Bien moins connu du public occidental que les estampes, les paravents (byôbu) sont depuis plus d'un millénaire des objets indissociables de la culture et de l'art de vivre japonais. Assemblage de panneaux de bois revêtu de papier, le paravent offre par un jeu de plis et de discontinuités un support de création unique aux artistes : les représentations s'y cachent et s'y révèlent au regard du spectateur. De l'époque Nara (VIIIe sicècle) à la période contemporaine, cette singularité a ouvert la voie à une réflexion picturale sur l'agencement des formes, des couleurs et des matières. Destinés à l'origine aux pratiques cérémonielles dans les palais impériaux et dans les temples bouddhistes, le paravent a très tôt acquis un usage domestique, à la fois cloison mobile et ouvrage décoratif très prisé de l'aristocratie japonaise.
Les plus grands peintres, dont Sôtatsu, Kôrin, Roretsy et Hokusai, mais aussi de nombreux anonymes non moins talentueux en ont livré de splendides réalisations. Si les merveilles de la nature au fil des saisons sont un motif de prédilection, l'évocation d'épisodes littéraires - notamment Le Dit du Genji - ou historiques - la guerre entre les clans Taira et Minamoto - permettent des mises en scène aussi sophistiquées que raffinées. Des genres originaux propres au paravent japonais, se distinguent particulièrement, tels les paravents "À qui sont ces manches ?", les paravents "ornés d'éventails jetés à la rivière", les "paravents au papiers collés"...
Ce livre conclut une série d'études sur les systèmes d'écriture et leurs liens avec les images. Ils sont issus du postulat selon lequel « l'écriture est née de l'image et (.) son efficacité ne procède que d'elle » (L'Image écrite).
C'est le support de l'image - et la « pensée de l'écran » qu'il induit - qui avait semblé déterminant dans l'invention de l'écriture. Mais quel statut réserver dès lors à ses figures?
L'hypothèse avancée ici est que la notion même de « figure » est due à l'invention de l'alphabet, dans la mesure où la « lettre » a introduit pour la première fois dans la pensée théorique le concept d'« élément », et avec lui celui d'«unité visuelle distinctive ».
Cette hypothèse éclaire sous un jour nouveau la genèse des écritures figuratives. Elle montre aussi que la nature d'une écriture donnée suscite, chez ceux qui la pratiquent, une expertise particulière du regard, qui ne manque pas d'influer sur leur conception de l'image.
Le phénomène a été observé en Chine, où l'intuition du regard-lecteur a conduit à la calligraphie puis au "paysage lettré".
Une enquête devait être menée dans la civilisation de l'alphabet. C'est ainsi que l'on tentera d'identifier les « figures de l'alphabet », et de montrer comment la typographie latine a créé une véritable « langue écrite ».
L'écriture ne reproduit pas la parole, elle la rend visible. Elle est née de la combinaison du langage, qui structure le groupe et régit ses échanges internes, avec l'image, qui permet au groupe d'accéder au monde invisible où sa parole n'a pas cours. Dans une telle combinaison, le médium déterminant n'a pas été le langage mais l'image, et le support de l'image a joué un rôle beaucoup plus essentiel que ses figures. La pensée de l'écran a précédé celle de la mythographie. Aussi l'idéogramme possède-t-il l'étrange originalité d'être un signe que l'on interroge. L'univers de l'écriture est profondément déraisonnable. Notre civilisation de l'alphabet s'est efforcée - et s'efforce encore - de l'ignorer. Le Coup de Dés de Mallarmé, en tentant «d'élever enfin une page à la puissance du ciel étoile», nous a révélé cependant que l'écriture occidentale ne s'était pas vraiment coupée de ses origines iconiques. Ainsi devait s'amorcer un retour aux idéogrammes, dont la seconde partie de ce livre analyse certains aspects, tant littéraires que graphiques, dans la France des XIXe et XXesiècles.
Le blanc est une couleur ; pourtant, on l'associe spontanément à un manque, une absence, un vide. Le blanc est ce qui permet la couleur, ce qui transmet la lumière, le support de l'image - mais cela ne semble pas pointer vers quelque chose de plein, de suffisant. D'où vient cette singularité dans notre rapport à cette couleur ? Dans Poétique du blanc, Anne-Marie Christin cherche la réponse à cette interrogation dans l'apparition de l'écriture et dans l'impératif, pour que les lettres forment des mots, de les séparer par des blancs. Dès lors, le blanc devient le signe de l'espace, du rien, du vide : explorant la manière dont artistes et typographes ont ré-investis le domaine du blanc, l'auteur nous invite à une réflexion inattendue et poétique sur cette couleur qui, de toutes, donne le plus à penser.
"L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible", a écrit Paul Klee.
L'Histoire de l'écriture repose sur le même principe :
L'écriture ne reproduit pas la parole, elle la rend visible. Le support de l'image est devenu celui de l'écrit, et il en a déterminé le fonctionnement. Que l'invention de l'idéogramme soit liée aux pratiques divinatoires et à la lecture du ciel étoilé en Mésopotamie et en Chine nous le confirme. Trois sections ont été ménagées dans cette Histoire.
La première, qui s'ouvre par une réflexion sur "l'inscrit avant l'écrit", est consacrée aux premiers systèmes d'écriture, ainsi qu'aux réinventions auxquelles ils ont donné lieu dans les civilisations ayant choisi de les adapter à leur langue et à leur culture. La deuxième se concentre sur les alphabets, leur histoire et leur diffusion. La troisième montre comment l'alphabet occidental est parvenu à réintégrer l'image dans son système à travers ses incarnations successives, manuscrites et imprimées.
Elle se conclut par une interrogation concernant les rapports nouveaux qu'entretient l'écriture avec l'écran informatique.
L'écriture ne reproduit pas la parole, elle la rend visible. Sur ce principe, les auteurs proposent une histoire de l'écriture en trois parties : une première consacrée aux plus anciens systèmes d'écriture et à leur évolution selon les civilisations, une deuxième concentrée sur les alphabets, leur histoire et leur diffusion, et une dernière sur l'alphabet occidental et son rapport à l'image.
La transcription des noms de personnes occupe une place particulière dans l'histoire de la communication écrite puisqu'elle ne délivre pas de message mais permet de désigner les membres d'une société donnée en combinant à la forme orale de leur nom des qualités expressives empruntées au domaine graphique.
L'objet de ce livre est de montrer la diversité des formes qu'a suscitées l'écriture du nom propre à partir d'une comparaison entre civilisations de l'idéogramme et de l'alphabet. et également de s'interroger sur la nature et la permanence de ses usages.