Pour moi, l'écriture est avant tout un moyen d'agir, une manière de diffuser des idées. Le sort que je réserve à mes personnages n'est guère enviable, parce que ce sont des indésirables, et mon objectif est de faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte face à l'injustice de ce qui leur arrive.J. M. G. L. C.
«Mon Alma, Alma des champs et des ruisseaux, des mares et des bois noirs, Alma dans mon coeur, Alma dans mon ventre. Je reste immobile dans le soleil d'or, les yeux levés vers l'intérieur de ma tête puisque je ne peux pas dormir, un jour mon âme va partir par un trou dans ma tête, pour aller au ciel où sont les étoiles.»Voici des histoires croisées, celle de Jérémie, en quête du dodo, l'oiseau jadis exterminé par les humains, et celle de Dominique, alias Dodo, l'admirable hobo, né pour faire rire. Leur lieu commun est Alma, l'ancien domaine des Felsen sur l'île Maurice, que les temps modernes ont changée en Maya, la terre des illusions.
Je suis entré dans la poésie Tang presque à l'improviste, mais non par hasard, en lisant un poème de Li Bai, qui met face à face un homme et une montagne. Le poète décrit un lieu d'immobilité et de majesté devant lequel l'être humain, dans sa faiblesse et son impermanence, ne peut que s'asseoir et regarder. Li Bai m'apportait autre chose, à quoi je n'étais pas préparé par mon éducation et par mon langage:une plénitude, une paix intérieure. Cette paix n'était pas difficile à atteindre. Il suffisait de s'asseoir et de regarder.La poésie Tang est sans doute le moyen de garder ce contact avec le monde réel, elle nous invite au voyage hors de nous-même, nous fait partager les règnes, les durées, les rêves.J.M.G. Le Clézio
«J'ai longtemps rêvé que ma mère était noire. Je m'étais inventé une histoire, un passé, pour fuir la réalité à mon retour d'Afrique, dans ce pays, dans cette ville où je ne connaissais personne, où j'étais devenu un étranger. Puis j'ai découvert, lorsque mon père, à l'âge de la retraite, est revenu vivre avec nous en France, que c'était lui l'Africain. Cela a été difficile à admettre. Il m'a fallu retourner en arrière, recommencer, essayer de comprendre. En souvenir de cela, j'ai écrit ce petit livre.» J.M.G. Le Clézio.
Le narrateur Alexis a huit ans quand il assiste avec sa soeur Laure à la faillite de son père et à la folle édification d'un rêve : retrouver l'or du Corsaire, caché à Rodrigues. Adolescent, il quitte l'île Maurice à bord du schooner Zeta et part à la recherche du trésor. Quête chimérique, désespérée. Seul l'amour silencieux de la jeune «manaf» Ouma arrache Alexis à la solitude. Puis c'est la guerre, qu'il passe en France (dans l'armée anglaise). De retour en 1922 à l'île Maurice, il rejoint Laure et assiste à la mort de Mam. Il se replie à Mananava. Mais Ouma lui échappe, disparaît. Alexis aura mis trente ans à comprendre qu'il n'y a de trésor qu'au fond de soi, dans l'amour et l'amour de la vie, dans la beauté du monde.
«Personne n'aurait pu dire d'où venait Mondo. Il était arrivé un jour, par hasard, ici dans notre ville, sans qu'on s'en aperçoive, et puis on s'était habitué à lui. C'était un garçon d'une dizaine d'années, avec un visage tout rond et tranquille, et de beaux yeux noirs un peu obliques. Mais c'était surtout ses cheveux qu'on remarquait, des cheveux brun cendré qui changeaient de couleur selon la lumière, et qui paraissaient presque gris à la tombée de la nuit. [...] Quand il arrivait vers vous, il vous regardait bien en face, il souriait, et ses yeux étroits devenaient deux fentes brillantes. C'était sa façon de saluer. Quand il y avait quelqu'un qui lui plaisait, il l'arrêtait et lui demandait tout simplement:Est-ce que vous voulez m'adopter?»
« Je m'appelle Kim Se-Ri, mais je préfère Salomé, je ne peux plus sortir de chez moi à cause de la maladie. J'attends celui, celle qui viendra me raconter le monde. » Parce que le conte peut faire reculer la mort, Bitna, étudiante coréenne sans un sou, invente des histoires pour Salomé, immobilisée par une maladie incurable. La première lutte contre la pauvreté, la seconde contre la douleur. Ensemble, elles se sauvent dans des récits quotidiens ou fabuleux, et bientôt la frontière entre réalité et imaginaire disparaît.
Un roman qui souffle ses légendes urbaines sur la rivière Han, les boulevards saturés et les ruelles louches. Sous le ciel de Séoul se lève « le vent de l'envie des fleurs ».
Lorsque Frida annonce son intention d'épouser Diego Rivera, son père a ce commentaire acide : «ce seront les noces d'un éléphant et d'une colombe». Tout le monde reçoit avec scepticisme la nouvelle du mariage de cette fille turbulente mais de santé fragile avec le «génie» des muralistes mexicains, qui a le double de son âge, le triple de son poids, une réputation d'«ogre» et de séducteur, ce communiste athée qui ose peindre à la gloire des Indiens des fresques où il incite les ouvriers à prendre machettes et fusils pour jeter à bas la trinité démoniaque du Mexique - le prêtre, le bourgeois, l'homme de loi. Diego et Frida raconte l'histoire d'un couple hors du commun. Histoire de leur rencontre, le passé chargé de Diego et l'expérience de la douleur et de la solitude pour Frida. Leur foi dans la révolution, leur rencontre avec Trotski et Breton, l'aventure américaine et la surprenante fascination exercée par Henry Ford. Leur rôle enfin dans le renouvellement du monde de l'art.Étrange histoire d'amour, qui se construit et s'exprime par la peinture, tandis que Diego et Frida poursuivent une oeuvre à la fois dissemblable et complémentaire. L'art et la révolution sont les seuls points communs de ces deux êtres qui ont exploré toutes les formes de la déraison. Frida est, pour Diego, cette femme douée de magie entrevue chez sa nourrice indienne et, pour Frida, Diego est l'enfant tout-puissant que son ventre n'a pas pu porter. Ils forment donc un couple indestructible, mythique, aussi parfait et contradictoire que la dualité mexicaine originelle, Ometecuhtli et Omecihuatl.
«On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours ; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre : il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes ; je leur laisse ces ordures en guise de testament ; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre...»
Onze «faits divers», d'une banalité tout apparente. Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H.L.M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleversante. L'incident s'annule au profit du dénominateur commun de toute souffrance humaine qu'articulent l'horreur de la solitude, la répression, l'injustice et, quoi qu'il arrive, le fol et vain espoir de rencontrer, dans l'amour et dans la liberté, une merveilleuse douceur.
La novella, c'est une longue nouvelle qui unit les lieux, l'action et le ton. Tempête et Une femme sans identité sont contemporaines et complémentaires. De l'île d'Udo au Japon à la banlieue parisienne, elles rendent hommage à deux jeunes filles au parcours brutal, deux héroïnes qui se débattent chacune à sa façon pour retrouver leurs racines, reprendre goût à la vie et combler leur désir éperdu d'amour.
Ou comment la littérature peut sauver.
«Pour rien au monde nous n'aurions manqué cette fête de l'été. Parfois les orages d'août y mettaient fin vers le soir. Les champs alentour avaient été fauchés et la chaleur de la paille nous enivrait, nous transportait. Nous courions avec les gosses dans les chaumes piquants, pour faire lever des nuages de moustiques. Les 2 CV des bonnes soeurs roulaient à travers champs. Les groupes d'hommes se réunissaient pour regarder les concours de lutte bretonne, ou les jeux de palets. Il y avait de la musique de fanfare sans haut-parleurs, que perçaient les sons aigres des binious et des bombardes.»À travers ces «chansons» , J.M.G. Le Clézio propose un voyage dans la Bretagne de son enfance, qui se prolonge jusque dans l'arrière-pays niçois. Sans aucune nostalgie, il rend compte de la magie ancienne dont il fut le témoin, en dépit des fracas de la guerre toute proche, par les mots empruntés à la langue bretonne et les motifs d'une nature magnifique. Le texte est bercé par une douceur pastorale qui fait vibrer les images des moissons en été, la chaleur des fêtes au petit village de Sainte-Marine ou la beauté d 'un champ de blé face à l'océan.
" Ma mère, quand elle m'a raconté la première du Boléro, a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte.
Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu'elle n'a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m'a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le Boléro n'est pas une pièce musicale comme les autres.
Il est une prophétie. Il raconte l'histoire d'une colère, d'une faim. Quand il s'achève dans la violence, le silence qui s'ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J'ai écrit cette histoire en mémoire d'une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans ".
Notes par Aurélie Lagadec. Présentation et dossier par Virginie Manouguian
«Que reste-t-il des émotions, des rêves, des désirs quand tout disparaît ? L'homme d'Aden, l'empoisonneur de Harrar sont-ils les mêmes que l'adolescent furieux qui poussa une nuit la porte du café de la rue Madame, son regard sombre passant sur un enfant de neuf ans qui était mon grand-père ? Je marche dans toutes ces rues, j'entends le bruit de mes talons qui résonne dans la nuit, rue Victor-Cousin, rue Serpente, place Maubert, dans les rues de la Contrescarpe. Celui que je cherche n'a plus de nom. Il est moins qu'une ombre, moins qu'une trace, moins qu'un fantôme. Il est en moi comme une vibration, comme un désir, un élan de l'imagination, un rebond du coeur, pour mieux m'envoler. D'ailleurs je prends demain l'avion pour l'autre bout du monde. L'autre extrémité du temps.»
Fintan, Maou, Geoffroy : trois rêves, trois révoltes. Et une même soif.Fintan Allen a douze ans lorsque, le 14 mars 1948, il embarque pour l'Afrique avec sa mère, Maou. Geoffroy Allen, qui avait laissé en France sa femme et son fils, leur a enfin demandé de venir le rejoindre à Onitsha, petit port fluvial où il travaille pour la United Africa. Fintan ne connaît ni son père, ni l'Afrique.Maou, elle, rêve d'une Afrique idyllique où elle pourra vivre près de l'homme qu'elle aime, à l'abri des préjugés familiaux qui condamnaient en lui le rêveur sans le sou, et anglais de surcroît. C'est une Afrique bien différente qu'elle va découvrir, dévorante, insaisissable. Et un conformisme plus oppressant encore : celui du milieu colonial, fait de haines, de mesquineries, d'échecs inavouables.«L'Afrique brûle comme un secret, comme une fièvre. Geoffroy Allen ne peut pas détacher son regard, un seul instant, il ne peut pas rêver d'autres rêves.»Ce livre est pareil à l'Afrique. S'il s'en dégage malgré sa violence un tel sentiment de sérénité, c'est que, chez Le Clézio, même la fièvre, même la révolte, même la défaite sont les couleurs de la paix.
Un matin du mois d'octobre, Lullaby décide de ne plus aller à l'école. Elle écrit à son père, glisse dans un sac quelques objets et, empruntant le chemin des contrebandiers, part en direction de la plage. Un petit garçon qui revient de la pêche, une jolie maison grecque, mais surtout le soleil et la mer remplissent ses journées d'ivresse et de liberté. Un jour, pourtant, il faut revenir à l'école. Qui donc voudra croire à son étrange voyage oe
«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.» Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi : «Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi ! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.» Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. À la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.
Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Une fois la guerre terminée, Esther décide avec sa mère de rejoindre le jeune État d'Israël. Au cours du voyage, sur un bateau surpeuplé, secoué par les tempêtes, harcelé par les autorités, elle découvrira la force de la prière et de la religion. Mais la Terre promise ne lui apportera pas la paix : c'est en arrivant qu'elle fait la rencontre, fugitive et brûlante comme un rêve, de Nejma, qui quitte son pays avec les colonnes de Palestiniens en direction des camps de réfugiés.
Esther et Nejma, la Juive et la Palestinienne, ne se rencontreront plus. Elles n'auront échangé qu'un regard, et leurs noms. Mais, dans leurs exils respectifs, elles ne cesseront plus de penser l'une à l'autre. Séparées par la guerre, elles crient ensemble contre la guerre.
Comme dans Onitsha, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans Étoile errante le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.
«Awaité Pawana!»John, le matelot de Nantucket, oubliera-t-il jamais le cri lancé par l'homme de vigie des baleiniers? Qu'est devenue la lagune de légende où les géants des mers venaient se cacher? Pourquoi le capitaine Charles Melville Scammon a-t-il tant voulu découvrir ce lieu sans nom aussi vieux que le monde? Comment peut-on détruire ce qu'on aime?Un magnifique récit sur les baleines, l'aventure des hommes et la fragile beauté du monde.
L'Océanie, c'est le continent invisible. Invisible, parce que les voyageurs qui s'y sont aventurés la première fois ne l'ont pas aperçue, et parce qu'elle reste un lieu sans reconnaissance internationale, un passage, une absence en quelque sorte. Lorsque sur l'immensité des océans sera restaurée la liberté, alors recommencera à exister ce continent, qui n'était invisible que parce que nous étions aveugles.
Daniel ne parle presque pas et n'a pas d'amis. On dirait qu'il dort les yeux ouverts. Il a l'air de venir d'ailleurs. Il aurait pu s'appeler Sindbad le Marin, dont il a lu les aventures, le seul livre qu'il connaisse par coeur:son regard ne s'anime que lorsqu'on lui parle de mer et de voyages. Mais la mer, il ne l'a jamais vue. Alors, un jour de novembre, sans rien dire à personne, il s'en va pour ne jamais revenir...
Au cours du mois de mars 1517, les ambassadeurs de Moctezuma, seigneur de Mexico-Tenochtitlan, accueillent le navire de Hernan Cortès et cette rencontre initie une des plus terribles aventures du monde, qui s'achève par l'abolition de la civilisation indienne du Mexique, de sa pensée, de sa foi, de son art, de son savoir, de ses lois.De ce choc des mondes vont naître des siècles de colonisation, c'est-à-dire, grâce à la force de travail des esclaves et à l'exploitaion des métaux précieux, cette hégémonie de l'Occident sur le reste du monde, qui dure encore aujourd'hui. Alors commence le rêve, comme un doute, comme un regret, qui unit les vainqueurs et les vaincus à la beauté et aux forces secrètes du Mexique. Rêve du soldat Bernal Diaz del Castillo, témoin des derniers instants du règne orgueilleux des Aztèques, rêve de Bernardino de Sahagun devant les ruines de la civilisation et la splendeur des rites et des mythes qui s'effacent. Rêve qui s'achève dans la mort des dernières nations nomades du nord et du nord-ouest, rêve que poursuit Antonin Artaud, jusque dans la Montagne des Signes, au pays des Indiens Tarahumaras. Le rêve mexicain, c'est cette question aussi que notre civilisation actuelle rend plus urgente : qu'aurait été notre monde, s'il n'y avait eu cette destruction, ce silence des peuples indiens ? Si la violence du monde moderne n'avait pas aboli cette magie, cette lumière ?
«Ce n'est pas le paradis qui est perdu, c'est le temps avec ses révolutions. Nice, dans les années cinquante et soixante, était l'endroit rêvé où rendre un culte intérieur et un peu désespéré à l'île Maurice de mes ancêtres. La réalité semblait ne cesser de s'y transformer, des populations très pauvres, venues de tous les coins de l'Europe et de l'Asie, des Russes, des Italiens, des Grecs, des émigrés africains, et les premiers rapatriés fuyant la guerre d'Algérie, s'y croisaient chaque jour, et quelque chose de la fabrication de la pensée classique, c'est-à-dire de la philosophie, y était encore perceptible. Peut-être, à un degré différent et sur un autre mode, ce qu'était Alger ou Beyrouth à la même époque.L'exil, la recherche d'une terre, font partie de ce qui m'a été donné premièrement. Il m'a toujours semblé, comme l'a dit Flannery O'Connor, qu'un romancier doit être porté à écrire sur les premières années de sa vie, où le principal lui a été donné.»J. M. G. Le Clézio.