Entre le début des années cinquante et la fin des années quatre-vingt, en quelque quarante ans d'écriture dramatique, Samuel Beckett produit une ouvre majeure, qui exerce jusqu'à aujourd'hui une influence profonde sur la création théâtrale. Cet ouvrage permet de découvrir les principaux aspects du théâtre beckettien, en même temps qu'il en offre une nouvelle approche. Selon Catherine Naugrette, il n'y a pas en effet un seul mais plusieurs théâtres de Beckett, non pas un geste d'écriture mais une succession de langages dramatiques dont le principe est l'expérimentation systématique des moyens et des différents procédés du medium théâtral. Les textes que l'on rassemble habituellement sous le terme générique de « théâtre beckettien » correspondent en réalité à des écrits très différents. Conçue pour la scène, pour la radio ou pour la télévision, sous forme de pièces, de dramaticules ou de fragments, l'écriture dramatique est déclinée sous toutes ses formes, selon toutes ses possibilités. La mise en lumière de plusieurs théâtres en un seul permet ainsi de mettre à jour le cheminement d'une ouvre qui conduit Beckett jusqu'aux limites les plus extrêmes de l'art théâtral tout en faisant de lui le précurseur des expériences les plus contemporaines.
Le numéro 21 de la revue des études théâtrales Registres se compose de deux dossiers.
Le premier dossier est consacré à la fiction théâtrale et ses pouvoirs. Il remet en question la place de la fiction, qui revient en force dans la pratique comme dans la théorie du théâtre. Cette réflexion présente une nouvelle théorie de la fiction théâtrale, tant au plan technique que pragmatique.
Le second dossier est un hommage à Yves Bonnefoy, écrivain disparu récemment. Il aborde le pan théâtral, encore méconnu, de l'oeuvre de cet immense poète.
Le premier volet de ce numéro est constitué d'un important dossier coordonné par Joseph Danan, intitulé « Dramaturgie au présent ». Il constitue un apport nouveau et précieux, car il rend compte de l'activité dramaturgique développée dans ces dernières années par la création scénique, entre l'écriture dramatique et la mise en scène. Pris en charge par des universitaires, des théoriciens et des praticiens, il interroge la notion complexe de « dramaturgie », ses applications ainsi que sa diversité dans le cadre des arts du spectacle aujourd'hui. Un second dossier, coordonné par Evelyne Ertel et Claire Lechevallier, intitulé « Retours d'Iphigénie », fait état quant à lui des représentations contemporaines de la tragédie antique, en suivant le devenir scénique d'une figure du théâtre grec, depuis Euripide et Racine jusqu'à Vinaver, Ritsos ou bien Grüber, Warlikowski. Quant au troisième dossier, coordonné par Colette Scherer, il s'agit d'un « Hommage à Jacques Scherer », fondateur de l'Institut d'études théâtrales ainsi que de la Bibliothèque Gaston Baty de la Sorbonne Nouvelle. Enfin, ce numéro de Registres se termine avec une nouvelle rubrique, « Apartés », qui regroupe différentes analyses qui rendent compte des principaux champs des études théâtrales aujourd'hui en France, ici quant à l'histoire du théâtre, l'analyse de la mise en scène, le suivi de l'actualité du théâtre.
Après le succès de son numéro sur Michel Vinaver, la revue Registres publie un deuxième hors-série consacré à Enzo Cormann,, « dramaturge et passeur », une des figures les plus en vue du théâtre contemporain en France. C'est l'occasion de rendre visible l'exemplaire diversité de son travail d'auteur dramatique et de théoricien, de romancier et de poète.
Outre un jazz poem inédit et un album original, sorte d'autoportrait conçu spécialement pour ce numéro, la première partie du volume contient des articles et des conférences de l'écrivain lui même, donnant un aperçu de son travail d'essayiste ; la deuxième partie, quant à elle, rassemble un nombre d'entretiens, d'articles et de témoignages de nature à traduire le mouvement novateur de cette oeuvre complexe et exceptionnellement variée.
Cette nouvelle livraison de la revue des études théâtrales Registres présente deux importants dossiers. Le premier questionne le théâtre et les arts de la scène au prisme original d'un aspect encore peu abordé, à savoir la question de la nudité, appréhendée dans tous ses états. Le second permet, grâce aux contributions d'éminents spécialistes de cet auteur, de se saisir à nouveaux frais du théâtre d'Edward Bond en analysant, à travers l'écriture de ses différentes pièces, les versants tragiques et/ou comiques de son oeuvre. Un entretien inédit avec Colette Scherer, première directrice de la Théâtrothèque Gaston Baty et épouse du fondateur de l'Institut d'Études théâtrales de la Sorbonne Nouvelle: Jacques Scherer, vient également enrichir ce volume en évoquant de première main la mémoire des premiers temps des études théâtrales en France.
Le thème riche et complexe du contemporain se trouve au coeur d'une vaste réflexion transdisciplinaire engagée dans le domaine des arts et des médias par les chercheurs de la Sorbonne Nouvelle, en collaboration avec leurs partenaires européens. Ce premier volume est consacré aux questions de définitions et de problématique du contemporain, ainsi qu'à ses rapports avec l'histoire, enfin à ses objets et à ses images aujourd'hui, au théâtre, au cinéma ou dans les médias, journalistiques ou télévisuels.
Faisant suite au premier ouvrage, consacré aux questions de définitions et de problématique du contemporain à ses rapports avec l'histoire ainsi qu'à ses objets et à ses images, ce second volume se rapporte quant à lui au contemporain "en scène", tel qu'il est représenté sur le plateau d'un théâtre, projeté sur l'écran d'un cinéma ou d'une télévision, tel qu'il est enfin partout exhibé dans le monde moderne, par les mots ou par l'image.
Depuis l'Antiquité, qu'elle soit nommée comme telle ou incluse dans d'autres philosophies de l'art, l'esthétique théâtrale apparaît comme une pensée agissante qui interroge sans relâche l'art du théâtre et ses pratiques.
L'objectif de ce livre est de faire découvrir les principales théories du théâtre tout en offrant une réflexion transversale sur les grandes questions concernant la création et la réception de l'oeuvre théâtrale, telles que l'esthétique les pose. Il s'agit de faire prendre conscience des défis, des débats et des mutations mis en jeu, dans l'histoire de l'art théâtral comme dans l'écriture et la pratique du théâtre moderne.
La démarche adoptée est à la fois historique et critique, afin de donner au lecteur les éléments de savoir en même temps que les outils de réflexion indispensables. Les positions esthétiques des principaux théoriciens du théâtre, de Platon à Brecht, sont abordées par le biais de lectures et d'analyses détaillées, tandis que sont mises en lumière les filiations qui nous permettent encore aujourd'hui de penser les grandes notions structurant l'art du théâtre, du texte à la mise en scène.
Catherine Naugrette est professeur à l'institut d'Études théâtres de l'université de Paris III-Sorbonne nouvelle, où elle enseigne l'histoire et l'esthétique du théâtre. Elle a publié Paris sous le Second Empire. Le théâtre et la ville (éditions de la Librairie Théâtrale, 1998).
Problématique générale de l'esthétique théâtrale. Qu'est-ce que l'esthétique ? L'esthétique théâtrale en question : le texte et la scène. Définir l'esthétique théâtrale. Le théâtre, le réel et le texte. À l'origine du drame : la mimèsis. Pour une esthétique mimétique : la Poétique d'Aristote. Les enjeux de l'aristotélisme français. Vers une poétique de la scène. Critique et dépassement du modèle classique. Les avancées de Diderot. Le genre sérieux ou la naissance du drame. Vers la scène : de Diderot à Zola. Les esthétiques du XXe siècle. Pour une redéfinition du théâtre comme art. Artaud, le théâtre et la vie. Brecht et le théâtre épique.
Depuis l'Antiquité, l'esthétique théâtrale apparaît comme une pensée interrogeant sans relâche l'art du théâtre et ses pratiques.
L'objectif de ce livre est de faire découvrir les principales théories du théâtre tout en offrant une réflexion sur les grandes questions concernant la création et la réception de l'oeuvre théâtrale. Les positions esthétiques des principaux théoriciens du théâtre, de Platon à Brecht, sont abordées, tandis que sont mises en lumière les filiations qui nous permettent encore aujourd'hui de penser le théâtre, du texte à la mise en scène.
Ce deuxième volume de la trilogie interroge les mondes de l'art et leurs frontières - comme celle de plus en plus ténue entre amateurs et professionnels - et leur accès à des publics de plus en plus variés. Enfin sera examinée la question souvent problématique de la préservation des identités culturelles dans la mondialisation.
Ce troisième volume s'intéresse à la fois à l'histoire et à l'évolution des pratiques culturelles, ainsi qu'aux dimensions esthétiques du coût et de la gratuité. À travers des études de cas relavant de domaines variés (peinture, mode, cinéma, parfum, théâtre, fandom, photographie, musique), l'ouvrage revient sur les pratiques du passé et étudie les innovations contemporaines comme le livre numérique. Coût et gratuité sont alors mobilisés comme outils d'analyse esthétique.
Le premier volume de la trilogie Le coût et la gratuité est particulièrement consacré aux enjeux économiques de la production et de la circulation de l'information et de la culture, selon leur mode de diffusion. Les contraintes matérielles recoupent aussi des interrogations plus vastes : comment les conditions concrètes de création influent-elles sur une esthétique, qu'il s'agisse de création théâtrale, télévisuelle, cinématographique, ou encore numérique avec l'exemple du Net art ?
Terreur de l'Ange : celle qu'il inspire, celle qu'il peut éprouver...
Méditant l'Histoire, Walter Benjamin la compare à l'Angelus Novus de Paul Klee, le " visage tourné vers le passé ", là où ne cessent de s'amonceler " ruines sur ruines ". Heiner Müller reprend l'allégorie et place son Ange malchanceux en face d'un futur " qui s'amasse devant lui ", non moins désastreux que le passé benjaminien. Catherine Naugrette leur emboîte le pas, qui nous propose en quelque sorte de suivre le regard de l'Ange - aveugle à la beauté du monde - et d'envisager le théâtre contemporain à travers l'image - on pourrait presque dire le concept esthétique - d'un paysage dévasté.
Du " rire impossible " à la mélancolie de l'après-Auschwitz, en passant par la " terreur belle ", le présent essai s'interroge sur les théâtres d'écrivains comme Beckett, Müller, Bond, Gabily ainsi que d'un metteur en scène comme Claude Régy, sur le travail de peintres comme Klee ou Kiefer, en tant qu'ils se donnent la tâche paradoxale d'aller à la rencontre de l'Autre et de retrouver l'humain - ce que, déjà, la Poétique d'Aristote appelait " le sens de l'humain " -, au coeur même des territoires dévastés de l'art et de l'Histoire.