Roman Opalka, peintre contemporain, soutient depuis 1965 une démarche picturale " extraordinaire " à plus d'un titre. Elle donne lieu à une oeuvre qui, au niveau du discours sur sa raison d'être est, pour le peintre, indissociable de sa vie d'artiste. Cette démarche, cette oeuvre, ce discours où oeuvre et vie se confondent, posent des questions qui concernent le champ de l'art. Mais ils s'avèrent aussi d'une aide précieuse pour reconsidérer des problèmes toujours débattus en psychanalys, en particulier ceux de l'élaboration psychique du trauma ou de son rôle dans la création.
Habiter l'exil, c'est habiter un lieu hors de chez soi et qui déplace le sujet vers un ailleurs. C'est un lieu étrange, peu familier, passager ou non. C'est cet état d'être qui peut susciter le « mal du pays », la nostalgie, voire la mélancolie. Expulsé de sa langue et de sa maison, cet état peut être dramatique mais aussi créatif. Expulsé de chez soi, peut-on être créatif ailleurs ?
Exils contraints, exils choisis... l'exilé est à la recherche d'un « juste soi » dans un pays dit d'accueil avec lequel il faut se familiariser.
Comment la création artistique permet-elle de penser le traumatisme des sujets en situation d'exil résultant de situations extrêmes, guerres... ? Comment la création peut-elle témoigner des vécus individuels et collectifs afin de consigner les récits de vie pour un travail de mémoire ? Comment enfin donner forme à l'inénarrable, à l'impensable de la violence faite aux corps ? Un livre au coeur des questionnements contemporains.
Houria Abdelouahed, Fabienne Ankaoua, Helga Arroyo Araya, Amine Benjelloun, Laura Chacón, Maurice Corcos, Priscilla Echeverria-Alvarado, Chimène J. Ekome Meteghe, Suzanne Ferrières-Pestureau, Edmundo Gomez Mango, Roxana Hidalgo Xirinachs, Marina Kousouri, Olivier Lazzarotti, Silvia Lippi, Béatrice Madiot, Céline Masson, Lucia Molina Fallas, Christophe Paradas, Laetitia Petit, Marie-Christine Pheulpin, Sandrine Rouger-René, Silke Schauder, Pablo Votadoro, Monique Zerbib.
Corps fabriqué par la médecine, corps biotechnologique, corps transformable à l'envi, corps chimère d'images médiatiques ou bien corps virtuel du cyber-espace soustrait à l'influence du temps du sexe et de la mort. Depuis quelques décennies, des changements fondamentaux sont apparus dans les rapports que les sujets entretiennent avec le corps. Peut-on parler dès lors d'un corps contemporain spécifique à l'époque et à la culture que nous vivons ?
Comment les pratiques artistiques actuelles, les réalisations produites, leurs nouveaux supports, engagent-ils le sujet en création ? Qu'en est-il des enjeux psychiques de la création pour le créateur contemporain ? Quels liens le sujet d'aujourd'hui, créateur ou non, établit-il avec des supports, des techniques et des métamorphoses dont il peut être tout autant l'acteur que l'objet ? Quelles en sont les incidences psychiques ?
Qu'est-ce qui est mobilisé du travail du deuil dans le processus psychique de création ? Qu'il s'agisse d'écriture ou de formation d'images ? Toute création est une recomposition des traces d'un passé fragmenté. Ce sont les montages de la mémoire que nous tentons de comprendre. Faire une oeuvre sollicite cette mémoire de temps où les traces ne cessent d'être remaniées, reconfigurant sans cesse le sol historique.
Quels sont les nouveaux Golem, Frankenstein ? Que sont les Stalking Cat et autres transformations corporelles ? La modernité connaît une myriade de « monstres ». L'homme n'a cessé d'en représenter, d'en imaginer, puis, avec l'essor de la science, de chercher à en produire.
C'est par l'exagération de ses contours et de ses traits, ses disproportions, la laideur de sa face, que le monstre est le plus proche du rythme propre au psychisme. Comment « travaille » le monstre dans le psychisme ? D'où tire-t-il ses formes, son énergie, sa puissance scopique qui s'impose presque toujours au regard ? Un monstre, ça se voit et ça ne passe pas inaperçu. Il donne visage aux terreurs les plus enfouies du sujet, celles de l'extrême enfance où règnent souvent le chaos, les angoisses archaïques. Un monstre, c'est à la fois une composition qui permet d'exhumer ce qui est en mouvement dans les couches les plus profondes de la psyché et une force incontrôlée que le sujet tente de réguler mais qui trouve une issue bien souvent par le travail de création.
Le fil rouge de cet ouvrage est la question du corps ; d'un donné à voir dans ces figures créées sur la scène contemporaine, que ce soit par les artistes qui témoignent des pratiques de la science ou par la médecine qui réinterroge les formes du vivant. Une réflexion à l'articulation de la création artistique et littéraire comme reflet de la société, des nouvelles formes de médecine et de la psychanalyse.