques les plus célèbres et les plus influents de son temps, Conversations avec David Hockney est devenu un ouvrage de référence sur la nature de la création.
Avec ses rituels anciens, ses symboles complexes et ses décors déconcertants, la franc-maçonnerie n'a cessé de nous fasciner depuis près de trois siècles. Le mystère qui plane autour de cette société secrète a engendré des mythes et souvent des malentendus. Puisant au sein de plusieurs collections majeures d'art maçonnique et présentant de nombreux objets, cet ouvrage trace un tableau exceptionnel, passionnant et détaillé de cette organisation. Il couvre les origines et l'histoire de l'ordre, la philosophie qui inspire les rituels de ses degrés, les rapports en perpétuelle mutation de la franc-maçonnerie et de la société (notamment la place faite aux femmes et l'antimaçonnisme) et les énigmes et mystères qui s'attachent aux francs-maçons, avant d'évoquer certains de ses frères les plus célèbres. Cet ample panorama s'accompagne d'une étude approfondie des hauts degrés et grades et des organisations affiliées présentes dans le monde entier, notamment du Holy Royal Arch, de la Mark Masonry, des Knights Templar et des rites d'York et écossais.
Drôle, fantasque, ubuesque ou terrifiant, le clown nourrit notre imaginaire depuis l'enfance. Façonné par William Shakespeare, Molière, Alfred Jarry, Federico Fellini ou Stephen King, le clown ne connaît pas les frontières pour s'exprimer. Tomber pour faire rire est un mécanisme joyeux qui remonte probablement à l'aube de l'humanité. Bouffons, fous et farceurs sont les grands ancêtres du clown qui puise dans ses origines à la fois sacrées et profanes pour émouvoir ou divertir.
Abondamment illustré, cet ouvrage retrace la généalogie d'un personnage hors du commun, né sur les planches du théâtre élisabéthain, mais qui a très vite conquis le monde du cirque pour s'y épanouir dès le XVIIIe siècle. De nombreux documents inédits, issus des fabuleuses collections de la Bibliothèque nationale de France, racontent une histoire singulière en contrepoint des photographies de Christophe Raynaud de Lage pour un regard exceptionnel sur l'univers clownesque où la mémoire est toujours imprégnée d'une vision contemporaine.
Aujourd'hui, de la scène à la piste, de la rue à l'hôpital, féminin, social ou politique, le clown est partout !
Une histoire du slip est avant tout une histoire de la représentation de l'homme et de son intimité vivante et fantasmatique à travers le monde et les temps du monde. Une histoire de son ingéniosité, de son imagination, de sa poésie et de son érotisme, en parcourant tous les territoires avec la variété de ses inhibitions, exhibitions, coutumes, végétaux et animaux, paysages, températures et tempéraments.
L'ouvrage est composé d'un prologue (La grappe) et de 7 parties (La feuille. La coquille. Le noeud, La peau, L'étoffe, La poche, Le slip). Chacune d'entre elles traite d'une matière, d'une texture. Les petits textes, sous la forme de proses poétiques, qui ouvrent chaque partie, scandent une série d'images non chronologiques, mais plutôt thématiques brassant toutes les époques, cultures et tous les continents. Ces illustrations légendées inscrivent ainsi un contrepoint plus documentaire.
Depuis le texte fondateur de Vasari, l'histoire de l'art avait tenu dans l'ombre le travail des femmes peintres. À partir des années 1960, les Feminist Studies et les Gender Studies ont permis de mettre à mal cette tendance et de redécouvrir des artistes majeures dont le travail avait été injustement occulté au profit de celui de leurs homologues masculins.
Du fait de leur isolement et de leur faible nombre tout autant que des interdits et des obstacles qui furent opposés à leur formation comme à leur carrière, l'étude des femmes peintres a engagé Martine Lacas à se poser certaines problématiques qui leur sont propres : dans quelles familles sont-elles nées ? comment se sont-elles formées ? quelles stratégies ont-elles développées pour légitimer leur statut d'artiste et leur production ? Mais aussi qu'est-ce que le fait d'être femme a changé quant au choix des sujets et de leurs interprétations, quant à l'affirmation de soi par l'oeuvre et dans l'ouvre ?
Pour répondre à ces questions, Martine Lacas s'appuie sur l'étude des ouvres de ces femmes peintres du XVe à l'aube du XIXe siècle, parmi lesquelles on compte Elisabeth Vigée Le Brun, Artemisia Gentileschi, Sofonisba Anguissola ou Adélaïde Labille-Guiard, dont le genre a déterminé et détermine encore la réception, la fortune critique et l'appréciation esthétique.
Quel délice, pour un écrivain passionné de sport, de concevoir un album comme celui-ci ! Élire en toute subjectivité les gestes que j'ai trouvés les plus beaux, les champions les plus charismatiques, les histoires les plus émouvantes. Écrire sur tout cela. Bénéficier du travail d'une petite équipe me permettant de choisir les documents photographiques illustrant ces préférences, les mettant en scène, leur suscitant des échos.
Le sport a ses ombres, mais il s'agit ici de toute la lumière qu'il m'a donnée, hier, aujourd'hui, et même avant que je sois né parfois. L'amitié de l'aryen Luz Long et du noir Jesse Owens, la perfection du saut de Carl Lewis, la subtilité de la passe d'Andrés Iniesta ... Tout le sport que j'aime, en images et en mots.
En 1987, Pierre Soulages accepte la commande que l'État lui propose : créer pour Conques les vitraux que mérite l'abbatiale, jusque là défigurée par des vitraux du début du siècle.
L'artiste a cherché à faire une oeuvre originale, jusque dans la création même de la matière, un verre spécial, pour obtenir exactement la couleur et la variation de la lumière qu'il souhaitait, tout en respectant l'architecture du bâtiment. Le résultat est saisissant.
Ce livre contient une préface de Georges Duby, ainsi qu'un texte du verrier Jean-Dominique Fleury. Une première partie, abondamment illustrée, présente un reportage photographique inédit sur l'abbaye (intérieur et extérieur) avec tous les vitraux en place, accompagné d'un texte de Christian Heck, historien d'art, qui célèbre l'accord entre les intentions des bâtisseurs et l'oeuvre de l'artiste contemporain. Une deuxième partie constituée des "notes de travail" de Pierre Soulages est illustrée par un reportage photographique (travail de recherche du verre idéal, dessins des cartons, etc.)
En 1980, Raymond Depardon réalise une commande pour le Sunday TimesMagazine sur la ville de Glasgow mais le reportage ne sera jamais publié.
Les images resteront dans les cartons du photographe jusqu'à l'exposition Un moment si doux au Grand Palais (14 Novembre 2013 - 10 Février 2014) où le public découvre une partie de la série Glasgow et s'émerveille : Depardon saisit la lumière d'Écosse comme jamais et sublime la fin d'un monde ouvrier. Les ciels nuageux et les sols détrempés de Glasgow apportent une beauté inouïe à l'errance d'un peuple ouvrier désouvré, traînant le long des devantures de magasins, marchant contre les murs d'usines ou jouant au pied d'habitations en ruine.
La discipline historique est présente au musée d'Orsay depuis sa préfiguration : musée d'art, Orsay est aussi un musée qui donne à voir dans la diversité de ses collections une époque de révolutions, politiques, économiques, sociales, médiatiques, artistiques. C'est dans la continuité de ce lien originel entre histoire et histoire de l'art et pour rendre compte de cette période fondamentale aujourd'hui, que cet ouvrage, constitué de quatre-vingts notices, classées par ordre chronologique (du XIXe siècle au début du XXe), propose de réinsérer les collections du musée dans un contexte mondial. L'auteur propose un commentaire d'oeuvre célèbre ou méconnue (peinture, mobilier, sculpture, photographie...), suivant la méthode de l'histoire mondiale. Apparaîtront ainsi les grands mouvements qui traversent un monde bien plus connecté qu'on ne le croyait - hier et aujourd'hui. Une rubrique «Pour aller plus loin» associée à chaque notice rassemble des ouvrages de référence.
Quelques exemples : Jean-Léon Gérôme, Jeunes Grecs faisant battre des coqs, 1846 ; Thibault, La Barricade de la rue Saint-Maur, 1848; Paul Gauguin, Palette de l'artiste, 1848-1903 ; Thomas Abiel Prior, La Reine Victoria inaugurant l'Exposition universelle, 1851-1886 ; Maxime Du Camp, Egypte moyenne. Le Sphinx vu de face, 1852 ; Lars Kinsarvik, Fauteuil, 1900 ; Cunio Amiet, Paysage de neige, 1904 ; Anonyme, Quatre hommes condamnés à la cangue, Pékin, 1905 ; Alfred Stieglitz, The Steerage, 1911 ; Anne Brigman, Dawn, 1912 ; Adolphe de Meyer, Nijinsky et une danseuse, 1914 ; Louise Abbema, Portrait de Sarah Bernhardt, 1921 ; François Pompon, Ours blanc, 1923-1933...
Nées dans les milieux maritimes méditerranéens au cours du XIIe siècle, les cartes marines dites " cartes-portulans " constituent le coeur de l'ouvrage. Dessinées sur parchemin, sillonnées de lignes en étoile évoquant les directions de la boussole et représentant la succession des ports et des mouillages le long des rivages, ces cartes accompagnèrent les navigations européennes et l'exploration du monde jusqu'au XVIIIe siècle. Instruments de navigation utilisés à bord des bateaux, elles furent aussi produites sous la forme d'images du monde enluminées, destinées à de riches commanditaires, illustrant les intérêts économiques et politiques des puissances maritimes européennes. Réunissant les contributions d'une quinzaine de spécialistes européens, le livre fait le point des connaissances sur ce type de cartes et reflète le renouveau historiographique des dernières années.
Ainsi, sous un angle inédit, l'ouvrage interroge la manière dont les Européens ont découvert et conquis mais aussi étudié et représenté territoires et peuples du XIVe au XVIIIe siècle. Les cartes-portulans s'imposent au regard contemporain comme de véritables oeuvres d'art dont le caractère spectaculaire tient autant à leur taille, imposante, qu'à leur polychromie et à leur univers exotique.
Raymond Depardon, a, depuis le début de sa carrière (comme photographe reporter) jusqu'à aujourd'hui, effectué de nombreux voyages au Vietnam.
Les 158 photographies présentées dans cet ouvrage, noir et blanc, imprimées en trichromie et à fond perdu, ont été réalisées en 1964-1965, puis en 1972 et 1994, et enfin en 2013. Raymond Depardon y a glissé ici et là de courts textes commentant la photographie de la page en regard.
Cette succession impressionnante d'images constitue une sorte d'histoire fragmentaire du Vietnam et notamment de la ville de Saigon qui s'est radicalement transformée au fil des décennies. Les hommes sont le grand sujet de ce livre : des portraits de toute beauté ornent les pages et nous retrouvons le Depardon grand-reporter, avec des photos stupéfiantes sur la misère et la violence. Jusqu'à ce que, bien plus tard, en 2013, l'architecture prenne le dessus pour montrer un Saigon métamorphosé.
Le 20 octobre 1917 naissait Jean-Pierre Grumbach, alias Melville, l'un des plus grands cinéastes du xxe siècle. À l'occasion du centenaire de sa naissance, ce portrait en huit poses épouse les différentes faces, parfois contradictoires, souvent ambiguës, de la vie de cet homme insaisissable, à travers des recoupements féconds avec sa filmographie. Peu de livres existent sur Melville, réalisateur pourtant adulé à l'étranger, célébré en France, étudié à l'université. Ce beau livre sur son oeuvre et sa vie, croisant ses archives personnelles et des photographies en grande partie inédites, est un document d'importance pour la transmission cinéphilique et le rayonnement de son travail. Un livre trouble et haletant comme un «film noir», chaque chapitre devenant un nouveau rebondissement de cette existence - de la jeunesse de Jean-Pierre Grumbach, son engagement dans la Résistance, à l'invention d'une figure mythique au stetson, de la construction des Studios Jenner à l'incendie de son temple du cinéma, du précurseur de la Nouvelle Vague au maître du «polar». Un ouvrage pour comprendre celui qui, dans À bout de souffle, incarnant l'écrivain Parvulesco, répondait à la question de Jean Seberg «Quelle est votre plus grande ambition dans la vie?» par cette formule légendaire: «Devenir immortel. Et puis... Mourir.»