Rares sont les écrivains qui, dans la deuxième moitié du XXe siècle, ont autant honoré l'art du roman que Jacques Laurent (1919-2000). Jacques Laurent, l'auteur d'oeuvres exceptionnelles, telles que Les Corps tranquilles et Les Bêtises, est aussi, sous le pseudonyme de Cécile Saint-Laurent, l'auteur d'une série de romans populaires dont certains sont devenus de grands succès cinématographiques. Notons toutefois que Jacques Laurent ne s'est pas contenté de la seule production romanesque.
Essayiste lumineux (Roman du roman), journaliste, fondateur et directeur de revues littéraires et polémiste (Mauriac sous De Gaulle), il nous rappelle que la ténacité du roman tient principalement au fait que l'homme ne coïncide jamais avec l'image que le monde fabrique à son nom.
Articles, entre autres, de Gilles Anquetil, Christian Authier, Michel Déon et Christophe Mercier.
Dans ce même numéro, outre les chroniques sur la vie romanesque, des pages inédites de Philippe Muray, un entretien avec Fatos Kongoli et des critiques sur les essais de Dany Robert Dufour et les romans d'Olivier Maulin.
Ce numéro se penche sur les rapports entre la philosophie et le roman, et spécifiquement sur le peu d'intérêt qu'ont manifesté les grands philosophes à l'égard de ce genre littéraire. Le propos est complété par des chroniques, des critiques sur les romans d'hier et d'aujourd'hui et les dessins humoristiques de Sempé.
Parlons du français.
Parlons donc aussi de ce qui, se présentant sous les habits du français, se métamorphose, comme touché par une baguette magique, en non-langue. Nous sommes conquis par l'anglais. Certes. Cherchons-en les causes. Essayons de comprendre, de nous expliquer la raison d'être et la signification profonde de cet immense événement culturel. Ne cessons pas de crier notre colère, ni de rire de cette situation à la fois cocasse et sinistre, encore moins d'intervenir pour arrêter et encore, oui " et encore ", car c'est exactement ça l'Histoire, pour renverser la tendance.
Cependant tenons compte du fait que la victoire actuelle de l'anglais n'obéit pas à la fameuse dialectique du maître et de l'esclave. Les entrailles de toutes les langues, dominantes comme dominées, sont aujourd'hui rongées par le même poison : de langues de civilisation (uniques) elles se transforment en langues de communication (interchangeables et créolisables sans vergogne). Toutes les langues, l'anglais inclus, tendent vers le bas, vers " l'utile ", l'uniformément simple (vivent les nouvelles technologies !), la négation du passé et de la richesse humaine.
Parlons du français. Autrement dit, inscrivons le sort du français (et évidemment de toutes les langues) parmi les questions qui jugeront, dans l'avenir le plus proche, de notre survie en tant que sujets libres et civilisés.
Elle n'est pas encore si lointaine, l'époque où il fallait recourir à la littérature pour connaître un peuple, son histoire, ses drames, ses échecs et ses rêves. Aujourd'hui, quand la situation d'un pays est jugée digne d'émouvoir les télé-citoyens du monde entier, les informations tombent dru ; le lendemain, on oublie tout. Le même phénomène s'est produit avec la récente crise économique en Grèce. Or, la littérature avait sonné le signal d'alarme il y a déjà vingt ans. D'où notre choix du roman de Yannis Kiourtsakis, Le Dicôlon, paru en Grèce en 1994 et en France ce printemps. Il parle d'un peuple qui idéalise l'Europe pour camoufler ses handicaps. Une Europe qui ignore ses membres, qui s'ignore.
Une pléiade d'auteurs parmi lesquels : Jean-Yves Masson, Jean Blot et Michel Déon commentent ce riche et éblouissant roman.
Dans le même numéro, des articles sur Muray (Bruno Maillé), sur Littel (Thierry Guinhut) et sur Murakami (Arnaud Talhouarn). Aussi ; le quatrième épisode du feuilleton essayistique de Jean Levi, « Méditations sur le temps qui ne passe pas » et les chroniques joyeuses et amères de François Ricard, François Taillandier et Marek Bienczyk.
Et, toujours, les dessins humoristiques de Sempé.
Une étude sur«Tworki», roman de Marek Bienczyk, qui parle d'un hôpital psychiatrique dans la Pologne occupée par les nazis, d'un lieu humain au coeur de la barbarie.
Revenant sur huit essais littéraires qui ont marqué la pensée critique du XXe siècle, ce numéro insiste sur l'importance des praticiens dans la notion de critique