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Prix
emmanuel lozerand
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Un lit de malade six pieds de long
Shiki Masaoka
- Les Belles Lettres
- Japon
- 13 Janvier 2016
- 9782251722269
Du 5 mai au 17 septembre 1902, cloué dans son lit par une tuberculose osseuse depuis sept ans, le poète Masaoka Shiki, âgé de 34 ans, publie presque chaque jour quelques lignes dans le grand quotidien Nihon : 127 livraisons au total. Il mourra le 19 septembre ; l'oeuvre sera reprise en volume peu après sa mort.
Loin de tout lamento, échappant à toute définition préalable, l'écriture constitue ici une sorte de perfusion inversée, de drainage. Humorale, elle sourd directement du corps, auquel elle apporte apaisement et soulagement.
Masaoka aborde les sujets les plus divers : le monde extérieur, du plus proche au plus lointain, la nature (fleurs, poissons, oiseaux), la vie quotidienne le passé, dans sa variété et sa profondeur, les arts, les gens (des intimes aux ennemis, mais aussi les anonymes), la maladie et la souffrance.
La forme est toujours imprévue. On saute du journal intime aux lettres (reçues ou envoyées), en passant par les listes, les poèmes (haiku, waka, sino-japonais, occidentaux), les récits de souvenir, de rêve, les saynètes, les descriptions, les débats et polémiques, la critique, l'essai et la réflexion. Les registres de langue varient de la langue classique à la langue moderne. Le ton est souvent joyeux, parfois déchirant, mais aussi sérieux, avec une forte propension à la polémique.
Ces notes, ou « essais au fil du pinceau » (zuihitsu) comme on les appelle parfois, sont vives, émouvantes, sensibles, drôles, intelligentes, paradoxales, ironiques. Elles présentent un Japon à mille lieues de tout cliché, mais aussi une personnalité d'une grande présence et d'une troublante proximité.
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Aussitôt Riyo recula d'un pas et, de son sabre court dont elle serrait fermement la poignée, elle frappa instantanément Torazô. La lame s'enfonça du sommet de l'épaule droite jusqu'à la poitrine. Torazô chancela. Riyo le frappa une deuxième, puis une troisième fois. Torazô s'écroula.
Riyo, la fille qui venge son père à la place de son frère ; O-Sayo-san, toute jeune, mais qui choisit elle-même son époux ; Run, la vieille femme qui attent patiemment plus de trente ans le retour de son mari exilé ; Ichi, la gamine qui va défier les autorités pour sauver son père condamné à mort, sans oublier Yu Xuanji, la poétesse des Tang qui essaie de mener librement une vie d'artiste et de femme : ces cinq récits historiques de Mori Ôgai, composés entre 1913 et 1915, constituent autant de portraits de « nouvelles femmes » du Japon d'Edo et de la Chine ancienne.
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Sengo, le Japon après la guerre
Anne Bayard-Sakai, Emmanuel Lozerand, Michael Lucken
- Les Presses De L'Inalco
- Asie(S)
- 26 Septembre 2017
- 9782858312467
Au Japon, la Seconde Guerre mondiale et l'occupation américaine ont gardé aujourd'hui encore une forme d'actualité. Entre conviction profonde et instrumentalisation de la mémoire, la lecture de l'histoire des années 1940 détermine toujours de nombreuses positions sur la scène politique et culturelle de l' Archipel, qu'il s'agisse de la réforme de la Constitution, des relations avec la Chine et les États-Unis ou de la commémoration des héros de la nation. En ce sens, et peut-être plus qu'ailleurs, l'après-guerre y est une réalité du présent. Ce livre examine de façon précise et ordonnée les différentes modalités du rapport à la guerre. Pour mettre en relief l'ampleur et la complexité du thème, de nombreux domaines sont ici explorés, comme la politique, l'éducation, l'environnement, mais aussi les arts et la littérature. Les contributions réunies au sein de cet ouvrage ont été rédigées par certains des meilleurs spécialistes du Japon moderne et contemporain. En annexe, sont présentés et traduits plusieurs textes historiques de première importance, comme la déclaration impériale du 15 août 1945 ou le principal rapport américain sur les bombardements stratégiques.
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La famille japonaise moderne (1868-1926) ; discours et débats
Christian Galan, Emmanuel Lozerand
- Picquier
- 2 Juin 2011
- 9782809702019
Le Japon, société patriarcale, immuablement déterminée par une vision hiérarchique et autoritaire de la famille ?
Face aux stéréotypes imperturbables, une approche historique s'impose. Car, en réalité, plusieurs visions de la famille japonaise se sont mises en place à partir de la fin du XIXe siècle. Souvent importées d'Occident, mais aussi articulées sur des pratiques anciennes, réelles ou supposées, elles-mêmes variables et contradictoires, ces visions de la famille ont pu prendre la forme de discours et de débats d'idées passionnés, au coeur d'un espace public structuré par une presse puissante. Elles se sont parfois incarnées dans des textes de loi ou des manuels scolaires contrôlés par l'Etat. Elles ont aussi constitué un thème de prédilection pour les grands écrivains de l'époque.
Pour contribuer à l'étude de ces mutations, le groupe de recherche « Discours et débats de l'ère Meiji » (DDEM) du Centre d'études japonaises (CEJ) de l'Inalco (les « Langues O' ») a rassemblé pendant cinq ans une vingtaine de chercheurs sous la direction de Christian Galan et Emmanuel Lozerand. Qu'il s'agisse de questions institutionnelles, juridiques, sociales et médicales, mais aussi émotionnelles, sexuelles ou morales, une attention constante a été portée aux différents acteurs de ces évolutions : hommes et femmes, pères, mères et enfants.
A travers la question de la famille, c'est toute la dynamique du Japon moderne, avec ses bouleversements et ses innovations, qui apparaît ici en pleine lumière.
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Littérature et génie national : Naissance d'une histoire littéraire dans le Japon du XIXe siècle
Emmanuel Lozerand
- Les Belles Lettres
- 8 Mars 2005
- 9782251722009
On dit " la littérature japonaise ", comme l'allemande ou la persane. Mais c'est en 1890 que furent publiés pour la première fois, par de jeunes intellectuels, les ouvrages qui en dessinèrent les contours. À l'époque, à l'exception d'une poignée de nations d'Europe occidentale, nul pays au monde ne possédait d'histoire de sa littérature. Et dans de nombreux pays " orientaux ", ce furent souvent des savants étrangers qui accomplirent ce travail.
Pourquoi le Japon entra-t-il à cette date, avec une telle vélocité, et de sa propre initiative, dans le processus mondial de l'affirmation des différents génies littéraires nationaux? Et s'il subit des influences occidentales, pourquoi celles-ci furent-elles si opérantes?
Le présent essai analyse les circonstances dans lesquelles naquit un savoir nouveau, celui de l'histoire littéraire nationale. Il définit le périmètre de cette nouvelle " littérature japonaise ". Mais il remonte aussi dans le temps pour mettre au jour les conceptions de la chose littéraire que ces bouleversements ont occultées. Il voudrait ainsi réfléchir aux raisons structurelles qui expliquent certaines proximités troublantes des évolutions historiques du Japon et de l'Occident.
Emmanuel Lozerand, né en 1960, est ancien élève de l'ENS de Saint-Cloud et agrégé de lettres. Professeur de langue et littérature japonaises à l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales (" Langues'O "), il a publié Les Tourments du nom, Maison franco-japonaise, Tôkyô, 1994. -
Drôles d'individus ; de l'individualité dans le reste-du-monde
Emmanuel Lozerand
- Klincksieck
- Continents Philosophiques
- 23 Avril 2014
- 9782252039212
L'Occident aurait inventé l'individu et se serait détaché des sociétés communautaires, holistes. Est-ce à dire que là-bas, dans le Reste-du-monde, il n'y aurait aucune reconnaissance de la singularité individuelle ? L'ouvrage entend prêter attention à ces individus du monde, jusque ici peu considérés. Il présente des études de cas à propos de multiples aires (le monde arabo-musulman, mais aussi le Tibet, la Corée, l'Indonésie, d'autres « Occidents », avec le monde hébreu, l'Europe de l'Est), abordées par le biais d'approches disciplinaires variées (philosophie, anthropologie, sociologie, histoire, analyse littéraire). L'ensemble est mis en perspective par plusieurs textes généraux qui initient un dialogue avec des spécialistes de sciences sociales. On découvre ainsi, au détour du chemin, les modes de subjectivation propres à la culture de soi chinoise, la pensée rabbinique de l'individu, l'importance accordée à la figure de Lièvre le décepteur dans les contes africains, la conception individualiste des kata développée par le fondateur du jûdô, les expériences de Gandhi opposées aux théories de Louis Dumont, un panorama des recherches récentes sur l'histoire de la famille dans le monde arabo-musulman, les parcours autobiographiques d'un auteur indonésien, les modèles contraints de l'individu dans le roman sud et nord coréen, l'affirmation de soi d'une romancière iranienne.