De Kaamelott à Game of Thrones, des jeux de rôles aux fêtes médiévales qui fleurissent dans les moindres bourgs du Vieux (et même du Nouveau) Monde, l'imaginaire médiéval est omniprésent dans l'Occident contemporain. Mais on se doute que cela n'a pas toujours été le cas. Oscillant sans cesse entre sa légende "rose" (les troubadours, l'amour courtois, le preux chevalier) et sa légende "noire" (les guerres féodales, la peste, les culs de basse-fosse), le Moyen Age a connu à travers le temps des éclipses et des renouveaux spectaculaires dont ce livre dresse le tableau, envisageant tout aussi bien la réception érudite que la réception profane d'une période qui s'est elle-même pensée en termes de "renaissances" successives. À se demander si cette appellation même de Moyen Âge n'est pas un fantôme après lequel on court toujours en vain.
Les histoires de la critique littéraire ne manquent pas, mais l'originalité du présent volume est de montrer que les médiévistes ont pris une part prépondérante et souvent insoupçonnée dans l'élaboration de ses modèles.
Le concept de cet ouvrage est nouveau : basé sur l'expérience de l'auteur, qui travaille sur ces questions et les enseigne depuis trente ans, il consiste à proposer une histoire de la critique littéraire vue du point de vue du médiévisme : on n'y trouvera donc pas toutes les écoles critiques, mais la plupart ont quand même pu y trouver place, soit que les médiévistes - au sens large du terme - les aient inventées ou infléchies de manière décisive, soit que la littérature ou l'art du Moyen Âge aient offert à des méthodes qui a priori ne les sollicitaient pas des exemples susceptibles d'en éclairer et d'en consolider les principes.
Charles-Albert Cingria a la réputation d'un auteur génial mais trop dispersé pour être lisible. Ami de Ramuz, collaborateur de la NRF, maître à penser de nombreux écrivains contemporains, il a pourtant développé, au-delà de l'apparence éclatée de sa production, une poétique d'une très forte cohérence, mélange résolument «antimoderne» (donc «moderne en liberté» comme dit Antoine Compagnon) de passion pour les troubadours, d'amour de la musique et de goût immodéré «tout simplement pour ce qui existe». On retrace ici son parcours, de son enfance dorée à sa vie vagabonde de semi-clochard parisien, en insistant sur le destin d'une oeuvre qui, quel que soit l'angle sous lequel on la prend, est une source constante d'émerveillement.
Frank Martin est un compositeur suisse, fondateur de la Société de musique de chambre de Genève, qu'il a dirigé en tant que pianiste et claveciniste pendant 10 ans.
Si le XVIIIe siècle et la fin du XIXe siècle ont été relativement bien défrichés par les spécialistes de la «?réception médiévale?», l'un en tant qu'âge d'or des «?antiquaires?», l'autre parce qu'il voit l'institutionnalisation définitive des études de littérature du Moyen Âge en France, il n'en va pas de même de la période intermédiaire, qui s'étend de la Révolution au Second Empire. Or cette période scrute elle aussi «?son?» Moyen Âge, un Moyen Âge qui ne se confond pas complètement avec celui des écrivains romantiques, déjà bien étudié, ni avec la vogue troubadour qui l'accompagne. Il importait de mettre en lumière cette zone grise de l'histoire de l'érudition pour compléter le panorama de la redécouverte du Moyen Âge par la Modernité. Des portraits de médiévistes volontiers atypiques côtoient des analyses portant sur des corpus et des médias emblématiques du tournant du XIXe siècle, pour nous restituer le foisonnement d'une période qui s'impose comme le creuset du médiévisme moderne.
Pourquoi les maillots de l'équipe de football des Pays-Bas sont-ils orange? Pourquoi un fleuve d'Afrique du Sud s'appelle-t-il l'Orange? Pourquoi les extrémistes protestants d'Ulster sont-ils dits Orangistes? Toutes ces questions peuvent recevoir une réponse commune, qui se résume dans un nom: celui de Guillaume d'Orange.
Il est vrai que le personnage a de qui tenir: son prototype historique, Guillaume de Toulouse, fut l'un des plus valeureux lieutenants de Charlemagne. Retiré du monde, il deviendra même saint Guillaume et donnera son nom au monastère de Gellone (Saint-Guilhem-le-Désert), qu'il avait fondé.
La légende l'a rattaché à la ville d'Orange, près de laquelle il aurait livré la mythique bataille des Aliscamps, en compagnie de son neveu Vivien, qui, comme Roland, meurt tragiquement au combat, et de son beau-frère le bon géant Rainouart.
Colérique et généreux, brave entre les braves et roi du déguisement, moine et soldat, amoureux passionné de la belle Guibourc et pourfendeur inlassable de Sarrasins. Guillaume, le « marquis au court nez », que l'on reconnaît à son fameux coup de poing et à son rire tonitruant, reste l'un des héros les plus complexes et les plus attachants du Moyen Âge.
Ce livre est le premier ouvrage entièrement consacré aux rapports de la Suisse romande médiévale et de la littérature. Écrit sous une forme attrayante et destiné au grand public, il espère intéresser aussi les spécialistes de la chose littéraire. Son auteur, qui enseigne depuis plus de vingt ans la littérature française médiévale aux Universités de Lausanne et de Neuchâtel, ne s'est en effet pas contenté de réunir des faits rebattus, mais a tenté de mettre en perspective une matière protéiforme, qui frappera le lecteur par sa richesse et sa variété, et même d'apporter au débat quelques éléments nouveaux.
Les textes littéraires écrits en Suisse romande au Moyen Âge ne sont pas légion. En leur adjoignant tous ceux qui font des allusions à nos régions et en évoquant les personnages et les légendes qui ont pu inspirer des auteurs plus récents, on obtient cependant un beau florilège qui permet, par petites étapes buissonnières, de reconstituer et d'éclairer de larges pans de la littérature du Moyen Âge. Même si le concept de « Suisse romande » est anachronique avant la fin du XVe siècle, il se dégage bel et bien de cette enquête le sentiment que, de la Reine Berthe aux Réformateurs, du Chat de Lausanne à Oton de Grandson, de Chalamala à Antitus, il se joue entre Jura, Sarine et Alpes, durant l'époque médiévale, quelque chose de fondateur de notre identité romande.
Les pièces de Molière ont-elles été écrites par Corneille ? Celles de Shakespeare par Florio ? Les poèmes d'Homère par une femme ?
Cet ouvrage explore ces opinions littéraires hétérodoxes qui, au-delà de la simple mystification, dérivent vers le complotisme.
Il ne s'agira pas dans ce livre de traiter des ouvrages littéraires mettant en scène des complots, et pas davantage de faire des complots de toutes les mystifications littéraires. De fait, des complots littéraires ont bel et bien existé dans les Lettres : de fausses chartes ont été écrites au Moyen Âge et des auteurs de l'époque romantique ont falsifié ou inventé des sources pour satisfaire le désir de racines de leurs contemporains. Mais ceux qui traquent ces complots peuvent aussi être dépassés par leur volonté de découvrir « ce qu'on nous cache » ; et les motivations des personnes qui ont voulu à toute force nous persuader que Shakespeare, Molière, Homère n'étaient pas ce que l'on croyait doivent être questionnées.
Cet ouvrage réunit les articles écrits par l'auteur depuis vingt ans pour lier la question de la réception moderne de la littérature médiévale à l'histoire des études médiévales. Il montre que le problème du «retour du Moyen Âge» intéresse d'abord la compréhension que nous pouvons avoir de notre modernité.
Entre historiographie érudite et roman populaire, réalisme et légende, merveilleux et heroic fantasy, la BD médiévalisante a inventé une manière à elle d'emprunter aux genres les plus variés, de réécrire le passé ou de détourner les documents pour le plus grand bonheur de ses lecteurs. Les contributions réunies dans cet ouvrage offrent des études thématiques et transversales, ainsi que des discussions sur des oeuvres et des séries qui ont fait date dans l'histoire de la BD. Au résultat, une étude pointue et actuelle sur la réception du moyen-âge dans la culture contemporaine.
Intelligence et charme esthétique, rigueur universitaire et sujet qui parle de lui-même : au format poche et avec une riche iconographie, de quoi réfléchir tout en rêvant.
Florides helvètes recueille les principaux textes que Cingria a consacrés à la Suisse.
Un pays qui l'a vu naître, mais qu'il aime à refaçonner en le dépaysant. Le cosmopolitisme affiché de l'écrivain (il se dit « Constantinopolitain c'est-à-dire Italo-franc-levantin »), l'acuité de sa perception, l'ivresse des impressions qu'il nous fait éprouver devant « simplement ce qui existe », sa drôlerie désarçonnante et son style sidérant, tout chez lui concourt à renouveler notre vision des choses et à nous transporter dans un monde nouveau.
A la fois médiéval et ultramoderne, Cingria est l'homme libre par excellence. Il ne nous fait pas seulement visiter la Suisse ; il nous entraîne dans un voyage à travers le temps et nous fait partager l'expérience d'un homme qui réinvente le monde en poète.
Ce volume réunit 13 contributions que ses collègues, élèves et amis ont souhaité offrir à François Zuffrey à l'occasion de son départ à la retraite. Elles portent sur les thèmes qui ont intéressé le récipiendaire tout au long de sa carrière de professeur de philologie gallo-romane à l'Université de Lausanne, et en particulier la langue et la littérature d'oc.
Spécialiste aussi bien du domaine d'oc que du domaine d'oïl et du franco-provençal, ce qui fait de lui un gallo-romaniste complet, François Zufferey a voué sa carrière au patient apprivoisement des textes - qui en retour lui ont dévoilé bien des secrets -, se soumettant à toutes les exigences de la philologie, et accordant son attention à chaque variante, chaque détail susceptible d'engager l'interprétation de l'oeuvre ou d'en éclairer l'attribution. Ses travaux ont ainsi durablement marqué la philologie française et provençale.
Les articles isolés de Joseph Bédier n'avaient jamais été publiés en volume. Ce recueil nous dévoile des aspects souvent méconnus de l'auteur du Roman de Tristan et Iseut: son intérêt pour la lyrique médiévale, pour la littérature classique, mais aussi pour l'humanisme et son histoire nous fait mieux comprendre pourquoi il a été l'un des intellectuels majeurs de la France de la IIIe République.