Amsterdam
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Bâtonner ; comment l'argent a détruit le journalisme
Sophie Eustache
- Amsterdam
- L'ordinaire Du Capital
- 6 Mars 2020
- 9782354802073
Bâtonner (verbe) : action de copier-coller une dépêche fournie par une agence de presse en la remaniant à la marge. Pratique ordinaire, le bâtonnage résume à lui seul ce que le productivisme fait aux médias. C'est ce que montre le livre de Sophie Eustache, fruit d'une longue enquête, en nous immergeant dans les rédactions, web notamment. Mises en concurrence, celles-ci sont sommées de produire des contenus par les patrons de presse.
Pendant que les sommités du journalisme pontifient, les ouvriers spécialisés de l'information, rivés à leur desk, travaillent à la chaîne. Dépossédés de leur savoir-faire par une organisation du travail taylorisée, leurs cadences s'accélèrent, leurs gestes s'automatisent. L'information, paramétrée par les algorithmes, est usinée en série dans les open spaces. Et dans cette course à la productivité, la fusion du néolibéralisme et du numérique détériore les conditions de travail et le travail lui-même.
Dès lors, comment se fait-il que les travailleurs de l'information continuent de consentir à ce qu'ils font ? Si Bâtonner décrit la transformation des pratiques professionnelles, il interroge aussi les mécanismes de l'aliénation. Déqualifiée et disqualifiée, la profession proteste mais continue de se croire indispensable à la vertu publique. Toujours prompte à "checker" et "décoder" les fake news des autres, elle en oublie souvent que, réduit à une marchandise, le journalisme n'est pas l'ami du peuple, mais un vice qui corrompt la langue, la pensée et, avec elles, la possibilité de la démocratie
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Vous avez dit totalitarisme ? cinq interventions sur les més (usages) d'une notion
Slavoj Zizek
- Amsterdam
- 22 Mai 2013
- 9782354801267
Dans ces essais foisonnants et décapants, slavoj zizek propose une réinterprétation vigoureuse du " siècle des totalitarismes ", du fonctionnement de l'etat stalinien, du système concentrationnaire nazi et, plus généralement, de la condition post-tragique qui est la nôtre.
Ces analyses s'appuient notamment sur les catégories élaborées par jacques lacan, dont l'emploi est ici clair et éclairant, et sur l'examen d'oeuvres de la culture populaire et classique (d'antigone à john woo, en passant par chostakovitch, hitchcock, james bond et spielberg). au terme de ces investigations, ce sont les usages politiques contemporains de la notion de totalitarisme qui se trouvent mis en question, ainsi que la possibilité de l'émergence d'une politique d'émancipation radicale : " la notion de totalitarisme a toujours été une notion idéologique au service de l'opération complexe visant à neutraliser les " radicaux libres ", à garantir l'hégémonie libérale-démocrate, et à dénoncer comme pendant ou double de la dictature fasciste de droite la critique de gauche de la démocratie libérale.
Loin d'être un concept valable, la notion de totalitarisme est une sorte de subterfuge théorique ; au lieu de nous donner les moyens de réfléchir, de nous contraindre à appréhender sous un jour nouveau la réalité historique qu'elle désigne, elle nous dispense de penser, et même nous empêche activement de le faire. ".
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La fabrique de l'homme endetté ; essai sur la condition néolibérale
Maurizio Lazzarato
- Amsterdam
- 22 Août 2011
- 9782354800963
La dette, tant privée que publique, semble aujourd'hui une préoccupation majeure des "responsables" économiques et politiques.
Dans La Fabrique de l'homme endetté, Maurizio Lazzarato montre cependant que, loin d'être une menace pour l'économie capitaliste, elle se situe au coeur même du projet néolibéral. A travers la lecture d'un texte méconnu de Marx, mais aussi à travers la relecture d'écrits de Nietzsche, Deleuze, Guattari ou encore Foucault, l'auteur démontre que la dette est avant tout une construction politique, et que la relation créancier/débiteur est le rapport social fondamental de nos sociétés.
La dette ne saurait se réduire à un dispositif économique ; c'est également une technique sécuritaire de gouvernement et de contrôle des subjectivités individuelles et collectives, visant à réduire l'incertitude du temps et des comportements des gouvernés. Nous devenons toujours davantage les débiteurs de l'Etat, des assurances privées et, plus généralement, des entreprises, et nous sommes incités et contraints, pour honorer nos engagements, à devenir les "entrepreneurs" de nos vies, de notre "capital humain" ; c'est ainsi tout notre horizon matériel, mental et affectif qui se trouve reconfiguré et bouleversé.
Comment sortir de cette situation impossible ? Comment échapper à la condition néolibérale de l'homme endetté ? Si l'on suit Maurizio Lazzarato dans ses analyses, force est de reconnaître qu'il n'y pas d'issue simplement technique, économique ou financière. Il nous faut remettre radicalement en question le rapport social fondamental qui structure le capitalisme : le système de la dette.
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le décalage flagrant entre la morne réalité sociale et son image optimiste véhiculée par les médias officiels a poussé kieslowski, dans un premier temps, à adopter une approche documentaire authentique.
il sera cependant amené à rejeter cette démarche. vers la fin de premier amour, un documentaire de 1974 dans lequel la caméra suit un jeune couple pendant la grossesse de la jeune femme, leur mariage, puis la naissance du bébé, on voit le père tenir le nouveau-né dans ses bras et pleurer ; face à l'obscénité de cette intrusion illégitime dans l'intimité de l'autre, kieslowski réagit en déclarant son " effroi des larmes réelles ".
sa décision d'abandonner le documentaire au profit de la fiction fut ainsi, au sens le plus radical du terme, une décision éthique. on ne peut traduire le réel de l'expérience subjective qu'en lui donnant l'apparence d'une fiction. il est de ce point de vue particulièrement significatif que l'oeuvre de kieslowski, dont les commencements sont marqués par cet effroi des larmes réelles, s'achève par l'éclat de larmes fictives.
ces larmes ne résultent pas de l'effondrement du mur protecteur qui empêche les sentiments de s'exprimer en toute spontanéité ; il s'agit de larmes théâtrales, mises en scène, de " larmes en boîte " ou, pour citer un poète de la rome antique, il s'agit des lacrimae rerum, des larmes versées en public pour le grand autre.
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Que veulent les gays ? essai sur le sexe, le risque et la subjectivité
David Halperin
- Amsterdam
- 26 Octobre 2010
- 9782354800833
Les gays sont-ils " malades " ? Pour lutter contre la pathologisation de l'homosexualité, le mouvement de libération gaie nous avait appris à répondre à cette question par un " Non ! " sonore.
À la catégorie de subjectivité gaie, il fallait alors substituer celle, collective et politique, d'identité gaie. Mais, avec notamment l'épidémie de VIH/sida, les temps ont changé. Alors que celle-ci n'a toujours pas été jugulée, les comportements à risques d'un certain nombre de gays - en particulier, la pratique du bareback - ont donné lieu à un retour en force des approches médicales de l'homosexualité et réactivé bon nombre de clichés sur la supposée déficience psychique des gays.
Dans ces circonstances, David Halperin montre qu'il est urgent de reposer la question épineuse de " ce que veulent les gays ". L'enjeu est de penser la subjectivité gaie en dehors des catégories normalisatrices de la psychologie et de la psychanalyse, en la situant dans son contexte social. Halperin se fait ainsi le champion de traditions queer injustement négligées en dépit de leur inventivité. À travers la lecture d'auteurs comme Marcel Jouhandeau ou Jean Genet, il montre comment le stigmate de l'abjection peut être retourné, et permettre à ceux qui en sont les victimes de résister à l'oppression politique.
Il ouvre ainsi la voie pour penser la subjectivité gaie selon un modèle alternatif, non psychologique, qui a toute sa pertinence dans une perspective de lutte contre le sida.
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Bartleby ; une histoire de wall street et autres recits
Herman Melville
- Amsterdam
- 19 Juin 2007
- 9782915547580
Après avoir décrit son cabinet d'homme de loi, lieu sinistre cerné par les grands murs sombres des immeubles avoisinants de wall street, et ses clercs, qui évoquent les personnages les plus comiques de dickens, le narrateur de cette histoire de wall street rapporte comment bartleby, qu'il avait recruté comme copiste, refusa obstinément de répondre à tous les ordres et à toutes les demandes, sollicitations et supplications qui lui étaient adressés, leur opposant une même formule : " j'aimerais mieux pas " (i would prefer not to), entraînant par là le dérèglement de tout son univers.
Les portraits cocasses et mordants dressés par melville et l'évocation émouvante d'une figure christique aux prises avec le pharisaïsme de ses contemporains laissent ouverte la question du sens de ce récit : si la formule de bartleby perturbe le narrateur et son petit monde, elle vient aussi troubler les interprétations du texte que le lecteur pourrait se risquer à avancer. c'est sans doute l'une des raisons de la fascination que n'a pas cessé d'exercer bartleby sur ses lecteurs.
Ce volume contient également des traductions inédites de l'homme au paratonnerre, la véranda, le clocher, ainsi que " descriptions d'un combat ", une lecture de bartleby proposée par mathieu lindon.
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Penser à gauche ; figures de la pensée critique aujourd'hui
Collectif
- Amsterdam
- 24 Janvier 2011
- 9782354800840
Après l'extraordinaire mouvement d'insubordination généralisée des années 1968 ", la gauche a été littéralement défaite par la contre-révolution néolibérale et les réactions conservatrices qui se sont déployées à l'échelle du monde. Avec la crise financière permanente qui s'impose et s'étend, avec l'épuisement des ressources naturelles et les dérèglements climatiques induits par la logique folle du capitalisme, mais aussi avec la reprise des luttes et des contestations, la donne a aujourd'hui changé. Nous sommes parvenus à un moment crucial de notre histoire. L'alternative entre un mouvement de démocratisation radicale et la barbarisation toujours plus accusée du monde s'impose à nous chaque jour davantage. Nuls lendemains qui chantent à l'horizon, mais des possibilités, incertaines mais concrètes, de construction d'un monde dans lequel les vies de tous et de chacun redeviendraient pleinement vivables et désirables. Il nous faut penser maintenant à hauteur de ces exigences. Une constellation d'activistes, d'analystes, de chercheurs et de théoriciens, s'essaye aujourd'hui à réarmer la critique de gauche. Nous n'avons pas affaire ici à une perspective unitaire : tensions, contradictions et polémiques sont au rendez-vous, et elles ne sont pas près de cesser. Penser à gauche, à travers les contributions de nombre de ces penseurs ou la lecture attentive de leurs ouvrages, voudrait offrir à ses lecteurs une sorte d'instantané au moins partiel de cette constellation, permettant de les saisir dans leur diversité et leurs contradictions.
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Queer zones ; politique des identités sexuelles et des savoirs
Marie-Hélène Bourcier
- Amsterdam
- 14 Septembre 2011
- 9782354800918
Publié pour la première fois en 2001, ce livre pionnier a permis l'ouverture d'un espace théorique et politique queer en France. Il s'agit d'une boîte à outils destinée aux activistes en quête de cultures et de politiques sexuelles qui ne soient pas (homo ou hétéro)normatives. Stimulants et provocants, les textes réunis dans ce recueil constituent également une introduction critique à la déconstruction des genres et aux travaux de Judith Butler et de Michel Foucault. Ils mettent de plus en évidence l'apport des subcultures trans, butch et SM à une réflexion plus large sur les relations entre pouvoir et savoir, ainsi que le formidable potentiel des sexualités dissidentes et la continuité politique entre féminisme pro-sexe et activisme queer. Cette nouvelle édition comprend trois essais inédits sur le «devenir femme» de Deleuze, l'utopie sexuelle urbaine de Gayle Rubin et la post-pornographie selon Annie Sprinkle.
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Dans ces essais foisonnants et décapants, qui constituent une voie d'accès idéale à son oeuvre, Slavoj Zizek propose une réinterprétation vigoureuse du " siècle des totalitarismes ", du fonctionnement de l'Etat stalinien, du système concentrationnaire nazi et, plus généralement, de la condition post-tragique qui est la nôtre. Ces analyses s'appuient notamment sur les catégories élaborées par Jacques Lacan, dont l'emploi est ici clair et éclairant, et sur l'examen d'oeuvres de la culture populaire et classique (d'Antigone à John Woo, en passant par Chostakovitch, Hitchcock, James Bond et Spielberg). Au terme de ces investigations, ce sont les usages politiques contemporains de la notion de totalitarisme qui se trouvent mis en question, ainsi que la possibilité de l'émergence d'une politique d'émancipation radicale : " La notion de totalitarisme a toujours été une notion idéologique au service de l'opération complexe visant à neutraliser les " radicaux libres ", à garantir l'hégémonie libérale-démocrate, et à dénoncer comme pendant ou double de la dictature fasciste de droite la critique de gauche de la démocratie libérale. Loin d'être un concept valable, la notion de totalitarisme est une sorte de subterfuge théorique ; au lieu de nous donner les moyens de réfléchir, de nous contraindre à appréhender sous un jour nouveau la réalité historique qu'elle désigne, elle nous dispense de penser, et même nous empêche activement de le faire. "
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Lire, interpréter, actualiser ; pour quoi les études littéraires ?
Citton/Yves
- Amsterdam
- 24 Octobre 2007
- 9782354800048
Pourquoi étudier aujourd'hui des textes littéraires rédigés il y a plusieurs siècles ? Pour quoi faire ? On répondra à ces questions en proposant un plaidoyer pour les lectures actualisantes, qui cherchent dans les textes d'hier de quoi réfléchir sur les problèmes d'aujourd'hui et de demain. Ce plaidoyer proposera en fait cinq livres reliés en un seul : une théorisation rigoureuse des méthodes, des enjeux et des limites du geste actualisateur ; un essai d'ontologie herméneutique, qui fait de l'activité de lecture le modèle de constitution de notre réalité humaine et sociale ; une tentative de cartographie des principaux changements sociétaux en cours, destinée à situer le rôle nouveau que sont appelées à jouer les activités d'interprétation ; une prise de position politique dénonçant les angles morts et les perspectives étriquées du néo-conservatisme dominant ; un ouvrage de vulgarisation, visant à faciliter l'accès aux problématiques actuelles de la théorie littéraire, de la réflexion herméneutique et des multiples noeuds qui unissent biopolitique, capitalisme cognitif et économie des affects. Cette démonstration articulée en 14 chapitres et scandée par 58 thèses succinctes invite son lecteur à conclure que, loin d'être condamnées à rester une discipline poussiéreuse, les études littéraires peuvent devenir le lieu d'une indiscipline exaltante, en plein centre des débats les plus brûlants de notre actualité.