Ce livre réunit un ensemble de textes de Serge Salaün consacrés aux genres théâtraux considérés comme mineurs, en Espagne. De la fin du XIXe siècle à la Guerre civile, les arts du spectacles (Zarzuela, género chico, théâtre lyrique ou pornographique) ont été porteurs d'enjeux politiques, culturels et esthétiques analysés ici dans une optique d'histoire culturelle.
Les questions de nationalisme, l'importance des transferts culturels - par les traductions ou les adaptations -, la présence nouvelle et plus fréquente du corps féminin, les innovations techniques sont autant de thématiques que l'auteur a abordées au fil des années, explorant ainsi la place du social et du politique dans les pratiques culturelles autant que le rôle complexe et ambigu de la modernité dans les genres dits "de masse".
À l'occasion du centième anniversaire de la naissance de Rafael Alberti (1902-1999), le colloque, organisé en décembre 2002, par le CREC, et dont les PSN publient ici les actes, tenait à rendre hommage à l'une des principales personnalités des lettres espagnoles dont l'oeuvre monumentale (en poésie, théâtre, prose, mais aussi peinture et dessin, ce que l'on connaît moins) couvre plus de trois quarts de siècle et se caractérise par une exceptionnelle vitalité et la quête permanente d'une esthétique à la fois rigoureuse et humaniste.
Depuis le début des années 20 jusqu'à sa mort, pendant une période historique particulièrement longue et mouvementée (Dictature, République, Guerre d'Espagne, exil, restauration de la démocratie en Espagne), Alberti s'impose comme une figure de proue des avant-gardes esthétiques, puis des avant-gardes idéologiques et deviendra, après la guerre où il a joué un rôle de premier plan, une des voix majeures de l'exil républicain.
Les manifestations de la conscience espagnole, au cours des siècles, se sont avérées d'une étonnante solidité.
La quête de l'" Etre espagnol " (dans ses deux aspects complémentaires, du ser et de l'estar) est indissociable des contradictions qui l'habitent. L'identité nationale naît à l'intersection du culturel et du politique, les deux tensions étant toujours imbriquées. Cette identité ne peut jamais faire l'économie de ce qui se passe au-delà des Pyrénées, en France d'abord, mais aussi en Italie, en Allemagne, aux USA, etc.
Pour se connaître, l'Espagnol a besoin des miroirs que lui tendent les autres nations. Les tentatives peuvent viser l'assimilation, les manifestations exprimer un rejet brutal, la référence à " l'étranger " est constante, surtout aux périodes charnières de l'histoire lorsque la conscience nationale est la plus tourmentée et la plus conflictuelle.
Il vaut la peine de plonger dans ces conflits, à la recherche d'une lumière.
L'étendue du champ historique, considéré sur plus de trois siècles, féconde l'analyse de l'aujourd'hui, tandis que le croisement des méthodes avive le regard et lui donne sa profondeur.