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Pourquoi peut-on étudier le Japon en particulier, mais pas l'étranger en général ? Avant tout parce que la conception que l'on se fait de l'universel reste largement monolingue et autocentrée. Liée à l'ignorance - ou au déni - du caractère nécessairement situé de l'étude des réalités étrangères, cette situation tend à reproduire les logiques de domination qui structurent le monde. Il en résulte un face-à-face délétère entre ceux qui n'appréhendent le réel qu'au prisme d'intérêts locaux et ceux qui, se revendiquant universalistes, partent du principe qu'il n'existe pas de frontières.
Pour rompre avec cet état de fait, Michael Lucken propose dans cet ouvrage une réflexion riche et engagée sur la xénologie, dont il expose les principaux jalons historiques et les différentes fonctions : la prédation, la critique, la généralisation et, à l'horizon, la métamorphose des individus et des sociétés. Il dessine ainsi les linéaments d'une forme renouvelée d'anthropologie, plus sensible à la variabilité des imaginaires collectifs. Et montre que c'est seulement lorsque les humains auront une expérience intime de la divergence des points de vue sur le monde que l'universel cessera de leur être étranger. -
Le Japon grec ; culture et possession
Michael Lucken
- Gallimard
- Bibliothèque Des Histoires
- 25 Avril 2019
- 9782072799136
«Japon grec. Accolés, ces deux mots suscitent un sentiment d'étrangeté, une impression de chimère. Moitié Apollon, moitié samouraï, moitié Vénus, moitié geisha, dans un décor qui serait à la fois blanc et bleu comme les Cyclades, vert profond et rouge cinabre comme les sanctuaires shinto. Comment deux pays aussi distants peuvent-ils être rapprochés pour former une image cohérente ?» L'ouvrage de Michael Lucken permet de suivre la pénétration diffuse de la culture grecque classique dans les arcanes de la littérature, de la philosophie, de l'architecture et des arts japonais contemporains. Entre la fin du XIX? siècle et 1945, le Japon s'est pris d'une véritable passion pour la Grèce antique. La sculpture bouddhique est revisitée à la lumière du corps grec, le théâtre nô est rapproché de la tragédie et l'architecture des banques réinterprète le temple classique ! Aujourd'hui encore, bien des mangas et des dessins animés s'inspirent des dieux et héros de l'Antiquité. La façon dont le Japon - qui n'a jamais eu de contact direct avec la Grèce antique - a intégré cet héritage fournit un formidable modèle pour penser le grand problème de l'appropriation des cultures.
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Cet ouvrage répertorie et analyse les centaines de photographies prises en août 1945, le jour et aux lendemains des deux bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Il resitue le contexte dans lequel les clichés ont été pris. Il retrace la vie de leurs auteurs japonais ou américains, et montre, enfin, comment ces images sources ont été relayées et réinvesties dans la culture.Livre d'histoire et de réflexion sur le statut historiographique de l'image, 1945 - Hiroshima est aussi un acte d'engagement pour une intelligence des faits et des différentes manières dont ils sont reproduits. Nouvelle édition revue et corrigée
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NakaMasakazu ; naissance de la théorie critique au Japon
Michael Lucken
- Les presses du réel
- 19 Janvier 2016
- 9782840668121
Nakai Masakazu a été l'un des pionniers de la critique des médias, du cinéma et du sport au Japon. Né en 1900, il a connu la crise du bouddhisme, la montée du fascisme, la prison, le bombardement de Hiroshima et l'occupation américaine. Du fait de ses références et de sa sensibilité, il a souvent été rapproché de Walter Benjamin. À travers ce penseur original dont l'oeuvre a marqué les mouvements de contre-culture des années 1960, Michael Lucken propose une introduction vivante à la pensée du Japon moderne.
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Sengo, le Japon après la guerre
Michael Lucken, Anne Bayard-Sakai, Emmanuel Lozerand
- Les Presses De L'Inalco
- Asie(s)
- 26 Septembre 2017
- 9782858312467
Au Japon, la Seconde Guerre mondiale et l'occupation américaine ont gardé aujourd'hui encore une forme d'actualité. Entre conviction profonde et instrumentalisation de la mémoire, la lecture de l'histoire des années 1940 détermine toujours de nombreuses positions sur la scène politique et culturelle de l' Archipel, qu'il s'agisse de la réforme de la Constitution, des relations avec la Chine et les États-Unis ou de la commémoration des héros de la nation. En ce sens, et peut-être plus qu'ailleurs, l'après-guerre y est une réalité du présent. Ce livre examine de façon précise et ordonnée les différentes modalités du rapport à la guerre. Pour mettre en relief l'ampleur et la complexité du thème, de nombreux domaines sont ici explorés, comme la politique, l'éducation, l'environnement, mais aussi les arts et la littérature. Les contributions réunies au sein de cet ouvrage ont été rédigées par certains des meilleurs spécialistes du Japon moderne et contemporain. En annexe, sont présentés et traduits plusieurs textes historiques de première importance, comme la déclaration impériale du 15 août 1945 ou le principal rapport américain sur les bombardements stratégiques.
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A la veille de la Seconde Guerre mondiale, le Japon a choisi le camp des puissances de l'Axe ; il était mû par un esprit de revanche et voulait dominer l'Asie et le Pacifique. La population japonaise a donc été mobilisée pour ce projet dès 1937, quand les armées nippones entreprirent la conquête des grandes villes chinoises : Pékin, Shanghai, Nankin. Aux yeux du gouvernement militariste, les Japonais devait marcher d'un seul pas, liés par la même dévotion à l'empereur.
Michael Lucken revient sur ce mythe d'une unanimité dans la guerre, montrant les sentiments contradictoires qui ont agité la société. Véritable histoire culturelle et matérielle d'un pays plongé dans le gouffre d'un conflit meurtrier, il décrit les principales étapes de la guerre et ses manifestations dans les esprits et sur le territoire. La mémoire des Japonais continue d'être travaillée par ces événements tragiques : les conquêtes, les massacres à Nankin et ailleurs, puis la débâcle, les kamikazes et les bombardements américains, en particulier de Hiroshima et Nagasaki...
Ce retour sur le passé japonais éclaire les rêves déçus et les cauchemars qui hantent les héritiers de Hirohito.Spécialiste du Japon moderne, Michael Lucken a publié de nombreuses études sur les monuments, la photographie de reportage ou les arts au cours de la période 1937-1952. Il est notamment l'auteur de Grenades et amertume. Les peintres japonais à l'épreuve de la guerre (2005), Le Japon après la guerre (2007) et 1945 Hiroshima : les images sources (2008). -
Le Japon est-il radicalement différent ? Le rapport à la science, la manière dont y est organisé le pouvoir, la façon dont le monde y est représenté, sont autant d'éléments qui permettent d'en douter. De très nombreuses références culturelles sont communes d'un côté et de l'autre du continent eurasiatique. Le premier objectif de cet ouvrage est de montrer que le Japon fait partie de la même communauté que les pays occidentaux ce qui va à rebours de toutes les idées reçues.
Toutefois il ne suffit pas de souligner la proximité des valeurs, des structures sociales et politiques pour gommer l'impression d'étrangeté que suscite ce pays au premier abord. D'où provient, alors, le sentiment de cette singularité ? Elaboré à partir d'un chapelet d'images, ce livre répond à cette question et déjoue les idées préconcues pour donner à voir et comprendre le véritable Japon, loin de cet autre absolu que l'on a trop souvent décrit.
Un ouvrage novateur, reposant sur un dialogue mutuel entre le texte te l'iconographie. Un futur classique.
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Le titre de ce volume assume sa part de provocation. De quoi est-il question ? Parler de « néo-japonisme » supposerait que l'on dispose d'une définition du japonisme. Or nous ne pouvons en proposer aucune, car ce terme éminemment polysémique, dont le sens n'a jamais été fixé par son créateur, n'a cessé d'évoluer suivant les circonstances. Le japonisme est un caméléon. C'est ce qui fait tout son intérêt.
Avec les contributions de : Sophie Basch, Véronique Brindeau, Jean-Sébastien Cluzel, Dario Gamboni, Thomas Garcin, Agnès Giard, Shigemi Inaga, Emmanuel Lozerand, Michael Lucken, Atsushi Miura, Jean-Noël Robert, Nao Sawada, Y ko Takagi. -
Grenades et amertume : Les Peintres japonais à l'épreuve de la guerre. 1935-1952.
Michael Lucken
- Les Belles Lettres
- 7 Février 2005
- 9782251442815
Au coeur du XXe siècle, le Japon engagea toutes ses forces dans une guerre qui se termina par les deux seuls bombardements atomiques de l'histoire. Les peintres - à commencer par Léonard Foujita (Fujita Tsuguji) - furent appelés par le pouvoir à s'y investir, pour souder le peuple autour de valeurs morales et diffuser la propagande officielle.
Cette guerre n'a donc pas été uniquement une affaire militaire ou économique, elle fut aussi une " guerre culturelle ", portée par l'élan positif d'une grande partie de la société et alimentée par un besoin d'être reconnu à sa juste valeur par l'Occident.
Comment la société japonaise s'est-elle agrégée autour du projet militariste? Quelles ont été les pressions exercées sur elle? Quels ont été ses héros, ses symboles, mais aussi ses hésitations et ses marges de liberté? En tentant de répondre à ces questions, Grenades et amertume apporte sa contribution au débat récurrent sur la spécificité du nationalisme et du totalitarisme japonais.
Mais la guerre ne s'arrête pas en 1945. L'implication de l'armée américaine dans la démocratisation des arts, comme la difficile expérience de la défaite par les artistes, font de la période d'occupation un moment crucial. Le Japon s'est alors posé la question du sens à donner à cette guerre, et a défini les polarités d'un " après-guerre " dont il n'est pas nécessairement sorti. -
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Les Occupants - Les Américains au Japon après la Seconde Guerre mondiale
Michael Lucken
- La découverte
- Histoire-Monde
- 28 Août 2025
- 9782348088469
Michael Lucken est professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO). Historien spécialiste du Japon contemporain, il a notamment publié
Les Japonais et la guerre, 1937-1952 (Fayard, 2013, prix Thiers 2014) et
Le Japon grec. Culture et possession (Gallimard, 2019, Grand Prix des Rendez-vous de l'histoire de Blois). -
Les fleurs artificielles : CRÉATION, IMITATION ET LOGIQUE DE DOMINATION
Lucken Michael
- Les Presses De L'Inalco
- Asie(s)
- 25 Mai 2016
- 9782858312702
L'image de Japonais imitateurs possède une longue histoire : en Europe, elle émerge au XVIIIe et a connu jusqu'à récemment différentes phases caractéristiques. Bien que liée à la modernisation, cette histoire n'éclaire pas uniquement la rencontre du Japon avec la culture européenne, elle est aussi le miroir des conceptions de l'art en Occident où des contre-modèles étaient nécessaires afin de soutenir l'idée que la création est la valeur suprême. La première partie de ce livre a pour objectif de montrer, à travers les discours sur le Japon, comment et pourquoi à l'époque moderne la question esthétique de l'imitation est au coeur des rapports de domination symbolique entre les cultures et, plus largement, entre les hommes.
Les Japonais n'ont pas été passifs face à cette situation. Ils ont assimilé et réemployé ce discours, vis-à-vis de la Chine notamment, et essayé d'y réagir, que ce soit par le déni, la réactivation de savoir-faire locaux ou l'invocation d'un esprit national. Toutefois, bien qu'ils aient rejeté la plupart des dispositifs uniquement mimétiques, ils n'ont pas accepté une attitude purement subjective vis-à-vis de la création, ce qui se manifeste par un goût pour tout ce qui, de la matière, ne peut être sublimé, comme la terre ou les os.
L'analyse d'oeuvres majeures du Japon moderne et contemporain comme Vivre de Kurosawa Akira et Le Voyage de Chihiro de Miyazaki Hayao a pour but de montrer, comment de grands artistes japonais du xxe siècle ont fait travailler ensemble les notions de création et d'imitation, et comment ces approches alternatives, qui s'opposent à une vision héroïque et désocialisante de l'auteur, permettent d'assumer, autant que possible, la mort dans la vie.
Michael Lucken est historien de l'art et japonologue. Il est professeur des universités à l'Inalco, département des études japonaises.